Tesselles de mosaïque

Aujourd’hui, jour anniversaire de mes 82 ans, je veux jeter un regard rétrospectif sur la mosaïque de ma vie et sur les carreaux qui m’ont particulièrement impressionné.
Le recueil suivant va évoquer les évènements, connaissances et expériences qui sont conservés dans ma mémoire.
Ce n’est pas un curriculum vitae. Ayant passé ma vie dans un grand nombre de villes et villages, j’ai donc choisi quelques-uns des lieux qui sont associés à des épisodes marquants, des souvenirs inoubliables.

1937 La Haye aux Pays Bas
Mes premiers souvenirs datent approximativement de ma quatrième année. J’ai vécu à La Haye une enfance particulièrement heureuse. Ma mère était une femme d’affaires née. Elle dirigeait un commerce de chapeaux pour dames. De ces temps-là, une femme qui gérait sa propre entreprise était l’exception. Elle employait cinq couturières qui créaient les coiffures dans son atelier. Une gouvernante s’occupait du ménage au quotidien. Deux tantes célibataires habitaient également dans la même maison. J’ai grandi dans ce ménage de bonnes femmes. Je trouvais toujours une de ces dames qui, de bonne humeur, voulait bien s’occuper de moi. Toutes m’aimaient bien. J’étais comme un coq en pâte.

1943 St. Andreasberg aux montagnes Harz en Allemagne
Pendant notre fuite depuis les Pays Bas vers la Suisse nous avons atterri chez la sœur de mon père, la tante Emma à St. Andreasberg. Un séjour forcé par l’obligation de mon père de se procurer le visa de l’autorisation de sortie d’Allemagne auprès du consulat suisse à Berlin. C’était en septembre 1943. Les alliés bombardaient la capitale quotidiennement. Le consulat suisse n’était plus qu’un trésor mobile. Papa revint bredouille. Mais il avait quand-même pris des places pour nous tous dans un wagon lit de Kassel à Bregenz.
Le 3 octobre 1943 nous nous rendions ponctuellement à la gare de Kassel. Alerte aérienne. Tous les trains quittèrent immédiatement la gare, en-dehors de tout horaire. Nous vîmes juste partir les feux arrière de notre wagon lit. Une nuit passée dans l’abri antiaérien. Bombardement permanent. Lorsque nous sortions de l’abri le lendemain matin, la gare fut complètement détruite. Réduit en cendres dans une nuit. Mais nous étions toujours en vie. Nous continuâmes notre voyage vers Bregenz. A St. Margareten nous passions illégalement la frontière suisse. L’accueil au buffet de la gare de St.Margareten fut bouleversant. Quelques appels téléphonés avec Berne et tout fut réglé. La Suisse aidait ses suisses de l’étranger efficacement et sans complications. Au Niederdorf, à Zürich, nous passions la première nuit en Suisse, à l’hôtel Hirschen. La première nuit dans la patrie. Le lendemain le train rapide, la “flèche rouge” nous amena à Loèche via Berne et Brigue. Nous étions enfin arrivés à notre commune bourgeoise, le but de notre fuite précipitée.

1944 Loèche-ville
A cette époque je connaissais deux langues, le hollandais et le français. Deux mois plus tard il s’y ajoutaient le dialecte allemand valaisan et l’allemand standard. Deux semaines après notre arrivée, mon frère et moi allions à l’école. L’école primaire se composait de trois classes, logées dans une salle commune. J’étais affecté à la quatrième classe. Cet enseignement en classes multiples était un travail exigeant pour le maître d’école. Pour moi, par contre, un pur plaisir. J’appris l’allemand dans la troisième classe. En calcul je fus un des meilleurs de la cinquième classe. Ce genre d’enseignement fut une nouveauté pour moi. Une vraie découverte de grande efficacité. Après six mois j’étais admis dans le groupe. Je pouvais communiquer avec tout le monde. J’étais désormais un vrai valaisan, un vrai ressortissant de Loèche.Au printemps 1945 les allemands ont capitulé. La guerre était finie. Papa prit un hôtel en bail à Fribourg.

1946 Fribourg en Üchtland
Fribourg est considérée comme ville bilingue, pratiquant l’allemand et le français. Ce dernier langage est nettement prépondérant. Il y avait tout de même une école publique à langue allemande. J’y entrais en cinquième classe chez maître Kümin. Un magister de vieille souche. Toujours bien habillé, portant chapeau, manteau, complet foncé et cravate. Un monsieur pro-allemand. En salle de classe on ne parlait que l’allemand. Pas de dialecte et surtout pas de français. Son instrument d’enseignement principal fut la canne de bambou. Dont il faisait un usage régulier.

Dans la cour de récréation on ne parlait que français. La partie allemande de l’école ne représentait qu’une minorité. Elle n’occupait que deux salles de classe. Les cours de dessin et de gymnastique furent donnés par d’autres enseignants. En français, bien entendu. Ce ne fut un problème pour personne. Ni pour l’enseignant, ni pour nous-autres élèves et certainement pas pour nos parents. La pratique de plusieurs langues était courante et Suisse. Chacun comprenait tout le monde.
Une ambiance détendue régnait en matière de langues et communication.
C’est avec plaisir que je me souviens de la corporation d’étudiants du Tessin. La Lepontia avait un béret particulièrement attrayant. A une heure et demi du matin ils montaient, venant de leur table ronde, la rue de Lausanne à la queue leu leu en chantant à gorge déployée. Au beau milieu de la nuit. Personne ne se formalisait de ce tapage nocturne. Ce sont nos étudiants. Fribourg, la ville des étudiants.

1949 Lucerne
A nouveau une belle époque. Je suis au lycée. Je découvris le charme du sexe opposé et fus aussi Scharführer, commandant dans le mouvement de jeunesse Jungwacht, groupe Sta. Maria. Ce fut mon occupation principale. D’organiser des samedi après-midi dans les bois avec les jeunes garçons me procura beaucoup de plaisir. La rédaction du journal du groupe m’a obligé d’apprendre à me servir d’une machine à écrire.
Mais l’évènement de l’année fut le camp d’été. Une demi-douzaine de jeunes de dix-huit ans gérait pendant trois semaines la colonie de 50 garçons âgés de 10 à 15 ans. Toute la responsabilité du bien-être dans le camp reposait sur leurs épaules. Nous avons passé un temps merveilleux quelque part dans les montagnes. Le seul adulte était un vicaire de la paroisse.
Arrivés à la fin du séjour il fallait se dire adieu. Nous emportions un peu de nostalgie et beaucoup de bons souvenirs dont les participants parlent avec enthousiasme encore aujourd’hui.
J’ai beaucoup profité de cette période de passage à l’âge adulte à Lucerne. C’est à cette époque qu’est née l’amitié entre quatre hommes. Elle existe encore aujourd’hui, 60 ans plus tard: une amitié authentique.

1953 Bâle
Pour la première fois dans ma vie je gagne mon propre argent comme laborantin aux laboratoires de la société Hoffmann-La Roche AG. Plongé dans un monde nouveau. Le monde des ouvriers, contremaitres, maîtres, des chimistes et directeurs.
Au prix d’un franc, un syndicaliste m’a vendu un ruban, emblème de la “Fête du travail”. Muté d’étudiant en ouvrier, je passais beaucoup de temps  dans les bistros du Kleinbasel après le travail. J’ai profité pleinement de la liberté dans cet environnement tout nouveau. Une liberté nouvelle, mon propre argent, mon propre métier, une autonomie absolue dans l’organisation de mes loisirs. Dans l’immédiat, je profitais de cette vie. Mais à long terme ça ne pouvait durer. J’avais appris chez Roche: si tu veux réussir ici, il faut porter une blouse blanche et se faire appeler “docteur”.

1955 Emmen
J’ai décidé de devenir chimiste. Pour gagner l’argent nécessaire je faisais du service militaire. Roche fut un employeur généreux. Tous les cadres supérieurs avaient le grade d’officier, pratiquement sans exception. Presque une condition incontournable pour faire carrière dans la société. Pendant toute la durée de mon service militaire je restais employé et recevais la moitié de mon salaire normal. Soit: école de recrues – école de sous-officiers – caporal – paiement de galons. En septembre 1955 je fus de retour au laboratoire chez Dr. Paul Müller. En octobre j’ai démissionné. Le chef du personnel me remit un montant de 4482 francs. Ce fut la base financière de mes études universitaires.

1956 Zurich
Inscrit à la division IV de la ETHZ je m’attaquais aux études d’ingénieur chimiste. En alternance j’absolvais du service militaire. Le grade de lieutenant atteint, j’avais passé en même temps et avec succès les examens intermédiaires des premier et deuxième cycle des études.

Les études avançaient bien. Si on était empêché d’assister à un cours, un camarade copiait le texte en glissant du papier carbone dans son classeur. Ecrivant avec un bon stylo à bille, il produisait une copie tout à fait lisible. Il n’était pas question de photocopier. En 1957, ce fut un procédé photographique qui dura environ 20 minutes par page A4.
Je dépendais donc étroitement des camarades copiants. Pendant le cinquième et sixième semestre je ne pratiquais les études qu’accessoirement. Mon activité principale était celle de rédacteur du journal des étudiants “Zürcher- St.Gallerstudent”.
Très important; en plus je fus le président du bal annuel du Poly. De ce temps, ce fut l’évènement social le plus important de la ville qui réunit environ 6000 participants. Il est évident qu’une telle organisation ne me laissait que peu de temps pour les études: 10 groupes de musique, 8 restaurants, la décoration du bâtiment à la Rämistrasse, la recherche de sponsors, les conférences de presse et les contacts avec la police du feu. Pourtant mes études n’en ont pas souffert. J’ai obtenu le diplôme d’ingénieur en 8 semestres et le doctorat en autant de temps.

1966 de retour à Bâle
Je fus à nouveau employé chez Roche à Bâle où on m’appelait désormais “docteur”. Une belle famille s’était également constituée. Doris Schultheiss était ma femme depuis sept ans. Deux filles, Christine et Susanna, allaient à la maternelle et une troisième demoiselle était en route. A cette époque nous menions une vie authentiquement bourgeoise. J’avais le temps de m’occuper de ma famille et je profitais de cette vie normale. Avec Doris au théâtre. Avec les enfants au zoo. Un atelier de bricolage à la cave.
Tout fut en ordre, réglé, sans problèmes, bourgeois et tellement ennuyeux. Ensemble avec Doris nous décidions de démissionner du merveilleux emploi chez Roche et de chercher quelque chose de plus excitant.

1969 Glattbrugg
Me voilà directeur de la société Polymetron. Avec des responsabilités toutes nouvelles. Achats, stockage, fabrication, assurance qualité, vente et marketing. Polymetron fabriquait des appareils de mesure électrochimiques. J’avais toujours un pied dans la chimie mais l’autre dans la gestion d’entreprise, un domaine qui m’était complètement inconnu.
Une nouvelle époque de ma vie avait commencé.
Tout ce que j’avais appris à l’université ne m’était que peu d’utilité. Je n’avais aucune idée de budgets, comptes de gestion, planifications de marketing. Dans le quotidien des affaires on apprend vite. Pour la première fois de ma vie mes vrais talents s’épanouirent: organisation et maîtrise des ressources humaines.

1971 Gossau ZH
Une maison à nous. Doris l’avait déniché. Je m’occupais du financement. Notre apport se montait à 12’000 francs. La maison coutait 360’000. Sans le soutien de Walter Hess, président de la maison-mère Zellweger, nous n’aurions jamais pu accéder à un domicile propre à nous.
La vie de famille a changé. Entretemps nous avions quatre filles. Doris avait pris un poste de maîtresse à l’école primaire de Gossau. Moi-même j’étais devenu un homme d’affaires, sans cesse en déplacement. Nous avions besoin d’une aide-ménagère, d’une gouvernante. Nous l’avons trouvé en la personne de madame Kälin. Elle allait gérer notre ménage pendant plus de trente ans.

1978 Bad Ragaz
Chez Polymetron j’avais effectué mon apprentissage d’économiste. Ce qui me manquait encore, c’était le contact direct avec les banques et les syndicats. Je me suis mis à la recherche d’un poste de président de la direction d’une société et je l’ai trouvé auprès de l’entreprise Elesta à Ragaz. Désormais il n’était plus question de chimie. L’activité se limitait à la fabrication de commutateurs – arrêt/marche. Tout comme chez Polymetron, le bilan d’Elesta fut profondément dans les chiffres rouges. J’ai ramené les deux sociétés dans des eaux plus calmes. Elles réalisaient à nouveau des bénéfices. J’avais désormais la réputation de savoir assainir des entreprises en difficulté. Ayant attiré l’attention des chasseurs de tête de Zürich, Egon Zehnder, le numéro un dans ce secteur, m’a proposé un poste chez Sprecher + Schuh. Que j’ai accepté.

1982 Aarau
Encore une entreprise qui devait être restructurée. La même routine que celle appliquée chez Polymetron et Elesta.
Arrivé à ce point, il me semble opportun d’évoquer quelques réflexions générales concernant le rapport entre la formation et l’activité professionnelle. La vie m’a appris qu’au fond le choix de la matière des études ou de l’apprentissage n’est pas aussi important qu’on le croit. Ce qui importe, c’est qu’on s’y attelle résolument et les termine avec succès. Apporter la preuve de sa capacité de s’attaquer à un projet, le mener jusqu’à sa fin et réussir son achèvement. Ainsi j’ai pratiqué différents métiers dans ma vie. Laborantin – ingénieur en chimie -chimiste diplômé – gestionnaire – président de direction – économiste – président d’entreprises cotées en bourse.
Le principe est toujours le même: “La bonne gestion d’une entreprise est conditionnée par la maîtrise des ressources humaines”. Il est alors sans importance dans quelle branche, quel secteur activité,  la société gagne son argent. Trois semaines d’étude intensive du marché et de la concurrence suffisent pour diriger une entreprise nouvelle avec succès.

2015 de retour à Gossau ZH
Aujourd’hui, jour anniversaire de mes 82 ans, je suis un homme satisfait, heureux même. J’ai derrière moi une vie remplie, captivante et animée. Je me réjouis d’être encore capable d’acquérir de nouvelles expériences. Elles s’ajoutent à la chaîne des connaissances et évènements de ma vie et m’enseignent ceci: à l’avenir toute activité prend plus de temps. La capacité de concentration diminue. De même que la tonicité physique. Des petites particularités de santé se manifestent.
Cet anniversaire est un jalon de plus dans ma vie. Ce jour représente le début d’une nouvelle phase de vie. Je l’aborderai avec plus de calme et de prudence. Mais pas avec moins de curiosité et d’enthousiasme.

C’est parti pour de nouveaux horizons.

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Mosaiksteinchen

 

 

Heute an meinem 82.Geburtstag möchte ich zurückschauen auf meinem Lebensbild und jene Mosaiksteinchen noch einmal betrachten, die mir besonders beeindruckt haben.
Es soll eine Collage von Erlebnissen, Erkenntnissen und Ereignissen werden, die mir persönlich besonders im Gedächtnis geblieben sind.
Es hat nichts mit biografischen Notizen zu tun. Mein Leben habe ich in vielen Städten und Dörfer verbracht. Ich habe einige davon ausgewählt. Orte in denen für mich eine bleibende Episode, ein bleibendes Erinnerungsstück haften geblieben ist.

 

1937 Den Haag

Meine ersten Erinnerungen gehen zurück bis ungefähr zu meinem vierten Geburtstag. Ich erlebte in Den Haag eine aussergewöhnlich schöne Jungendzeit. Meine Mutter war eine geborene Geschäftsfrau. Sie betrieb ein Geschäft für Damenhüte. Eine Frau, die damals eine eigene Firma betrieb, war die Ausnahme. Sie hatte fünf Näherinnen angestellt, die im Atelier Kreationen als Kopfputz für Frauen schufen. Eine Haushälterin besorgte den Alltag. Im gleichen Haus wohnten noch zwei ledige Tanten. In dieser Weiberwirtschaft wusch ich auf. Immer fand ich eine der Damen, die besonders guter Laune war und sich mit mir abgab. Alle hatten mich gerne. Ich war der Hahn im Korb.

 

1943 St. Andreasberg im Harzgebirge in Deutschland

Auf unsere Flucht von Holland in die Schweiz landeten wir bei der Schwester meines Vaters, bei Tante Emma in St. Andreasberg. Wir mussten dort Quartier beziehen, weil mein Vater in Berlin, beim Schweizerkonsulat, das Visum für die Ausreisebewilligung aus Deutschland erwirken musste. Das war im September 1943. Die Alliierten bombardierten täglich die Hauptstadt. Das Schweizerkonsulat bestand nur noch aus einem fahrbaren Tresor. Unverrichteter Dinge kam Papa zurück. Allerdings hatte er für uns allen einen Schlafwagen von Kassel nach Bregenz gebucht.

Am 3. Oktober 1943 standen wir pünktlich im Hauptbahnhof Kassel. Luftalarm. Alle Züge verliessen sofort, ausserhalb des Fahrplans, den Bahnhof. Wir sahen gerade noch die Schlusslichter unseres Schlafwagens. Die Nacht verbrachten wir im Luftschutzkeller. Dauerbombardement. Als wir am nächsten Morgen aus dem Keller kamen, war der Bahnhof völlig zerstört. In einer Nacht in Schutt und Asche gelegt. Wir aber lebten noch. Weiter ging es nach Bregenz. In St. Margreten sind wir schwarz über die Grenze in die Schweiz geflohen. Der Empfang im Bahnhofbuffet St. Margreten war überwältigend. Ein paar Telefongespräche mit Bern. Alles war geregelt. Die Schweiz half ihren Auslandschweizern unkompliziert und effizient. Im Niederdorf, in Zürich, schliefen wir die erste Nacht im Hotel Hirschen. Die erste Nacht in der Heimat. Tags darauf brachte uns der Rote Pfeil über Bern, Brig nach Leuk. Endlich waren wir in unsere Burgergemeinde angekommen, das Ziel unserer fluchtartigen Reise.

 

1944 Leuk-Stadt

Damals beherrschte ich zwei Sprachen, Holländisch und Französisch. Zwei Monate später Wallissertiitsch und ordentlich Hochdeutsch. Zwei Wochen nach der Ankunft gingen wir, mein Bruder und ich, zur Schule. Die Unterschule bestand aus drei Klassen in einem Schulzimmer. Ich wurde der vierten Klasse zugeteilt. Der Mehrklassenunterricht war für den Lehrer ein harter Job. Für mich das reinste Vergnügen. Deutsch lernte ich mit der dritten Klasse. Im Rechnen war ich besser als die meisten der fünften Klasse. Diese Unterrichtsform in Leuk war für mich neu. Ein echtes Erlebnis und sehr effizient. Nach einem halben Jahr gehörte ich dazu. Ich konnte mich mit jedermann verständigen. Jetzt war ich ein echter Walliser, ein echter Leuker.

Im Frühjahr 1945 kapitulierten die Deutschen. Der Krieg war vorbei. Papa pachtete ein Hotel in Fribourg.

 

1946 Fribourg im Üechtland

Fribourg gilt als zweisprachige Stadt, Deutsch und Französisch. Letztere Sprache hat das absolute Übergewicht. Immerhin gab es eine deutschsprachige Volksschule. Dort besuchte ich die fünfte Klasse bei Herrn Lehrer Kümin. Ein Magister von altem Schrott und Korn. Immer korrekt gekleidet mit Hut, Mantel, dunkler Anzug und Krawatte. Er war ein deutschfreundlicher Herr. Im Schulzimmer wurde nur Hochsprache gesprochen. Kein Dialekt und schon gar kein Französisch. Sein wichtigstes Erziehungsinstrument war der Bambusstock. Davon machte er redlich Gebrauch.
Auf dem Pausenplatz wurde nur Französisch gesprochen. Die deutschsprachige Schule war eine Minderheit im Schulhaus. Sie belegte gerade zwei Schulzimmer. Der Turn- und der Zeichenunterricht wurde von anderen Lehrern erteilt. In französischer Sprache versteht sich. Das war für niemanden ein Problem. Nicht für die Lehrer, nicht für uns Schülern und schon gar nicht für unsere Eltern. In der Schweiz waren mehrere Sprachen im Umlauf. Jeder sprach in seiner Muttersprache. Jeder verstand den andern.
Es herrschte ein lockerer Umgang mit der Kommunikation und den Sprachen.

Gerne erinnere ich mich an die Studentenverbindung aus dem Tessin. Die Lepontia hatte besonders schöne Mützen. Nachts um halb zwei marschierten sie in Einerkolonne, vom Stamm kommend, lauthals Studentenlieder singend, die Rue de Lausanne hinan. Mitten in der Nacht. Kein Mensch störte sich am Nachtlärm. Das sind unsere Studenten. Fribourg die Studentenstadt.

 

1949 Luzern

Wieder eine schöne Zeit. Ich besuche das Gymnasium. Ich entdeckte das andere Geschlecht und ich war Scharführer der Jungwachtschar Sta. Maria. Das war meine Hauptbeschäftigung. Am Samstagnachmittag Anlässe mit jungen Knaben im Wald organisieren machte viel Freude. Die Redaktion der Scharzeitung „Grüenspächt“ brachte mir das Schreibmaschinenschreiben bei.

Das Ereignis des Jahres aber, war das Sommerlager. Ein halbes Dutzend Achtzehnjährigen leiteten während drei Wochen ein Jugendlager mit 50 Knaben im Alter von 10 bis 15 Jahren. Die volle Verantwortung für das Wohlergehen des Lagers lastete auf den Schultern dieser Burschen. Irgendwo in den Bergen verbrachten wir eine wunderbare Zeit. Einziger Erwachsener war ein Vikar der Pfarrei.
Am letzten Lagertag galt es Abschied nehmen. Ein wenig Wehmut und viele schöne Erinnerungen, von denen die Ehemaligen heute noch schwärmen, nahmen wir mit nach Hause.
Das Erwachsenwerden in Luzern habe ich sehr genossen. Aus dieser Zeit entstand eine Freundschaft von vier Männern. Heute, 60 Jahre später, besteht sie immer noch: echte Freundschaft.

 

1953 Basel

Zum ersten Mal in meinem Leben verdiene ich mein eigenes Geld als Laborant in den Laboratorien der Firma F. Hoffmann – La Roche AG. Eingetaucht in eine neue Welt. Die Welt der Arbeiter, Vorarbeiter, Meister, der Chemiker und Direktoren.
Für einen Franken verkaufte mir ein Gewerkschaftler ein Bändeli zum „Tag der Arbeit“. Vom Studenten zu Arbeiter mutiert, verbrachte ich nach Feierabend viel Zeit in den Wirtschaften Kleinbasels. Diese Freiheit genoss ich, in diesem völlig neuen Biotop, in vollen Zügen. Die neue Freiheit, eigenes Geld, eigener Beruf, absolute Entscheidungsfreiheit bei der Freizeitgestaltung. Für den Moment genoss ich dieses Leben. Für immer war das nichts. Bei Roche hatte ich gelernt: Wenn Du hier etwas werden willst, musst Du eine weissen Labormantel tragen und mit „Herr Doktor“ angesprochen werden.

 

1955 Emmen

Ich beschloss, Chemiker zu werden. Das Geld dazu verdiente ich, indem ich Militärdienst leistete. Roche war eine großzügige Firma. Alle höhere Chefs waren ausnahmslos Offiziere. Fast eine Voraussetzung, um in der Firma Karriere zu machen. Während meines ganzen Militärdienstes blieb ich angestellt und verdiente die Hälfte meines normalen Lohnes. Also los: Rekrutenschule – Unteroffiziersschule – Korporal – Korporalabverdienen.
Im September 1955 war ich wieder im Labor bei Dr. Paul Müller. Im Oktober kündigte ich meine Stelle. Der Personalchef überreichte mir 4482 Franken. Das war der Grundstein für das Studium.

 

1956 Zürich

Eingeschrieben in der Abteilung IV der ETHZ nahm ich das Studium zum Chemieingenieur in Angriff. Zwischendurch leistete ich Militärdienst. Als ich Leutnant war, hatte ich auch das erste und zweite Vordiplom erfolgreich bestanden.
Das Studium lief gut. War man einmal nicht in der Vorlesung, so kopierte ein Kommilitone den Text, indem er ein Kohlepapier in sein Kollegheft legte. Mit einem guten Kugelschreiber wurde so ein guter Durchschlag erzeugt. Fotokopieren kam nicht infrage. Das war damals, 1957, ein fotografischer Prozess, welcher pro A4 Seite circa 20 Minuten in Anspruch nahm.
Ich war sehr auf die durchschreibende Kommilitonen angewiesen. Im fünften und sechsten Semester betrieb ich das Studium nur noch im Nebenamt. Im Hauptamt war ich Redaktor der Studentenzeitung „Zürcher- St. Gallerstudent“.
Ganz wichtig; darüber hinaus war ich Präsident des Polyballs. Der Polyball war damals der wichtigste gesellschaftliche Anlass in der Stadt. Rund 6000 Gäste wurden erwartet. Für jedermann war klar, dass das organisieren von 10 Musikbands, 8 Restaurants, das Dekorieren des gesamten Hauptgebäudes an der Rämistrasse, die Suche nach Sponsoren, das Abhalten von Pressekonferenzen und der Verkehr mit der Feuerpolizei, wenig Zeit fürs Studium übrig liess. Zeitlich hat mein Studium nicht gelitten. Für den Ingenieur brauchte ich 8 Semester, für das Doktorat gleichviel.

 

1966 wieder in Basel

Wieder arbeitete ich bei Roche in Basel und wurde dort mit „Herr Doktor“ angeredet. Eine stattliche Familie war auch schon beisammen. Doris Schultheiß war seit sieben Jahren meine Frau. Zwei Töchter, Christine und Susanna besuchten schon den Kindergarten und eine dritte Dame war unterwegs. Zu dieser Zeit pflegten wir eine echt bürgerliche Ehe. Ich hatte Zeit für Frau und Kind und genoss das gewöhnliche Leben. Mit Doris ins Theater. Mit den Kindern in den Zoo. Einen Bastelraum im Keller.
Alles so ordentlich, so geregelt, so problemlos, so bürgerlich, so langweilig. Doris und ich beschlossen die wunderbare Lebensstelle bei Roche zu kündigen und etwas Spannenderes zu suchen.

 

1969 Glattbrugg

Hier war ich der verantwortliche Leiter der Firma Polymetron. Ganz neue Aufgaben mussten erledigt werden. Einkauf, Lager, Fabrikation, Qualitätssicherung Verkauf und Marketing. Polymetron stellte elektrochemische Messgeräte her. Mit einem Fuß stand ich immer noch in der Chemie, mit dem andern, in das von mir noch völlig unbekannte Gebiet der Betriebswirtschaft.
Eine neue Epoche in meinem Leben hatte begonnen.
Von dem Vielen, was ich am Poly gelernt hatte, konnte ich recht wenig gebrauchen. Ich hatte keine Ahnung von Budgets, Betriebsrechnungen, einem Marketingplan. Im Geschäftsalltag lernt man schnell. Zum ersten Mal in meinem Leben kamen meine wirklichen Talente zum Tragen: Organisation und Menschenführung.

 

1971 Gossau im Zürcher Oberland

Ein eigenes Haus. Doris hatte es ausfindig gemacht. Ich besorgte die Finanzierung. Unser Eigenkapital betrug 12’000 Franken. Das Haus kostete 360’000. Ohne die Unterstützung von Walter Hess, dem Direktionspräsidenten der Muttergesellschaft Zellweger, wären wir nie zu einem Eigenheim gekommen.
Das Familienleben veränderte sich. Inzwischen hatten wir vier Töchter. Doris wurde Lehrerin an der Primarschule Gossau. Ich wurde den Geschäftsmann, der stets auf Achse war. Wir brauchten eine Haushalthilfe, eine Haushälterin. Wir fanden sie in Frau Kälin. Sie sollte während über dreißig Jahre unseren Haushalt schmeissen.

 

1978 Bad Ragaz

Bei Polymetron hatte ich meine Lehre als Betriebswirt absolviert. Was mir noch fehlte, war der direkte Verkehr mit den Banken und mit den Gewerkschaften. Ich suchte einen Job als Direktionspräsidenten einer Firma und fand sie bei Elesta in Ragaz. Jetzt war gar nichts mehr von der Chemie gefragt. Nur noch Schalterbau – ein/aus. Genau so wie Polymetron, schrieb auch die Elesta blutrote Zahlen in der Bilanz. Beide Firmen hatte ich wieder in ruhigeren Gewässern geführt. Es wurde wieder Gewinn erwirtschaftet. Mir haftete der Ruf an, angeschlagene Firmen zu sanieren. Die Headhunter in Zürich wurden auf mich aufmerksam. Egon Zehnder, die Nummer eins auf diesem Gebiet, hatte ein Mandat von Sprecher + Schuh in der Schublade. Man kam auf mich zu. Ich sagte zu.

 

1982 Aarau

Auch diese Firma musste umstrukturiert werden. Dieselbe Routine wie bei Elesta und Polymetron.
An dieser Stelle ist es angebracht, Gedanken zur Ausbildung und Erwerbstätigkeit zu verlieren. In meinem Leben lernte ich, dass es im Grunde gar nicht so wichtig ist, was man lernt oder studiert. Wichtig ist, dass man eine Lehre, ein Studium anpackt und es erfolgreich abschliesst. Den Beweis erbringt, ein Projekt anzupacken und es bis zum Schluss durchzustehen und erfolgreich abschließen zu können. So hatte ich auch verschiedene Berufe in meinem Leben. Laborant – Chemieingenieur – promovierter Chemiker – Betriebswirt – Direktionspräsident – Volkswirt – Präsident von börsenkotierten Unternehmen.
Es kommt immer auf dasselbe hinaus: „Unternehmensführung ist Menschenführung.“ Dabei spielt es keine Rolle in welcher Branche, in welchem Wirtschaftszweig, das Unternehmen sein Geld verdient. Drei Wochen intensiven Studiums des Marktes und der Konkurrenz genügen, um ein neues Geschäft erfolgreich zu führen.

 

2015 wieder Gossau ZH

Heute an meinem 82. Geburtstag bin ich ein zufriedener, ja glücklicher Mensch. Ich kann auf ein reichhaltiges, bewegtes und spannendes Leben zurückblicken. Es freut mich, dass ich immer noch neue Erfahrungen machen kann. Sie reihen sich an die Kette der Erkenntnisse und Erlebnisse meines Lebens und lernen mir Folgendes: In Zukunft brauche ich für alles mehr Zeit. Die Konzentrationsfähigkeit nimmt ab. Ebenso die physikalische Spannkraft. Kleine gesundheitliche Eigentümlichkeiten stellen sich ein.
Dieser Geburtstag ist ein weiterer Meilenstein auf meinem Lebensweg. Heute ist der der Anfang eines neuen Lebensabschnitts. Ich werde ihn mit mehr Vorsicht und Bedachtsamkeit angehen. Aber nicht mit weniger Neugierde und weniger Schaffensfreude.

Auf geht’s zu neuen Ufern.

 

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Profit

Der Chef steht heute als Unternehmer im Rampenlicht und wird mit grellen Scheinwerfern kritisch beleuchtet. Der Berufsstand der “Patrons” ist in Verruf geraten. Dies nur, weil eine Handvoll Lausbuben an der Spitze grosser Unternehmen, ihre Stellung dazu benutzten, möglichst viel persönliche Vorteile zu erschleichen. Das erst noch mit sehr fragwürdigen Mitteln. Sie sind als Abzocker in die Literatur eingegangen.
Die grosse Mehrheit der Verantwortlichen an der Spitze der Firmen, ist ihrer Aufgabe gewachsen. Die Frage muss trotzdem erlaubt sein: „Wie sollte eine gute Führungskraft aussehen? Welche Eigenschaften muss sie haben? Was muss sie können?”

Die Aufstellung der Erfordernisse ist umfangreich:
Fachwissen natürlich, aber darüber hinaus Freude am Entscheiden, Aufgaben schnell erledigen, mutig und erfolgreich sein, gut kommunizieren können, Menschenkenntnis haben, ein Vorbild sein, motivieren, organisieren, Anerkennung spenden, Druck aushalten, Ideen verkaufen, effektiv handeln, Ziele setzen und sie auch erreichen, Enttäuschungen wegstecken, belastbar sein, Konflikte lösen, im Wettbewerb bestehen und so weiter und so fort. Die Liste lässt sich beliebig verlängern.

Der Chef, ein Supermann, der alle diesen Anforderungen genügt? Quatsch! Kein Mensch ist vollkommen. Die ideale Führungskraft gibt es nicht. Auch der Chef macht Fehlern. Natürlich muss er sich im Führungsberuf auskennen. Seine Schwächen und Unvollkommenheiten hingegen, nimmt die Belegschaft ohne Weiteres in Kauf, solange zwei Bedingungen erfüllt sind:

Der Chef muss, erstens zu seinem Wort stehen.Und zweitens muss der Chef kompromisslos durchsetzen, was er für richtig hält.Ehrlichkeit und Vertrauen sind die Pfeiler, auf denen das erstklassige Vorgesetzentum ruht.

Darüber hinaus sollte er für Profit besorgt sein.Profit, ein Wort mit bösem, mit schlechtem Inhalt, ein Unwort geradezu. Dabei ist es der Stolz eines jeden Betriebs, das Geschäftsjahr mit einem tüchtigen Gewinn abzuschliessen.
Ist etwa Profit und Gewinn nicht dasselbe?Es wird immer von Unternehmensgewinn gesprochen. Der Erfolg einer Firma wird daran von der Öffentlichkeit gemessen.
„Arbeite nie in einer Firma, die keinen Gewinn erzielt!” Riet mir einmal ein Freund. Stimmt! Gewinn ist wichtig, aber nicht das eigentliche Ziel unternehmerischen Wirtschaftens. Bei den Tätigkeiten in der Privatwirtschaft geht es nicht primär um Gewinn. Es geht um den Wettbewerbsvorteil.

Das Werk muss im Umfeld der Konkurrenz bestehen können, besser sein als der Wettbewerb. Es muss gelingen mit seinen Produkten oder Dienstleistungen Wettbewerbsvorteile zu erarbeiten.
Ein bisschen besser in der Qualität des Produktes. Ein bisschen besser in der Herstellung. Ein bisschen besser als der Wettbewerb im Marketing, in der Logistik, in der Finanzierung, im Vertrieb, im Kundendienst.
Die Summe dieser kleinen Vorsprünge liefert dem Geschäft einen kräftigen Konkurrenzvorteil. Damit ist der Betrieb erfolgreich und er macht Gewinn.Gewinn ist infolgedessen der Bonus, die Folge für gutes Wirtschaften. Der Bonus für gute Arbeit. Ohne Wettbewerbsvorteile keinen Gewinn. Ohne Gewinn keinen Fortbestand der Firma.

Profit machen hingegen wird gleichgesetzt mit Geldverdienen durch Spekulation, mit profitieren eben. Geldverdienen, ohne einen Beitrag zum Wachstum der Wirtschaft zu erbringen.
Fest steht, dass der Firmenchef eines realen Wirkungskreises weit mehr Einsatz, Mut, Durchhaltevermögen, Zähigkeit und Geduld an den Tag legen muss als der Spekulant. Unternehmensführer sind keine Spekulanten und auch keine Abzocker. Es ist deshalb verständlich, dass sowohl der tüchtige Arbeitnehmer, als auch der emsige Fabrikant, sich von den Spekulanten an der Börse verschaukelt vorkommen müssen. Inzwischen ist es ruhig geworden um die Börsengeschäfte und der zielstrebige Firmenleiter, der professionelle Chef, ist mit seinen längerfristigen Strategien wieder gefragt.

So empfindet männiglich Profit als Geldraffen, ohne neue Werte zu schaffen. Gewinn erwirtschaften aber, als Bonus für gute, harte Arbeit und kreatives Gestalten.
Das ist die Kernaufgabe des effizienten Chefs.

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Accélération

Mon ami Hans Rhyn à St. Siméon [France] a de nouveau fait une traduction de mon dernière article sur l’accélération. Un travail de toute première classe, un vrai d’œuvre d’art. Je lui suis très reconnaissant pour ce grand boulot . In a trouver le style exact pour exprimer ce que j’avais écrit en allemand. Merci beaucoup, Hans

Voici son texte :

Accélération

Depuis le temps de mes études à l’école polytechnique fédérale de Zürich je suis membre de la société du musée (Museumsgesellschaft). C’est là que je suis tombé sur une nouvelle édition du livre de Stefan Zweig « Les Très Riches Heures de l’humanité », ces douze miniatures d’évènements marquants qui ont fait époque depuis la découverte du nouveau monde. Il y décrit le rythme nouveau.

Pendant des milliers et peut-être centaines de milliers d’années que l’homme peuple la terre il n’y a pas eu d’autre critère de la vitesse de locomotion que le déplacement du cheval, la roue tournante, le bateau à voiles ou à rames. Aucune accélération perceptible du rythme du mouvement ne s’est produite. Les armées de Wallenstein ne progressaient guère plus vite que les légions de César. Les troupes de Napoléon n’avançaient pas plus rapidement que les hordes de Genghis Khan. Les corvettes de Nelson ne traversaient les mers à peine plus vite que les navires de pillage des Vikings ou les vaisseaux de commerce des Phéniciens. Goethe ne voyage pas plus confortablement ni plus rapidement au dix-huitième siècle que l’apôtre Paul au début du millénaire.

C’est seulement au dix-neuvième siècle que la vitesse de déplacement terrestre change fondamentalement. La révolution industrielle prend son élan. Dans ses premier et deuxième décennies les peuples et pays s’approchent davantage que pendant les millénaires précédents. Les chemins de fer et les bateaux à vapeur réduisent les journées de voyage en quarts d’heures et minutes. Ces moyens de transport multiplient les vitesses connues par cinq, dix ou vingt. L’homme était encore capable de vivre ces miracles techniques et de les saisir par ses sens.

Parfaitement inattendues mais énormes dans leurs conséquences apparaissent alors les performances de l’électricité, énergie qui bouscule toutes les lois connues jusque-là. De la tige d’ambre qui, hier encore, pouvait tout juste attirer quelques grains de sable, on passe à une énergie qui multiplie par des millions et des milliards la force musculaire de l’homme et sa vitesse. Portant des messages, mettant en mouvement des trains, éclairant rues et habitations, créant une nouvelle vie. Cette découverte a modifié la relation espace/temps de la façon la plus décisive depuis la création du monde. La perception de l’humain, ses sens, ont été complètement pris au dépourvu.

Cette première accélération dans la vie quotidienne a produit la révolution industrielle. Les conséquences de cette transformation fondamentale et durable des conditions de vie sont comparables à celles du passage du cueilleur-chasseur nomade à l’agriculteur sédentaire. Le progrès technique a provoqué une modification majeure de l’économie. Le symbole de l’apparition progressive d’une certaine prospérité est la machine à vapeur, la source de la transformation et la production d’énergie.

Une petite pause de réflexion.

Pas d’accélération pendant cent-mille ans. Un accroissement explosif de la vitesse les derniers 200 ans, la révolution industrielle. Dans les derniers deux décennies nous ressentons une autre augmentation de la vitesse. Cette nouvelle accélération est le précurseur de la révolution numérique. Ordinateur, navigation astronautique, Internet et robots se mettent en place. Une nouvelle société d’une complexité incalculable se crée à une allure vertigineuse. Aucun pays de la terre n’est prêt à affronter ce qui nous attend.

Quelle est la suite? Des métiers nouveaux se créent. Des places de travail indépendantes du lieu géographique sont courantes. Il y a de plus en plus de métiers de service. De moins en moins de travaux mécaniques sont exécutés par l’humain. De nouvelles formes de famille se développent. L’éducation scolaire est en révolution. La société se modifie visiblement. Tout devient plus turbulent, plus chaotique. Surtout, il y a plus de transparence. La question de ce qui relève de la sphère privée ou non est discutée en permanence. Des actions de plus en plus personnelles sont plus fréquemment effectuées en publique – et beaucoup de contemporains y prennent part avec enthousiasme. Des instantanés privés qui pâlissaient autrefois au grenier dans des boîtes à chaussures sont désormais exposés sur les plateformes photo d’internet aux yeux du monde par millions. Les amis sont présents en permanence par le portable dans notre poche. Etre seul avec soi-même n’est plus de mise. En janvier 2010 déjà, ce fait a été annoncé par Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook.

Une autre observation symbolise la transformation de notre société: la disparition progressive des cabines téléphoniques. La sphère privée se corrode. D’une part on exige un accès ouvert aux informations. D’autre part, les gens se soucient du contrôle de leurs données personnelles par des étrangers et craignent les Clouds et autres Dropbox.

Je me souviens d’un récit de la littérature de science fiction. Le sujet: tout le monde pouvait lire les pensées des autres. Il n’y a plus de secrets. La possibilité de garder des pensées pour soi-même a disparu. Le mensonge aussi n’est plus possible. La quintessence: à l’âge de vingt ans l’homme meurt et l’humanité disparaît. L’être humain ne peut pas vivre sans sa sphère d’intimité privée.

Sous cet aspect, la protection des données informatiques prend toute son importance. Dans ce 21. siècle la sphère privée est devenu publique. Si le Cloud met à disposition plus d’informations sur l’individu que ce dernier ne peut jamais obtenir, il s’agit d’un problème sérieux. Dans un monde où tout est numérisé qui peut l’être, la vie doit être apprise avec soin.

 

 

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Beschleunigung

Seit meiner Zeit als Student an der ETH bin ich Mitglied der Museumsgesellschaft. Kürzlich fand ich dort eine Neuauflage von Stefan Zweig. „Sternstunden der Menschheit”, jene zwölf Miniaturen von epochemachenden Ereignissen, welche seit der Entdeckung der Neuen Welt unser Leben tief geprägt haben. Er beschreibt darin den neuen Rhythmus.

Während all der Tausende und vielleicht Hunderttausende von Jahren, seit der Mensch die Erde beschreitet, hatte kein anderes Höchstmass irdischer Fortbewegung gegolten als der Lauf des Pferdes, das rollende Rad, das geruderte oder segelnde Schiff. Keine merkbare Beschleunigung hatte sich im Rhythmus der Bewegung gezeitigt.
Die Armeen Wallensteins kamen kaum rascher vorwärts als die Legionen Cäsars. Die Armeen Napoleons brachen nicht rapider vor als die Horden Dschingis Khans. Die Korvetten Nelsons durchquerten das Meer nur um weniges rascher als die Raubboote der Wikinger oder die Handelsschiffe der Phönizier. Goethe reist im achtzehnten Jahrhundert nicht wesentlich bequemer oder geschwinder als der Apostel Paulus zu Anfang des Jahrtausends.

Erst das neunzehnte Jahrhundert verändert fundamental Mass und Rhythmus der irdischen Geschwindigkeit. Die industrielle Revolution nimmt seinen Anlauf. In seinem ersten und zweiten Jahrzehnt rücken die Völker, die Länder rascher aneinander als vordem in Jahrtausenden. Durch die Eisenbahn, durch das Dampfschiff werden Tagesreisen in Viertelstunden und Minuten bewältigt. Diese Vehikel verfünffachen, verzehnfachen, verzwanzigfachten die bisher bekannten Geschwindigkeiten. Der Mensch konnte diese technische Wunder immer noch mit seinen Sinnen erfassen und erleben.

Völlig unvermutet aber in ihren Auswirkungen erscheinen dann die ersten Leistungen der Elektrizität, die alle bisherigen Gesetze umstösst. Der Bernsteinstab, der gestern gerade noch ein paar Sandkörnchen an sich zu ziehen vermochte, wurde potenziert zum Millionenfachen und Milliardenfachen menschlicher Muskelkraft und Geschwindigkeit. Botschaften bringend, Bahnen bewegend, Strassen und Häuser mit Licht erhellend, ein neues Leben schaffend. Erst durch diese Entdeckung hat die Relation von Raum und Zeit die entscheidende Umstellung seit Erschaffung der Welt erfahren. Die menschliche Wahrnehmung, seine Sinne, wird regelrecht überrumpelt.

Diese erste manifeste Beschleunigung des Alltags brachte die industrielle Revolution. Diese tief greifende und dauerhafte Umgestaltung der Lebensverhältnisse ist ähnlich als die Tragweite des Übergangs vom Nomadentum der Sammler und Jäger zur Sesshaftigkeit der Ackerbauer zu deuten.
Verbunden mit dem technischen Fortschritt entstand ein grosser Wirtschaftswandel. Das Symbol des sich entwickelnden Wohlstands ist die Dampfmaschine, die Quelle der Energieumwandlung und Energieerzeugung.

Ein kurzer Marschhalt zum Nachdenken.
Hunderttausend Jahre keine Beschleunigung. In den letzten 200 Jahren eine explosionsartige Steigerung der Geschwindigkeit, die industrielle Revolution. Und in den letzten zwei Jahrzehnten empfinden wir eine weitere Zunahme der Geschwindigkeit. Diese neue Beschleunigung ist der Vorbote der digitalen Revolution. Computer, Raumfahrt, Internet und Roboter greifen Platz. Mit einem enormen Tempo entsteht eine neue Gesellschaft von unübersehbarer Komplexität. Kein Land auf der Erde ist darauf vorbereitet, was da auf uns zukommt.

Wie geht das weiter? Neue Berufe entstehen. Ortsunabhängige Arbeitsplätze beherrschen den Alltag. Immer mehr Dienstleistungsberufe entstehen. Wesentlich weniger mechanische Arbeit wird durch den Menschen erledigt. Neue Formen der Familie entwickeln sich. Die schulische Bildung wird revolutioniert. Die Gesellschaft verändert sich sichtbar. Alles wird turbulenter, chaotischer. Vor allem wird alles transparenter. Die Frage, was noch privat ist und was nicht mehr, wird ständig neu verhandelt. Immer mehr und immer persönlichere Dinge werden öffentlich getan – und viele machen begeistert mit. Private Schnappschüsse, die früher in Schuhschachteln auf dem Estrich verblassten, werden auf Fotoplattformen im Netz millionenfach vor den Augen der Welt ausgebreitet. Seine Freunde hat man im Handy im Hosensack ständig mit dabei. Ganz für sich zu sein, ist ein Auslaufmodell. Das vermeldete bereits im Januar 2010 der Facebook-Gründer Mark Zuckerberg.

Wie sich unsere Gesellschaft verändert hat, lässt sinnbildhaft am langsamen Verschwinden der Telefonkabine ersehen. Die Privatsphäre korrodiert. Einerseits wird immer mehr offener Zugang zu Informationen gefordert. Anderseits sorgen sich die Menschen um die Kontrolle ihrer persönlichen Daten durch Fremde und fürchten sich vor Clouds und Dropbox.

Ich erinnere mich an eine Kurzgeschichte der Science-Fiction-Literatur. Das Thema: Alle Menschen konnten die Gedanken der andern lesen. Es gibt keine Geheimnisse mehr. Es gibt nicht mehr die Möglichkeit private Gedanken für sich zu behalten. Auch lügen ist nicht mehr möglich. Die Quintessenz: im Alter von 20 Jahren stirbt der Mensch, stirbt die gesamte Menschheit aus. Ohne Intimsphäre, ohne Privatsphäre kann der Mensch nicht bestehen.

Vor diesem Hintergrund gewinnt der Datenschutz an Bedeutung. Die Privatsphäre steht im 21. Jahrhundert zur Disposition. Wenn in der Cloud mehr Wissen über den Einzelnen verfügbar ist, als der Einzelne je über sich selbst erlangen kann, ist das ein ernstes Problem. Das Leben in einer Welt, in der alles digitalisiert wird, was digitalisiert werden kann, will gut gelernt werden.

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Mythes

 

L’an 2015 est l’année des jubilés. 700 ans depuis Morgarten, 500 ans depuis Marignano, 200 ans depuis le congrès de Vienne. Un gros paquet d’évènements historiques. Une discussion animée s’est déclenchée dans les médias. L’étude de l’histoire et les controverses consécutives sont venu à la mode. D’un côté les scientifiques se fondent sur les sources avérées. De l’autre les journalistes et les politiciens préfèrent les mythes. Ils reprochent aux chercheurs de démystifier les mythes, les actes de bravoure de l’histoire helvétique.
Guillaume Tell, Winkelried, le serment du Rütli, le monument du Lion à Lucerne, tout est mis en question ou alors glorifié. Pour nous autres citoyens la vérité historique est trop théorique. La réalité de l’histoire dans son ensemble nous est trop abstraite, pour ne pas dire inconnue. Nos connaissances d’histoire sont inscrites dans notre mémoire sous forme de mythes, ces contes bien aimés. La vérité scientifique est importante. Mais elle se prête mal à la création d’images vivantes. Même si Tell et Winkelried n’ont pas vécu concrètement, ils sont des jalons dans notre compréhension de l’histoire. Le public a besoin de mythes. Il faut les deux: les recherches précises et les légendes pour le peuple.
“Qu’est-ce-qui est juste, qu’est-ce qui est faux?” est la mauvaise question. Même l’histoire biblique n’est ni juste ni fausse. L’histoire est fondé sur des contes. Ils racontent ce qui aurait pu se passer. C’est ainsi que l’histoire helvétique réunit la communauté suisse.
Regardons quelques jalons du chemin parcouru pour arriver à la Suisse de nos jours.
Nous avons réussi à ne participer à aucun conflit armé depuis la guerre du Sonderbund (1847). 168 ans de paix! Pendant ces 168 années nous avons évolué prudemment, pas après pas, d’un pays en voie de développement  vers un état-providence. Ceci dans un territoire sans ressources naturelles et sans matières premières. Aujourd’hui, notre prospérité n’est dépassée que par le Koweït, ce pays riche en pétrole.
Où se trouve une autre nation dont le peuple est vraiment le souverain? D’accord, nous avons travaillé pendant plus de 160 ans pour faire fonctionner cette pièce d’horlogerie compliquée qu’est la démocratie directe. Nous réussissons même à gouverner un ensemble disparate de 26 cantons aux religions, langues, passés historique différents et des cultures très spéciaux.
Pourquoi?
Tout comme les humains en général, les suisses ne sont pas parfaits, ils ont des défauts et sont querelleurs. Malgré cela la Suisse fonctionne. Elle est jalousée à l’échelle mondiale pour notre culture civique.
A nouveau: pourquoi la Suisse fonctionne-t-elle? Parce que les mythes, les victoires et défaites de nos héros, nous ont fourni une culture de mémoires qui est la base idéale de notre perception de l’état.
Evidemment nous avons besoin d’une science sérieuse de l’histoire. Mais sans les mythes ses résultats n’atteignent pas l’âme populaire. Les mythes servent comme moyen de transfert du savoir vers le peuple. Guillaume Tell n’a jamais existé. Mais la scène du tir à la pomme aurait pu se produire. En fait, elle décrit comment un pouvoir maléfique oblige un brave père de tirer sur son fils. Les mythes contiennent une vérité intérieure. En occurrence elle dit clairement “Nous sommes maintenus sous le joug, un pouvoir de ce genre doit être anéanti”. 

A côté de la science il faut des symboles aisément compréhensibles. Ils fournissent le ciment de la cohésion de notre Société.

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Mythen

 

Das Jahr 2015 ist das Jahr der Jubiläen. 700 Jahre seit Morgarten, 500 Jahre seit Marignano, 200 Jahre seit dem Wiener Kongress. Ein grosses Paket von historischen Ereignissen. In den Medien ist eine heftige Diskussion entbrannt. Vielerorts ist es Mode geworden, sich mit Geschichte zu befassen und über Geschichte zu streiten. Die Wissenschaft weist auf jene Wirklichkeit hin, die sie aus den Quellen beweisen kann. Journalisten und Politiker basieren lieber auf Mythen. Der Arbeit der Forscher wird einer Entmystifizierung der Mythen, derer Heldentaten der Schweizer Geschichte vorgeworfen.

Wilhelm Tell, Winkelried, der Rütlischwur, das Löwendenkmal, alles wird entweder infrage gestellt oder glorifiziert. Für uns Bürger ist die geschichtliche Wahrheit zu theoretisch. Das Wirkliche der Geschichte ist uns in seiner Ganzheit zu abstrakt, um nicht zu sagen unbekannt. Unser Geschichtswissen ist durch die Mythen, diese lieb gewordenen Erzählungen, in unserer Erinnerung verankert. Die wissenschaftliche Wahrheit ist wichtig. Sie eignet sich aber schlecht, uns ein plastisches Geschichtsbild zu vermitteln. Auch wenn Tell und Winkelried nicht konkret gelebt haben, sind es Meilensteine im Geschichtsverständnis des Volkes. Das Publikum braucht Mythen. Es braucht beides: genaue Forschung und Legenden für das Volk.

Die Frage „Was ist richtig, was ist falsch?“ ist die falsche Frage. Auch die biblische Geschichte ist weder richtig noch falsch. In der Geschichte geht es um die Geschichten. Sie erzählen, wie es hätte sein können. So wird die Schweizer Geschichte für die Gemeinschaft zusammengehalten.

Betrachten wir einmal ein paar Meilensteine, welche die Schweiz von heute ausmachen.

Es ist uns gelungen, seit dem Sonderbundskrieg (1847) in keinem kriegerischen Konflikt mehr beteiligt zu sein. 168 Jahre Friede! In diesen 168 Jahren haben wir uns vorsichtig, Schritt für Schritt von einem Entwicklungsland zu einem Wohlfahrtsstaat entwickelt. Und das in einem Land ohne Bodenschätze und ohne eigne Rohstoffe. Überboten werden wir nur noch durch das erdölreiche Kuwait.

Wo gibt es eine andere Nation, in dem das Volk wirklich der Souverän ist? Zugegeben, wir haben über 160 Jahren daran gefeilt, bis wir das komplizierte Uhrwerk der direkten Demokratie zum Laufen gebracht haben. Es gelingt uns sogar, einen Sack voll Flöhen von 26 Kantonen mit unterschiedlichen Religionen, Sprachen, geschichtliche Hintergründe und sehr spezielle Kulturen zu regieren.

Warum?

Wie alle Menschen sind auch die Schweizer unvollkommen, mit Fehler behaftet und streitsüchtig. Trotzdem funktioniert die Schweiz. Sie wird weltweit für ihre Regierungskultur beneidet.

Nochmals: Warum funktioniert die Schweiz? Weil uns die Mythen, die Siegen und Niederlagen unserer Helden, in der Vergangenheit eine Erinnerungskultur beschert haben, welche das ideale Fundament unseres Staatsverständnises darstellt.

Natürlich wir brauchen eine seriöse Geschichtswissenschaft. Ohne Mythen indes kommen ihre Ergebnisse beim Volk nicht an. Die Mythen sind das Marketinginstrument für den Wissenstransfer zu uns Laien zum Volk. Wilhelm Tell hat nie gelebt. Aber die Apfelschussszene hätte sich so zutragen können. Damit wird doch ausgesagt, wie eine böse Macht einen guten Mann zwingt, auf seinen Sohn zu schiessen. In den Mythen wohnt eine innere Wahrheit. Sie sagt ganz deutlich: „Wir sind unterjocht, solche Macht gehört vernichtet.“

Es braucht neben der Wissenschaft leicht verständliche Symbole. Sie liefern den Kitt, welche die Gemeinschaft zusammenhält.

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Elite

Elite [version française]

Ces derniers temps, l’élite est de plus en plus souvent attaquée. En entendant le mot élite on l’associe de nos jours spontanément à des profiteurs avides de pouvoir, à une arrogance anti-démocratique, à une égalité de chances contrecarrée.

La notion d’égalité des chances appelle un commentaire. Chaque être humain est un individu absolument unique. Aucun n’est exactement égal à un autre. Il n’y a pas deux qui ont exactement les mêmes capacités, talents et aptitudes. Exiger l’égalité est une erreur. D’une part elle ne produit pas de justice. D’autre part elle freine l’épanouissement de l’initiative personnelle. Nous devons nous engager pour la justice des chances. Créer les conditions qui permettent à tout être humain de réaliser au mieux ses capacités et son potentiel. C’est ainsi que se créent des élites.

L’élite est composée d’hommes et de femmes qui acceptent un rôle de meneur dans les relations publiques et même dans leurs loisirs, où ils établissent les règles de référence. Par conséquence il y a des modèles dans tous les métiers, toutes les activités. Nous devrions assumer le fait que nous avons besoin d’enseignants élitaires, de maîtres menuisiers élitaires, de pharmaciennes élitaires, c’est-à-dire de la sélection. Les meilleurs qui se consacrent aux autres pour faire le bien. C’est une minorité qui prend les rênes et contribue par son aide à l’amélioration de la situation.

L’être humain élitaire fait autorité dans son domaine. C’est un généraliste qui voit au-delà du présent. Il a envie de découvertes. Bref, c’est un modèle.

Qu’est-ce donc l’élite? C’est un groupe d’humains qui possèdent les caractéristiques susmentionnées et se consacrent de façon désintéressée au bien public. Il ne faut pas confondre élite et élite de pouvoir. Le pouvoir seul ne fait de personne un être meilleur. Une élite ne peut être définie que par des critères intellectuels et moraux. Elle exige de celui qui y appartient un caractère clair et net ainsi qu’une sensibilité pour les conséquences de ses agissements sur la société.

Vu sous cet angle, une question se pose «Pourquoi la notion d’élite est-elle tombée en discrédit ? Pourquoi a-t-elle un tel arrière-goût mauvais et insipide?»

Ceci ne peut provenir que d’une uniformisation mal comprise. D’une compréhension erronée de la démocratie.

Du temps où le mot n’était pas encore déprécié, élite représentait une sélection qu’on respectait. On aspirait à y appartenir.

Cette sélection est vraiment nécessaire. Une élite dans la salle de classe. Une élite à l’atelier, dans le commerce, les métiers, en menuiserie, à l’université, dans le conseil municipal, le conseil fédéral. Il faut des humains qui veulent faire bouger les choses.

Nous devons à ces modèles estime et reconnaissance. Ils sont le levain de la pâte. Ils font avancer notre économie. Ils nous montrent le chemin. La vraie élite est modeste et veut servir. Ils sont les responsables et les fiduciaires de notre société.

Sans élite pas de conduite. Sans conduite pas de progrès.

 

Traduction par Mons.
Hans Rhyn
25bis Charcot
F-77169 St. Siméon
France

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Elite

In letzter Zeit wird die Elite immer öfter angegriffen. Wer heute Elite hört, denkt sofort an machthungrige Abzocker, an undemokratische Überheblichkeit, an vereitelte Chancengleichheit.
Mit der Chancengleichheit ist es so eine Sache. Jeder Mensch ist ein absolut einmaliges Individuum. Keine Zwei sind genau gleich. Keine Zwei haben exakt die selben Fähigkeiten, Talente und Begabungen. Gleichheit zu fordern ist ein Irrtum. Einerseits schafft sie keine Gerechtigkeit. Anderseits bremst sie die Entfaltung der Eigeninitiative. Wir müssen uns für die Chancengerechtigkeit einsetzen. Bedingungen schaffen, dass jeder Mensch seine guten persönlichen Veranlagungen und Potenziale bestmöglichst verwirklichen kann.
So entstehen Eliten.
Zur Elite gehören jene Damen und Herren, die in ihrem Beruf, in ihrer Rolle für die Belange der Öffentlichkeit, ja sogar in ihrer Freizeit eine Vorreiterrolle übernehmen, Massstäbe setzen. Demzufolge gibt es in jedem Beruf, in jedem Wirken, Vorbilder. Wir sollten dazu stehen, dass wir elitäre Lehrer, elitäre Schreinermeister, elitäre Apothekerinnen, kurz eine Auslese brauchen. Die Besten, die sich für andere zur Verfügung stellen, um Gutes zu schaffen. Es ist eine Minderheit, die die Führung übernimmt und hilfsbereit zur Verbesserung der Lage beiträgt.
Der elitäre Mensch ist eine Autorität auf seinem Gebiet. Er ist ein Generalist, der über den Tellerrand hinaus blickt. Er hat Lust auf Neuland. Kurz, er ist ein Vorbild.
Was ist also Elite? Sie ist eine Gruppe von Menschen denen die oben angeführten Eigenschaften ihr Eigen nennen und sich selbstlos für das Gemeinwohl einsetzen.
Elite darf nicht mit Machtelite verwechselt werden. Macht alleine macht niemanden zu einem besseren Menschen. Eine Elite kann nur nach intellektuellen und moralischen Kriterien bestimmt werden. Sie fordert von demjenigen, dem sie angehört einen sauberen Charakter und eine Sensibilität für die gesellschaftlichen Folgen ihres Handels.
So gesehen stellt sich eine Frage “Warum ist der Begriff Elite in Misskredit geraten? Warum hat er einen solchen schalen, schlechten Beigeschmack?”
Das kann nur von einer falsch verstandenen Gleichschalterei herrühren. Von einem falschen Demokratieverständnis.
Als das Wort noch nicht abwertend verwendet wurde, bedeutete Elite eine Auslese, der man Respekt zollte. Zu der dazu zugehören anzustreben war.
Es braucht wirklich diese Auswahl. Eine Elite im Schulzimmer. Eine Elite in der Werkstatt, im Handelshaus, im Gewerbe, in der Schreinerei, an der Uni, im Gemeinderat, im Bundesrat. Es braucht Menschen die bewegen wollen.
Diesen Vorbildern müssen wir Achtung und Dankbarkeit entgegen bringen. Sie sind die Hefe im Teig. Sie bringen unsere Volkswirtschaft voran. Sie zeigen uns den Weg.
Die wahre Elite ist bescheiden und will dienen. Sie sind die Verantwortungsträger und die Treuhändler der Gesellschaft.
Ohne Elite keine Führung. Ohne Führung kein Fortschritt

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Lune

 

Je suis toujours émerveillé par l’apparition et la disparition de la lune au ciel nocturne. S’y ajoute l’évènement d’avant-hier, l’éclipse solaire totale le matin du jour du début du printemps. J’aime méditer la nuit au clair de lune. Malheureusement nous sommes privés des longues périodes de nuits claires dont profitent les habitants des pays autour de la Méditerranée et du Proche Orient. Ils peuvent observer les évènements dans le ciel jour après jour pendant des mois. Tout méditerranéen intéressé sait depuis toujours comment fonctionnent les changements de lune. Les premières observations proviennent de la Mésopotamie à partir du 3. Millénaire avant Jésus-Christ. Les prêtres avaient établi des formules précises du calcul des éclipses de soleil et de lune. Dans ces temps ils étaient les seuls à pouvoir prédire de tels évènements naturels. Ce savoir était strictement secret. Le clergé pouvait prophétiser les éclipses comme avertissements des dieux. Ainsi le peuple était ramené sur le bon chemin, celui de la vertu. Les anciens grecs, ces mathématiciens doués de l’antiquité, s’étaient déjà occupés intensément du calcul des orbites planétaires. Au Moyen Âge ce sont les travaux de Niklaus Kopernikus et Isaak Newton qui nous ont fait avancer. Ils nous ont laissé les outils pour étudier la mécanique céleste. Les premières théories physiques des mouvements dans le ciel sont nées. On avait enfin une réponse à la question: existe-t-il une force qui maintient l’équilibre des orbites des étoiles et planètes dans le ciel? Pourquoi le tout ne s’effondre-t-il pas? Pourquoi les planètes tournent depuis des millions d’années sur leurs orbites elliptiques? Newton a découvert la force et l’a défini mathématiquement. C’est la pesanteur, la gravité, la gravitation. Elle existe; il suffit de laisser tomber une pierre pour s’en rendre compte. C’est une force toute singulière. Jusqu’à aujourd’hui il n’est pas vraiment clair comment elle agit précisément. Ce que nous savons, c’est que des corps s’attirent mutuellement. Ce que nous ne savons pas, c’est ce qu’est la pesanteur au fond. Cela me fascine ! Il y a encore des événements dans l’univers que nous ne savons pas expliquer. Nous savons exploiter leurs interactions mais nous ne savons pas ce qu’est la force. Ceci est valable également pour l’électricité. Les phénomènes électriques sont connus depuis longtemps. La foudre est l’apparition la plus connue et la plus spectaculaire. Les grecs connaissaient le chargement électrostatique de l’ambre jaune. L’application pratique de l’électricité date du début des temps modernes. A partir du dix-septième siècle les chercheurs approchaient l’électricité en tâtonnant. Mais il fallait attendre l’année 1866 pour voir l’éclairage de la place de la Concorde à Paris par des lampes à arc alimentées par une machine de Werner von Siemens. Les conditions étaient alors remplies pour l’utilisation du courant dans la vie quotidienne. Pendant les 17ème et le 18ème siècle et la moitié du 19ème, soit environ 250 ans, des chercheurs étudiaient pas à pas des phénomènes électriques.

  • 1752 Benjamin Franklin (paratonnerre)
  • 1770 Luigi Galvani (machine d’électrification)
  • 1775 Alessandro Volta (pile)
  • 1820 Christian Oersted (magnétisme)
  • 1821 André-Marie Ampère (intensité du courant)
  • 1823 Michael Faraday (induction)
  • 1833 Carl Friedrich Gauss (aimant électrique)

Finalement en 1864, le grand physicien écossais James Clark Maxwell a formulé la théorie de base de l‘électrodynamique classique. Au milieu du 19ème siècle les règles électrotechniques étaient généralement connues. Le courant électrique déclenchait la marche triomphale des applications techniques. Une vie sans courant? Désormais impensable. Toutefois, la question de la nature de l’électricité ou plus précisément les interactions électromagnétiques, n’a pas de réponse. Tout comme pour la gravitation, nous ne le savons pas. Grandiose cette création. Lorsque j’observe la lune le soir, je la ressens comme le symbole du génie de la création. Ce sont des moments à constater en toute modestie que nous sommes loin d’avoir résolu tous les mystères de la nature et de la vie. Il en restent beaucoup pour nos descendants. La curiosité des scientifiques de demain n’est pas près d’être satisfaite. Dans le 21ème siècle sommeillent encore beaucoup de connaissances nouvelles qu’il s’agit de découvrir. Elles sont bien présentes dans l’univers, mais nous ne les connaissons pas. Tout comme Napoléon ne pouvait pas deviner ce que la technologie électrique apportera comme changements à la vie quotidienne. Certains de mes amis me prétendent maniaque de la lune. Quelle erreur, je suis seulement plein de respect devant le génie de la création. Et la lune en est un bel exemple.

Diese französische Version wurde von meinem Freund Hans Rhyn, Paris, übersetzt, mit dem Ziel auch wieder einmal eine Kolumne in der Sprache von Voltaire zu schalten. Mögen alle meine französisch sprechenden Verwandten Freude daran finden.

 

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