Tesselles de mosaïque

Aujourd’hui, jour anniversaire de mes 82 ans, je veux jeter un regard rétrospectif sur la mosaïque de ma vie et sur les carreaux qui m’ont particulièrement impressionné.
Le recueil suivant va évoquer les évènements, connaissances et expériences qui sont conservés dans ma mémoire.
Ce n’est pas un curriculum vitae. Ayant passé ma vie dans un grand nombre de villes et villages, j’ai donc choisi quelques-uns des lieux qui sont associés à des épisodes marquants, des souvenirs inoubliables.

1937 La Haye aux Pays Bas
Mes premiers souvenirs datent approximativement de ma quatrième année. J’ai vécu à La Haye une enfance particulièrement heureuse. Ma mère était une femme d’affaires née. Elle dirigeait un commerce de chapeaux pour dames. De ces temps-là, une femme qui gérait sa propre entreprise était l’exception. Elle employait cinq couturières qui créaient les coiffures dans son atelier. Une gouvernante s’occupait du ménage au quotidien. Deux tantes célibataires habitaient également dans la même maison. J’ai grandi dans ce ménage de bonnes femmes. Je trouvais toujours une de ces dames qui, de bonne humeur, voulait bien s’occuper de moi. Toutes m’aimaient bien. J’étais comme un coq en pâte.

1943 St. Andreasberg aux montagnes Harz en Allemagne
Pendant notre fuite depuis les Pays Bas vers la Suisse nous avons atterri chez la sœur de mon père, la tante Emma à St. Andreasberg. Un séjour forcé par l’obligation de mon père de se procurer le visa de l’autorisation de sortie d’Allemagne auprès du consulat suisse à Berlin. C’était en septembre 1943. Les alliés bombardaient la capitale quotidiennement. Le consulat suisse n’était plus qu’un trésor mobile. Papa revint bredouille. Mais il avait quand-même pris des places pour nous tous dans un wagon lit de Kassel à Bregenz.
Le 3 octobre 1943 nous nous rendions ponctuellement à la gare de Kassel. Alerte aérienne. Tous les trains quittèrent immédiatement la gare, en-dehors de tout horaire. Nous vîmes juste partir les feux arrière de notre wagon lit. Une nuit passée dans l’abri antiaérien. Bombardement permanent. Lorsque nous sortions de l’abri le lendemain matin, la gare fut complètement détruite. Réduit en cendres dans une nuit. Mais nous étions toujours en vie. Nous continuâmes notre voyage vers Bregenz. A St. Margareten nous passions illégalement la frontière suisse. L’accueil au buffet de la gare de St.Margareten fut bouleversant. Quelques appels téléphonés avec Berne et tout fut réglé. La Suisse aidait ses suisses de l’étranger efficacement et sans complications. Au Niederdorf, à Zürich, nous passions la première nuit en Suisse, à l’hôtel Hirschen. La première nuit dans la patrie. Le lendemain le train rapide, la “flèche rouge” nous amena à Loèche via Berne et Brigue. Nous étions enfin arrivés à notre commune bourgeoise, le but de notre fuite précipitée.

1944 Loèche-ville
A cette époque je connaissais deux langues, le hollandais et le français. Deux mois plus tard il s’y ajoutaient le dialecte allemand valaisan et l’allemand standard. Deux semaines après notre arrivée, mon frère et moi allions à l’école. L’école primaire se composait de trois classes, logées dans une salle commune. J’étais affecté à la quatrième classe. Cet enseignement en classes multiples était un travail exigeant pour le maître d’école. Pour moi, par contre, un pur plaisir. J’appris l’allemand dans la troisième classe. En calcul je fus un des meilleurs de la cinquième classe. Ce genre d’enseignement fut une nouveauté pour moi. Une vraie découverte de grande efficacité. Après six mois j’étais admis dans le groupe. Je pouvais communiquer avec tout le monde. J’étais désormais un vrai valaisan, un vrai ressortissant de Loèche.Au printemps 1945 les allemands ont capitulé. La guerre était finie. Papa prit un hôtel en bail à Fribourg.

1946 Fribourg en Üchtland
Fribourg est considérée comme ville bilingue, pratiquant l’allemand et le français. Ce dernier langage est nettement prépondérant. Il y avait tout de même une école publique à langue allemande. J’y entrais en cinquième classe chez maître Kümin. Un magister de vieille souche. Toujours bien habillé, portant chapeau, manteau, complet foncé et cravate. Un monsieur pro-allemand. En salle de classe on ne parlait que l’allemand. Pas de dialecte et surtout pas de français. Son instrument d’enseignement principal fut la canne de bambou. Dont il faisait un usage régulier.

Dans la cour de récréation on ne parlait que français. La partie allemande de l’école ne représentait qu’une minorité. Elle n’occupait que deux salles de classe. Les cours de dessin et de gymnastique furent donnés par d’autres enseignants. En français, bien entendu. Ce ne fut un problème pour personne. Ni pour l’enseignant, ni pour nous-autres élèves et certainement pas pour nos parents. La pratique de plusieurs langues était courante et Suisse. Chacun comprenait tout le monde.
Une ambiance détendue régnait en matière de langues et communication.
C’est avec plaisir que je me souviens de la corporation d’étudiants du Tessin. La Lepontia avait un béret particulièrement attrayant. A une heure et demi du matin ils montaient, venant de leur table ronde, la rue de Lausanne à la queue leu leu en chantant à gorge déployée. Au beau milieu de la nuit. Personne ne se formalisait de ce tapage nocturne. Ce sont nos étudiants. Fribourg, la ville des étudiants.

1949 Lucerne
A nouveau une belle époque. Je suis au lycée. Je découvris le charme du sexe opposé et fus aussi Scharführer, commandant dans le mouvement de jeunesse Jungwacht, groupe Sta. Maria. Ce fut mon occupation principale. D’organiser des samedi après-midi dans les bois avec les jeunes garçons me procura beaucoup de plaisir. La rédaction du journal du groupe m’a obligé d’apprendre à me servir d’une machine à écrire.
Mais l’évènement de l’année fut le camp d’été. Une demi-douzaine de jeunes de dix-huit ans gérait pendant trois semaines la colonie de 50 garçons âgés de 10 à 15 ans. Toute la responsabilité du bien-être dans le camp reposait sur leurs épaules. Nous avons passé un temps merveilleux quelque part dans les montagnes. Le seul adulte était un vicaire de la paroisse.
Arrivés à la fin du séjour il fallait se dire adieu. Nous emportions un peu de nostalgie et beaucoup de bons souvenirs dont les participants parlent avec enthousiasme encore aujourd’hui.
J’ai beaucoup profité de cette période de passage à l’âge adulte à Lucerne. C’est à cette époque qu’est née l’amitié entre quatre hommes. Elle existe encore aujourd’hui, 60 ans plus tard: une amitié authentique.

1953 Bâle
Pour la première fois dans ma vie je gagne mon propre argent comme laborantin aux laboratoires de la société Hoffmann-La Roche AG. Plongé dans un monde nouveau. Le monde des ouvriers, contremaitres, maîtres, des chimistes et directeurs.
Au prix d’un franc, un syndicaliste m’a vendu un ruban, emblème de la “Fête du travail”. Muté d’étudiant en ouvrier, je passais beaucoup de temps  dans les bistros du Kleinbasel après le travail. J’ai profité pleinement de la liberté dans cet environnement tout nouveau. Une liberté nouvelle, mon propre argent, mon propre métier, une autonomie absolue dans l’organisation de mes loisirs. Dans l’immédiat, je profitais de cette vie. Mais à long terme ça ne pouvait durer. J’avais appris chez Roche: si tu veux réussir ici, il faut porter une blouse blanche et se faire appeler “docteur”.

1955 Emmen
J’ai décidé de devenir chimiste. Pour gagner l’argent nécessaire je faisais du service militaire. Roche fut un employeur généreux. Tous les cadres supérieurs avaient le grade d’officier, pratiquement sans exception. Presque une condition incontournable pour faire carrière dans la société. Pendant toute la durée de mon service militaire je restais employé et recevais la moitié de mon salaire normal. Soit: école de recrues – école de sous-officiers – caporal – paiement de galons. En septembre 1955 je fus de retour au laboratoire chez Dr. Paul Müller. En octobre j’ai démissionné. Le chef du personnel me remit un montant de 4482 francs. Ce fut la base financière de mes études universitaires.

1956 Zurich
Inscrit à la division IV de la ETHZ je m’attaquais aux études d’ingénieur chimiste. En alternance j’absolvais du service militaire. Le grade de lieutenant atteint, j’avais passé en même temps et avec succès les examens intermédiaires des premier et deuxième cycle des études.

Les études avançaient bien. Si on était empêché d’assister à un cours, un camarade copiait le texte en glissant du papier carbone dans son classeur. Ecrivant avec un bon stylo à bille, il produisait une copie tout à fait lisible. Il n’était pas question de photocopier. En 1957, ce fut un procédé photographique qui dura environ 20 minutes par page A4.
Je dépendais donc étroitement des camarades copiants. Pendant le cinquième et sixième semestre je ne pratiquais les études qu’accessoirement. Mon activité principale était celle de rédacteur du journal des étudiants “Zürcher- St.Gallerstudent”.
Très important; en plus je fus le président du bal annuel du Poly. De ce temps, ce fut l’évènement social le plus important de la ville qui réunit environ 6000 participants. Il est évident qu’une telle organisation ne me laissait que peu de temps pour les études: 10 groupes de musique, 8 restaurants, la décoration du bâtiment à la Rämistrasse, la recherche de sponsors, les conférences de presse et les contacts avec la police du feu. Pourtant mes études n’en ont pas souffert. J’ai obtenu le diplôme d’ingénieur en 8 semestres et le doctorat en autant de temps.

1966 de retour à Bâle
Je fus à nouveau employé chez Roche à Bâle où on m’appelait désormais “docteur”. Une belle famille s’était également constituée. Doris Schultheiss était ma femme depuis sept ans. Deux filles, Christine et Susanna, allaient à la maternelle et une troisième demoiselle était en route. A cette époque nous menions une vie authentiquement bourgeoise. J’avais le temps de m’occuper de ma famille et je profitais de cette vie normale. Avec Doris au théâtre. Avec les enfants au zoo. Un atelier de bricolage à la cave.
Tout fut en ordre, réglé, sans problèmes, bourgeois et tellement ennuyeux. Ensemble avec Doris nous décidions de démissionner du merveilleux emploi chez Roche et de chercher quelque chose de plus excitant.

1969 Glattbrugg
Me voilà directeur de la société Polymetron. Avec des responsabilités toutes nouvelles. Achats, stockage, fabrication, assurance qualité, vente et marketing. Polymetron fabriquait des appareils de mesure électrochimiques. J’avais toujours un pied dans la chimie mais l’autre dans la gestion d’entreprise, un domaine qui m’était complètement inconnu.
Une nouvelle époque de ma vie avait commencé.
Tout ce que j’avais appris à l’université ne m’était que peu d’utilité. Je n’avais aucune idée de budgets, comptes de gestion, planifications de marketing. Dans le quotidien des affaires on apprend vite. Pour la première fois de ma vie mes vrais talents s’épanouirent: organisation et maîtrise des ressources humaines.

1971 Gossau ZH
Une maison à nous. Doris l’avait déniché. Je m’occupais du financement. Notre apport se montait à 12’000 francs. La maison coutait 360’000. Sans le soutien de Walter Hess, président de la maison-mère Zellweger, nous n’aurions jamais pu accéder à un domicile propre à nous.
La vie de famille a changé. Entretemps nous avions quatre filles. Doris avait pris un poste de maîtresse à l’école primaire de Gossau. Moi-même j’étais devenu un homme d’affaires, sans cesse en déplacement. Nous avions besoin d’une aide-ménagère, d’une gouvernante. Nous l’avons trouvé en la personne de madame Kälin. Elle allait gérer notre ménage pendant plus de trente ans.

1978 Bad Ragaz
Chez Polymetron j’avais effectué mon apprentissage d’économiste. Ce qui me manquait encore, c’était le contact direct avec les banques et les syndicats. Je me suis mis à la recherche d’un poste de président de la direction d’une société et je l’ai trouvé auprès de l’entreprise Elesta à Ragaz. Désormais il n’était plus question de chimie. L’activité se limitait à la fabrication de commutateurs – arrêt/marche. Tout comme chez Polymetron, le bilan d’Elesta fut profondément dans les chiffres rouges. J’ai ramené les deux sociétés dans des eaux plus calmes. Elles réalisaient à nouveau des bénéfices. J’avais désormais la réputation de savoir assainir des entreprises en difficulté. Ayant attiré l’attention des chasseurs de tête de Zürich, Egon Zehnder, le numéro un dans ce secteur, m’a proposé un poste chez Sprecher + Schuh. Que j’ai accepté.

1982 Aarau
Encore une entreprise qui devait être restructurée. La même routine que celle appliquée chez Polymetron et Elesta.
Arrivé à ce point, il me semble opportun d’évoquer quelques réflexions générales concernant le rapport entre la formation et l’activité professionnelle. La vie m’a appris qu’au fond le choix de la matière des études ou de l’apprentissage n’est pas aussi important qu’on le croit. Ce qui importe, c’est qu’on s’y attelle résolument et les termine avec succès. Apporter la preuve de sa capacité de s’attaquer à un projet, le mener jusqu’à sa fin et réussir son achèvement. Ainsi j’ai pratiqué différents métiers dans ma vie. Laborantin – ingénieur en chimie -chimiste diplômé – gestionnaire – président de direction – économiste – président d’entreprises cotées en bourse.
Le principe est toujours le même: “La bonne gestion d’une entreprise est conditionnée par la maîtrise des ressources humaines”. Il est alors sans importance dans quelle branche, quel secteur activité,  la société gagne son argent. Trois semaines d’étude intensive du marché et de la concurrence suffisent pour diriger une entreprise nouvelle avec succès.

2015 de retour à Gossau ZH
Aujourd’hui, jour anniversaire de mes 82 ans, je suis un homme satisfait, heureux même. J’ai derrière moi une vie remplie, captivante et animée. Je me réjouis d’être encore capable d’acquérir de nouvelles expériences. Elles s’ajoutent à la chaîne des connaissances et évènements de ma vie et m’enseignent ceci: à l’avenir toute activité prend plus de temps. La capacité de concentration diminue. De même que la tonicité physique. Des petites particularités de santé se manifestent.
Cet anniversaire est un jalon de plus dans ma vie. Ce jour représente le début d’une nouvelle phase de vie. Je l’aborderai avec plus de calme et de prudence. Mais pas avec moins de curiosité et d’enthousiasme.

C’est parti pour de nouveaux horizons.

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Mosaiksteinchen

 

 

Heute an meinem 82.Geburtstag möchte ich zurückschauen auf meinem Lebensbild und jene Mosaiksteinchen noch einmal betrachten, die mir besonders beeindruckt haben.
Es soll eine Collage von Erlebnissen, Erkenntnissen und Ereignissen werden, die mir persönlich besonders im Gedächtnis geblieben sind.
Es hat nichts mit biografischen Notizen zu tun. Mein Leben habe ich in vielen Städten und Dörfer verbracht. Ich habe einige davon ausgewählt. Orte in denen für mich eine bleibende Episode, ein bleibendes Erinnerungsstück haften geblieben ist.

 

1937 Den Haag

Meine ersten Erinnerungen gehen zurück bis ungefähr zu meinem vierten Geburtstag. Ich erlebte in Den Haag eine aussergewöhnlich schöne Jungendzeit. Meine Mutter war eine geborene Geschäftsfrau. Sie betrieb ein Geschäft für Damenhüte. Eine Frau, die damals eine eigene Firma betrieb, war die Ausnahme. Sie hatte fünf Näherinnen angestellt, die im Atelier Kreationen als Kopfputz für Frauen schufen. Eine Haushälterin besorgte den Alltag. Im gleichen Haus wohnten noch zwei ledige Tanten. In dieser Weiberwirtschaft wusch ich auf. Immer fand ich eine der Damen, die besonders guter Laune war und sich mit mir abgab. Alle hatten mich gerne. Ich war der Hahn im Korb.

 

1943 St. Andreasberg im Harzgebirge in Deutschland

Auf unsere Flucht von Holland in die Schweiz landeten wir bei der Schwester meines Vaters, bei Tante Emma in St. Andreasberg. Wir mussten dort Quartier beziehen, weil mein Vater in Berlin, beim Schweizerkonsulat, das Visum für die Ausreisebewilligung aus Deutschland erwirken musste. Das war im September 1943. Die Alliierten bombardierten täglich die Hauptstadt. Das Schweizerkonsulat bestand nur noch aus einem fahrbaren Tresor. Unverrichteter Dinge kam Papa zurück. Allerdings hatte er für uns allen einen Schlafwagen von Kassel nach Bregenz gebucht.

Am 3. Oktober 1943 standen wir pünktlich im Hauptbahnhof Kassel. Luftalarm. Alle Züge verliessen sofort, ausserhalb des Fahrplans, den Bahnhof. Wir sahen gerade noch die Schlusslichter unseres Schlafwagens. Die Nacht verbrachten wir im Luftschutzkeller. Dauerbombardement. Als wir am nächsten Morgen aus dem Keller kamen, war der Bahnhof völlig zerstört. In einer Nacht in Schutt und Asche gelegt. Wir aber lebten noch. Weiter ging es nach Bregenz. In St. Margreten sind wir schwarz über die Grenze in die Schweiz geflohen. Der Empfang im Bahnhofbuffet St. Margreten war überwältigend. Ein paar Telefongespräche mit Bern. Alles war geregelt. Die Schweiz half ihren Auslandschweizern unkompliziert und effizient. Im Niederdorf, in Zürich, schliefen wir die erste Nacht im Hotel Hirschen. Die erste Nacht in der Heimat. Tags darauf brachte uns der Rote Pfeil über Bern, Brig nach Leuk. Endlich waren wir in unsere Burgergemeinde angekommen, das Ziel unserer fluchtartigen Reise.

 

1944 Leuk-Stadt

Damals beherrschte ich zwei Sprachen, Holländisch und Französisch. Zwei Monate später Wallissertiitsch und ordentlich Hochdeutsch. Zwei Wochen nach der Ankunft gingen wir, mein Bruder und ich, zur Schule. Die Unterschule bestand aus drei Klassen in einem Schulzimmer. Ich wurde der vierten Klasse zugeteilt. Der Mehrklassenunterricht war für den Lehrer ein harter Job. Für mich das reinste Vergnügen. Deutsch lernte ich mit der dritten Klasse. Im Rechnen war ich besser als die meisten der fünften Klasse. Diese Unterrichtsform in Leuk war für mich neu. Ein echtes Erlebnis und sehr effizient. Nach einem halben Jahr gehörte ich dazu. Ich konnte mich mit jedermann verständigen. Jetzt war ich ein echter Walliser, ein echter Leuker.

Im Frühjahr 1945 kapitulierten die Deutschen. Der Krieg war vorbei. Papa pachtete ein Hotel in Fribourg.

 

1946 Fribourg im Üechtland

Fribourg gilt als zweisprachige Stadt, Deutsch und Französisch. Letztere Sprache hat das absolute Übergewicht. Immerhin gab es eine deutschsprachige Volksschule. Dort besuchte ich die fünfte Klasse bei Herrn Lehrer Kümin. Ein Magister von altem Schrott und Korn. Immer korrekt gekleidet mit Hut, Mantel, dunkler Anzug und Krawatte. Er war ein deutschfreundlicher Herr. Im Schulzimmer wurde nur Hochsprache gesprochen. Kein Dialekt und schon gar kein Französisch. Sein wichtigstes Erziehungsinstrument war der Bambusstock. Davon machte er redlich Gebrauch.
Auf dem Pausenplatz wurde nur Französisch gesprochen. Die deutschsprachige Schule war eine Minderheit im Schulhaus. Sie belegte gerade zwei Schulzimmer. Der Turn- und der Zeichenunterricht wurde von anderen Lehrern erteilt. In französischer Sprache versteht sich. Das war für niemanden ein Problem. Nicht für die Lehrer, nicht für uns Schülern und schon gar nicht für unsere Eltern. In der Schweiz waren mehrere Sprachen im Umlauf. Jeder sprach in seiner Muttersprache. Jeder verstand den andern.
Es herrschte ein lockerer Umgang mit der Kommunikation und den Sprachen.

Gerne erinnere ich mich an die Studentenverbindung aus dem Tessin. Die Lepontia hatte besonders schöne Mützen. Nachts um halb zwei marschierten sie in Einerkolonne, vom Stamm kommend, lauthals Studentenlieder singend, die Rue de Lausanne hinan. Mitten in der Nacht. Kein Mensch störte sich am Nachtlärm. Das sind unsere Studenten. Fribourg die Studentenstadt.

 

1949 Luzern

Wieder eine schöne Zeit. Ich besuche das Gymnasium. Ich entdeckte das andere Geschlecht und ich war Scharführer der Jungwachtschar Sta. Maria. Das war meine Hauptbeschäftigung. Am Samstagnachmittag Anlässe mit jungen Knaben im Wald organisieren machte viel Freude. Die Redaktion der Scharzeitung „Grüenspächt“ brachte mir das Schreibmaschinenschreiben bei.

Das Ereignis des Jahres aber, war das Sommerlager. Ein halbes Dutzend Achtzehnjährigen leiteten während drei Wochen ein Jugendlager mit 50 Knaben im Alter von 10 bis 15 Jahren. Die volle Verantwortung für das Wohlergehen des Lagers lastete auf den Schultern dieser Burschen. Irgendwo in den Bergen verbrachten wir eine wunderbare Zeit. Einziger Erwachsener war ein Vikar der Pfarrei.
Am letzten Lagertag galt es Abschied nehmen. Ein wenig Wehmut und viele schöne Erinnerungen, von denen die Ehemaligen heute noch schwärmen, nahmen wir mit nach Hause.
Das Erwachsenwerden in Luzern habe ich sehr genossen. Aus dieser Zeit entstand eine Freundschaft von vier Männern. Heute, 60 Jahre später, besteht sie immer noch: echte Freundschaft.

 

1953 Basel

Zum ersten Mal in meinem Leben verdiene ich mein eigenes Geld als Laborant in den Laboratorien der Firma F. Hoffmann – La Roche AG. Eingetaucht in eine neue Welt. Die Welt der Arbeiter, Vorarbeiter, Meister, der Chemiker und Direktoren.
Für einen Franken verkaufte mir ein Gewerkschaftler ein Bändeli zum „Tag der Arbeit“. Vom Studenten zu Arbeiter mutiert, verbrachte ich nach Feierabend viel Zeit in den Wirtschaften Kleinbasels. Diese Freiheit genoss ich, in diesem völlig neuen Biotop, in vollen Zügen. Die neue Freiheit, eigenes Geld, eigener Beruf, absolute Entscheidungsfreiheit bei der Freizeitgestaltung. Für den Moment genoss ich dieses Leben. Für immer war das nichts. Bei Roche hatte ich gelernt: Wenn Du hier etwas werden willst, musst Du eine weissen Labormantel tragen und mit „Herr Doktor“ angesprochen werden.

 

1955 Emmen

Ich beschloss, Chemiker zu werden. Das Geld dazu verdiente ich, indem ich Militärdienst leistete. Roche war eine großzügige Firma. Alle höhere Chefs waren ausnahmslos Offiziere. Fast eine Voraussetzung, um in der Firma Karriere zu machen. Während meines ganzen Militärdienstes blieb ich angestellt und verdiente die Hälfte meines normalen Lohnes. Also los: Rekrutenschule – Unteroffiziersschule – Korporal – Korporalabverdienen.
Im September 1955 war ich wieder im Labor bei Dr. Paul Müller. Im Oktober kündigte ich meine Stelle. Der Personalchef überreichte mir 4482 Franken. Das war der Grundstein für das Studium.

 

1956 Zürich

Eingeschrieben in der Abteilung IV der ETHZ nahm ich das Studium zum Chemieingenieur in Angriff. Zwischendurch leistete ich Militärdienst. Als ich Leutnant war, hatte ich auch das erste und zweite Vordiplom erfolgreich bestanden.
Das Studium lief gut. War man einmal nicht in der Vorlesung, so kopierte ein Kommilitone den Text, indem er ein Kohlepapier in sein Kollegheft legte. Mit einem guten Kugelschreiber wurde so ein guter Durchschlag erzeugt. Fotokopieren kam nicht infrage. Das war damals, 1957, ein fotografischer Prozess, welcher pro A4 Seite circa 20 Minuten in Anspruch nahm.
Ich war sehr auf die durchschreibende Kommilitonen angewiesen. Im fünften und sechsten Semester betrieb ich das Studium nur noch im Nebenamt. Im Hauptamt war ich Redaktor der Studentenzeitung „Zürcher- St. Gallerstudent“.
Ganz wichtig; darüber hinaus war ich Präsident des Polyballs. Der Polyball war damals der wichtigste gesellschaftliche Anlass in der Stadt. Rund 6000 Gäste wurden erwartet. Für jedermann war klar, dass das organisieren von 10 Musikbands, 8 Restaurants, das Dekorieren des gesamten Hauptgebäudes an der Rämistrasse, die Suche nach Sponsoren, das Abhalten von Pressekonferenzen und der Verkehr mit der Feuerpolizei, wenig Zeit fürs Studium übrig liess. Zeitlich hat mein Studium nicht gelitten. Für den Ingenieur brauchte ich 8 Semester, für das Doktorat gleichviel.

 

1966 wieder in Basel

Wieder arbeitete ich bei Roche in Basel und wurde dort mit „Herr Doktor“ angeredet. Eine stattliche Familie war auch schon beisammen. Doris Schultheiß war seit sieben Jahren meine Frau. Zwei Töchter, Christine und Susanna besuchten schon den Kindergarten und eine dritte Dame war unterwegs. Zu dieser Zeit pflegten wir eine echt bürgerliche Ehe. Ich hatte Zeit für Frau und Kind und genoss das gewöhnliche Leben. Mit Doris ins Theater. Mit den Kindern in den Zoo. Einen Bastelraum im Keller.
Alles so ordentlich, so geregelt, so problemlos, so bürgerlich, so langweilig. Doris und ich beschlossen die wunderbare Lebensstelle bei Roche zu kündigen und etwas Spannenderes zu suchen.

 

1969 Glattbrugg

Hier war ich der verantwortliche Leiter der Firma Polymetron. Ganz neue Aufgaben mussten erledigt werden. Einkauf, Lager, Fabrikation, Qualitätssicherung Verkauf und Marketing. Polymetron stellte elektrochemische Messgeräte her. Mit einem Fuß stand ich immer noch in der Chemie, mit dem andern, in das von mir noch völlig unbekannte Gebiet der Betriebswirtschaft.
Eine neue Epoche in meinem Leben hatte begonnen.
Von dem Vielen, was ich am Poly gelernt hatte, konnte ich recht wenig gebrauchen. Ich hatte keine Ahnung von Budgets, Betriebsrechnungen, einem Marketingplan. Im Geschäftsalltag lernt man schnell. Zum ersten Mal in meinem Leben kamen meine wirklichen Talente zum Tragen: Organisation und Menschenführung.

 

1971 Gossau im Zürcher Oberland

Ein eigenes Haus. Doris hatte es ausfindig gemacht. Ich besorgte die Finanzierung. Unser Eigenkapital betrug 12’000 Franken. Das Haus kostete 360’000. Ohne die Unterstützung von Walter Hess, dem Direktionspräsidenten der Muttergesellschaft Zellweger, wären wir nie zu einem Eigenheim gekommen.
Das Familienleben veränderte sich. Inzwischen hatten wir vier Töchter. Doris wurde Lehrerin an der Primarschule Gossau. Ich wurde den Geschäftsmann, der stets auf Achse war. Wir brauchten eine Haushalthilfe, eine Haushälterin. Wir fanden sie in Frau Kälin. Sie sollte während über dreißig Jahre unseren Haushalt schmeissen.

 

1978 Bad Ragaz

Bei Polymetron hatte ich meine Lehre als Betriebswirt absolviert. Was mir noch fehlte, war der direkte Verkehr mit den Banken und mit den Gewerkschaften. Ich suchte einen Job als Direktionspräsidenten einer Firma und fand sie bei Elesta in Ragaz. Jetzt war gar nichts mehr von der Chemie gefragt. Nur noch Schalterbau – ein/aus. Genau so wie Polymetron, schrieb auch die Elesta blutrote Zahlen in der Bilanz. Beide Firmen hatte ich wieder in ruhigeren Gewässern geführt. Es wurde wieder Gewinn erwirtschaftet. Mir haftete der Ruf an, angeschlagene Firmen zu sanieren. Die Headhunter in Zürich wurden auf mich aufmerksam. Egon Zehnder, die Nummer eins auf diesem Gebiet, hatte ein Mandat von Sprecher + Schuh in der Schublade. Man kam auf mich zu. Ich sagte zu.

 

1982 Aarau

Auch diese Firma musste umstrukturiert werden. Dieselbe Routine wie bei Elesta und Polymetron.
An dieser Stelle ist es angebracht, Gedanken zur Ausbildung und Erwerbstätigkeit zu verlieren. In meinem Leben lernte ich, dass es im Grunde gar nicht so wichtig ist, was man lernt oder studiert. Wichtig ist, dass man eine Lehre, ein Studium anpackt und es erfolgreich abschliesst. Den Beweis erbringt, ein Projekt anzupacken und es bis zum Schluss durchzustehen und erfolgreich abschließen zu können. So hatte ich auch verschiedene Berufe in meinem Leben. Laborant – Chemieingenieur – promovierter Chemiker – Betriebswirt – Direktionspräsident – Volkswirt – Präsident von börsenkotierten Unternehmen.
Es kommt immer auf dasselbe hinaus: „Unternehmensführung ist Menschenführung.“ Dabei spielt es keine Rolle in welcher Branche, in welchem Wirtschaftszweig, das Unternehmen sein Geld verdient. Drei Wochen intensiven Studiums des Marktes und der Konkurrenz genügen, um ein neues Geschäft erfolgreich zu führen.

 

2015 wieder Gossau ZH

Heute an meinem 82. Geburtstag bin ich ein zufriedener, ja glücklicher Mensch. Ich kann auf ein reichhaltiges, bewegtes und spannendes Leben zurückblicken. Es freut mich, dass ich immer noch neue Erfahrungen machen kann. Sie reihen sich an die Kette der Erkenntnisse und Erlebnisse meines Lebens und lernen mir Folgendes: In Zukunft brauche ich für alles mehr Zeit. Die Konzentrationsfähigkeit nimmt ab. Ebenso die physikalische Spannkraft. Kleine gesundheitliche Eigentümlichkeiten stellen sich ein.
Dieser Geburtstag ist ein weiterer Meilenstein auf meinem Lebensweg. Heute ist der der Anfang eines neuen Lebensabschnitts. Ich werde ihn mit mehr Vorsicht und Bedachtsamkeit angehen. Aber nicht mit weniger Neugierde und weniger Schaffensfreude.

Auf geht’s zu neuen Ufern.

 

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