Sport

Ce jour d’hui, il y a de ça 89 ans, le soleil couchant m’accueillit par une exceptionnelle chaude journée d’août. Pour le dire d’emblée, le bilan de ma vie est positif. J’ai eu et ai toujours encore une belle vie. C’était avant tout une vie heureuse. Une vie marquée par des victoires et des défaites. Des grandes joies et des jours tristes. Dans des moments calmes, il arrive que des époques de mon existence terrestre surgissent brusquement. Depuis mon quatrième anniversaire, je me souviens de presque tout. C’est surtout lors des anniversaires que cette remémoration a lieu. La plupart du temps, il s’agit des cours de gymnastique et de mes performances sportives.

Je n’oublierai jamais ma première leçon de gymnastique à l’école primaire. La salle me semblait immensément grande. Vu l’époque, 1939, l’enseignant était plutôt progressiste et pédagogiquement doué. Nous n’étions pas des garçons au cours de gymnastique. Nous étions des pompiers. Nous devions éteindre un grand incendie qui se propageait. Les pompiers devaient grimper aux échelles. Dans notre cas, il s’agissait des échelons muraux. De la main gauche, nous tenions le tuyau d’incendie imaginaire. Nous devions l’utiliser pour asperger le foyer d’incendie avec de l’eau. J’avais les pieds sur le troisième barreau. De la main droite, je me tenais à un barreau à hauteur de la tête. Il fallait balancer fermement la main gauche d’avant en arrière pour éteindre le feu le plus rapidement possible. Je n’avais pas du tout apprécié l’exercice. Et ne me sentais pas en sécurité, je ne trouvais pas ça drôle pour un sou. J’avais peur.
Le comble de l’horreur avait toujours lieu à la fin du cours de gymnastique: le jeu de balle aux prisonniers! Les équipes étaient à chaque fois recomposées. Deux capitaines, les deux cracks sur le terrain de gymnastique, choisissaient à tour de rôle un élève dans leur équipe parmi leurs camarades. J’étais toujours choisi en dernier. Et toujours le premier à être abattu. Dans le champ des abattus, mes camarades me reléguaient immédiatement dans le coin le plus éloigné. Jamais de ma vie je n’avais attrapé une balle, et encore moins tiré sur quelqu’un, lors des nombreux matchs de balle aux prisonniers.
Avec l’âge, les cours de gymnastique devinrent de plus en plus exigeants et, pour moi, de plus en plus détestables. S’entraîner à la barre fixe. Cela dura des mois avant que je ne parvienne à passer enfin la barre et à m’appuyer sur elle, en gigotant violemment avec les jambes. La montée des genoux, ça allait un petit peu mieux. Seulement qu’une fois arrivé en haut, je perdais généralement l’équilibre et retombais en tourbillonnant. Je n’ai jamais réussi à me hisser de la suspension à la barre fixe jusqu’à ce que mon menton passe au-dessus de l’horizontale. La barre fixe était un cauchemar. Le cours de gymnastique, l’enfer. Pire encore que la barre fixe était le cheval d’arçons. Une structure en cuir à quatre pattes qu’il fallait sauter par-dessus dans le sens de la longueur. Je prenais mon élan comme un forcené. Saute! Au lieu d’atterrir derrière le cheval comme cela aurait dû être le cas, je me retrouvais assis à califourchon comme un jockey au beau milieu de l’engin de gymnastique, sous l’hilarité générale.

Plus tard, dans ma vie professionnelle, je suis devenu membre du club de tennis de Wetzikon. C’était l’époque où le tennis perdait son statut de sport d’élite pour devenir un sport populaire. C’était l’époque d’Ivan Lendl et de Steffi Graf. Pour moi, le tennis n’était que ce jeu avec une balle et une raquette. J’aimais les allers et retours par-dessus le filet. On me disait même que j’avais un bon toucher de balle. Pourtant, à part quelques débutants, je ne trouvais pas de vrais partenaires de jeu. Tout le monde voulait un match. Tout le monde voulait gagner. Tout le monde se donnait l’impression d’être un petit Boris Becker ou une petite Martina Hingis. Au travail, j’avais suffisamment d’occasions de me battre contre des concurrents et, si possible, de gagner. Dans mes loisirs, je voulais jouer, pas gagner. Il ne m’a pas fallu trop longtemps pour comprendre que je n’étais pas à ma place sur un court de tennis.
Il me restait le jogging. Déambuler au petit galop au milieu de la nature. La plupart du temps, j’étais seul. Cela avait ses avantages. Personne qui s’obstinait à me motiver à courir et suinter sudorifiquement. J’avais mon trot propre. Les bonnes idées me venaient comme ça. Les meilleures idées me venaient en faisant mon jogging. Je trouvais des solutions plausibles à de nombreux problèmes professionnels lors de mes randonnées.
Le cas était clair. J’étais tout, sauf un sportif. J’étais né casanier. Mais malgré mon manque d’activité physique, j’ai réussi à vivre en bonne santé jusqu’à presque 90 ans. Je trouve cela extraordinaire, et je suis reconnaissant qu’il en soit ainsi.

Les pantouflards ont le temps de penser. Pourquoi mes meilleurs amis insistaient-ils toujours pour me faire faire du sport et de l’exercice? Je ne suis pas fait pour ça. Je ne peux plus l’entendre. “Pense à ta santé”. “Va régulièrement faire un check-up.” “Cours six kilomètres par jour.” “Ainsi, tu resteras en forme jusqu’à un âge avancé.” C’est l’opinion partagée par les profanes pour rester en bonne santé. Sauf qu’elle est fausse. L’idée naïve, selon laquelle si tous les citoyens suivaient les conseils forfaitaires susmentionnés, la santé publique se porterait mieux, il y aurait besoin de moins de soins sanitaires, est fausse. Il n’y a pas de fontaine de jouvence qui donnerait de la jeunesse à tout le monde. Je suis resté en bonne santé jusqu’à ce jour sans suivre tous ces conseils bien intentionnés, et j’en suis très reconnaissant. Pourquoi ne veut-on pas admettre que chaque personne est une édition originale, un individu unique, un exemplaire particulier. Une production inédite dotée de dons, talents et prédispositions personnels? Que chacun a sa propre voix intérieure? Une voix qu’il devrait écouter. Pour qu’elle puisse prendre les choses en main et surveiller sa propre santé. Que le corps fait exactement ce dont il a besoin, et lui seul, pour vivre en paix ?

Nos générations précédentes vivaient ainsi. En règle générale, elles étaient en bonne santé. S’il leurs manquait quelque chose, il y avait toute une série de remèdes de bonne femme qui étaient là pour soulager les maux. Si l’on se cassait le bras, on allait chez le médecin. Mais si l’on tombait gravement malade et que l’on ne pouvait plus être aidé, on savait que c’était la fin. Cela faisait partie de la vie. C’est la vie.
Entre-temps, m’a-t-on dit, de grands progrès ont été réalisés dans les soins médicaux. C’est certainement le cas. Le secteur sanitaire est devenu un facteur industriel important. Avec tout ce qui fait partie de cette industrie. D’excellents produits. Une production sophistiquée. Des possibilités de diagnostic professionnel. Un réseau de distribution qui couvre tout. Le client est assuré contre la maladie. La tentation de s’approvisionner généreusement, même si ce n’est pas absolument nécessaire, pour amortir une partie des primes payées, ne guette-t-elle pas?
Se pourrait-il que l’on soit devenu enclin à se servir comme dans un supermarché de la santé, sans qu’il y ait une raison médicale à cela ? Je ne le sais pas.

Mais je sais ceci. Pour rester en bonne santé, chacun doit prendre soin de lui-même et veiller à ce qu’il reçoive exactement les soins dont il a besoin en tant qu’individu. Il n’y a pas de solutions forfaitaires.

Et les conseils de profanes ne sont pas de grande utilité.

 

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Stau

Letzthin hatte ich wieder Gelegenheit, mit dem Auto nach Basel gefahren zu werden. Autofahren ist für mich dann am schönsten, wenn ich nicht am Steuer sitzen muss. Ein guter Autofahrer war ich nie. Freude an der Geschwindigkeit ist eine Empfindung, die ich nicht geniesse. Nicht beim Skifahren, nicht beim Velofahren und schon gar nicht beim Autofahren. Autos interessierten mich nie. Noch nie war ich am Autosalon in Genf. Für mich ist das Auto ein reines Transportmittel. Es muss praktisch und zuverlässig sein und mich ohne Pannen von A nach B bringen. Ich bin der geborene Beifahrer. Ob im Zug oder im Auto, wenn die Landschaft am Fenster vorbeizieht, kommen mir die besten Gedanken. So sind viele meiner Kolumnen, Vorträge, Publikationen, sogar die Vorworte zum Geschäftsbericht, entstanden.

Vor ein paar Wochen erlebte ich wieder einmal das angenehme Gefühl des Beifahrens. Die Strecke war mir bekannt. War sie doch Teil meines Berufsweges, als ich in Aarau arbeitete. Tausend Mal bin ich zur Arbeit gefahren worden. Das war vor dreissig Jahren. Damals nannten wir den Berufsverkehr schon sehr dicht. Es gab schon immer viele Autos. Was ich heute auf der Fahrt nach Basel erlebte, empfand ich als dramatisch. Sicher doppelt so viele Fahrzeuge waren heute unterwegs. Schwere Laster, viele Kleinbusse und Personenwagen ohne Zahl. Stossstange an Stossstange schob sich die Masse voran. Die Autobahn war proppenvoll. Die Autos bewegten sich von Staupunkt zu Staupunkt. Jedes seinem Ziel entgegen. Es machte mich nachdenklich. Da nicht am Steuer sitzend, konnte ich denken. Allerlei schoss mir durch den Kopf.

Erster Gedanke: Die Fahrzeit
Von flüssigem Verkehr konnte keine Rede sein. Immer wieder kam der Fluss ins Stocken, gab es Staus. Baustellen, Einmündungen von rechts, Tempobeschränkungen, Umfahrungen, der Wechsel von drei auf zwei Spuren. Diese Unregelmässigkeiten im Tempo liessen das Gefühl aufkommen, man komme nicht vom Fleck, komme nicht rechtzeitig ans Ziel. Das stimmte nicht ganz. Erstaunlicherweise war die Fahrzeit von zuhause nach Aarau ungefähr gleich wie vor dreissig Jahren. Ein Phänomen, das ich nie vorausgesagt hätte.

Zweiter Gedanke: Warum?
Warum quälen sich diese Menschen Tag für Tag fahrend auf die Strasse? Sie verlieren Zeit, die für besseres zu benützen wäre. Um pannenfrei ans Ziel zu kommen, verlangt die Fahrerei viel Aufmerksamkeit. Sie investieren dafür viel persönliche Energie. Da gibt es doch die erstklassigen Segnungen des öffentlichen Verkehrs. Kein Stress, viel Zeit für anderes. Die Antwort liegt auf der Hand. Der Vorteil der Punkt-Punkt-Verbindung ist der Trumpfbauer des Individualverkehrs. Keine Fragen wie «Finde ich noch einen Parkplatz beim Bahnhof?» «Hoffentlich habe ich einen guten Sitzplatz im Zug.» «Wie lange muss ich wohl auf das nächste Tram warten?“
Von zuhause bis ins Ziel ohne umsteigen, ohne Fussmarsch vom Parkplatz bis zum Zug, das ist sehr verlockend. Da liegen schon ein paar Ärgernisse unterwegs drin.

Dritter Gedanke: Freiheit
Ein weiteres Phänomen. In jedem Fahrzeug sitzt nur eine Person. Das war vor dreissig Jahren nicht anders. Immer war vom «Carsharing», diesem Bestandteil der kombinierten Mobilität, die Rede. Es hat sich bis heute nicht realisiert. Das Auto bringt Freiheit. Die Abfahrzeit wird ohne Absprache mit Zweiten entschieden. Ebenso die Route und die Möglichkeit, auf dem Heimweg noch rasch beim Bäcker vorbeizugehen. Die grosse Versuchung des Individualverkehrs heisst Entscheidungsfreiheit. Frei sein! Ungebunden vom Fahrplan, vom Wohnort der Berufskollegen und von Wünschen anderer. Das ist der Grund, warum bald jeder Erwachsener heute ein Auto fährt.

Vierter Gedanke: Verbesserungen
Sollte da nicht etwas für die Verbesserung des Verkehrsflusses getan werden müssen? Gesteuerte Ampeln, Flüsterbeton, Autoradio Schweiz informiert dauernd und liefert Tricks schnell voranzukommen. Das könnte funktionieren, wären da nicht die notwendigen Baustellen. Bei einem so grossen Verkehrsaufkommen wird die Infrastruktur entsprechend beansprucht. Was Unterhalts- und Verbesserungsarbeit erzwingt.

Fünfter Gedanke: Alles fliesst.
Wir sind schon durch den Bözberg. Wir sind im Fricktal. Wo sind bloss die vielen Autos geblieben? Auf der Autobahn nach Basel herrscht Verkehr wie vor fünfzig Jahren. Ein paar Lastwagen, ein paar Kleinbusse und wenige PWs. „Panta rhei, alles fliesst“ sagte schon Heraklit. Natürlich! Es gibt Hauptverkehrsadern wie von Zürich nach Bern via Önsingen und Nebenstrassen wie im Rhonetal oder im Fricktal. Dort, wo sehr viel Verkehr herrscht, müssen bessere Verbindungen her. Also breitere Stassen bauen. Amerika hat es uns vorgemacht. Statt lahme zwei Spuren deren vier oder gar sechs. Geht auch nicht. Verschwendung von Kulturland, tönt es aus dem politischen Lager der Grünen.

Sechster Gedanke: Später nachdenken
Kurz vor Birsfelden geht mir ein Licht auf. Es geht gar nicht um Autos, es geht um Menschen. Seit den sechziger Jahren des letzten Jahrhunderts wohnen 55% mehr Erwachsene in der Schweiz. Und diese Schweiz ist kein Quadratmeter grösser als damals. Da wird es eng. Ich bin inzwischen am Ziel.

Über diesen Gedanken muss ich ein andermal nachdenken.

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Enbouteillage

Dernièrement, j’ai à nouveau eu l’occasion de me faire voiturer à Bâle. Pour moi, le meilleur moment de la conduite, c’est quand je ne dois pas moi-même prendre le volant. Je n’ai jamais été un bon conducteur. L’ivresse de la vitesse est une des sensations que je n’apprécie guère. Ni en skiant, ni en pédalant à vélo et encore moins en conduisant. Les voitures ne m’ont jamais intéressé. Je ne suis jamais allé au salon de l’automobile de Genève. Pour moi, la voiture n’est rien qu’un moyen de transport. Elle doit être pratique et fiable et m’emmener d’un point A à un point B sans tomber en panne. Moi, je suis le convoyeur né. Que ce soit dans le train ou dans la voiture, lorsque le paysage défile devant ma vitre, les meilleures pensées me viennent. C’est ainsi que sont nées nombre de mes chroniques, conférences, publications, et même les préfaces de rapports annuels.

Il y a quelques semaines, j’ai à nouveau éprouvé l’agréable sensation du convoyage en voiture. Le trajet m’était familier. Il faisait partie de mon parcours professionnel lorsque je travaillais à Aarau. J’ai été conduit mille fois au travail. C’était il y a trente ans. A l’époque, nous ressentions déjà le trafic urbain comme étant très dense. Il y avait déjà beaucoup de voitures. Par contre, ce que j’ai vécu aujourd’hui en me rendant à Bâle, je l’ai trouvé dramatique. Il y a aujourd’hui certainement plus du double de véhicules en circulation. Des semi-remorques lourdes, de nombreux minibus et une foultitude de voitures. Pare-chocs contre pare-chocs, la masse avançait. L’autoroute était pleine à craquer. Les voitures se déplaçaient de point d’embouteillage en point d’embouteillage. Chacun cinglait vers sa destination. Cela m’a fait réfléchir. N’étant pas au volant, je pouvais réfléchir. Toutes sortes de choses me sont passées par la tête.

Première pensée: la durée du trajet
On ne pouvait pas parler d’une circulation fluide. Le flux était sans cesse ralenti, il y avait les embouteillages. Des travaux, des débouchés à droite, des limitations de vitesse, des contournements, le passage de trois à deux voies. Ces irrégularités de la vitesse donnaient le sentiment de ne pas avancer d’un pouce, de ne pas arriver à temps à destination. Ce qui n’était pas tout à fait vrai. Étonnamment, la durée du trajet entre ma maison et Aarau était à peu près le même qu’il y a trente ans. Un phénomène que je n’aurais jamais prédit.

Deuxième réflexion: pourquoi?
Pourquoi ces gens se torturent-ils jour après jour en prenant la route? Ils perdent du temps qui pourrait être utilisé à d’autres fins. Pour arriver à destination sans tomber en panne, la conduite demande beaucoup d’attention. Ils y investissent beaucoup d’énergie personnelle. Il y a pourtant les bienfaits de premier ordre des transports publics. Pas de stress, beaucoup de temps pour autre chose. La réponse est évidente. L’avantage de la liaison point à point est l’atout majeur du transport individuel. Pas de questions du genre “Est-ce que je vais trouver une place de parking près de la gare?” “J’espère que j’aurai une bonne place dans le train.” “Combien de temps dois-je attendre le prochain tram?”

Aller de chez soi vers le but avisé sans changer de train, sans une marche à pied du parking au train, c’est très tentant. On accepte déjà quelques désagréments en cours de route.

Troisième idée: la liberté
Un autre phénomène. Il n’y a qu’une seule personne par véhicule. Il y a trente ans, cela n’était pas différent. On parlait toujours du “car sharing”, cette composante de la mobilité combinée. Elle ne s’est pas concrétisée jusqu’à ce jour. La voiture donne une liberté. L’heure de départ est décidée sans concertation avec quelqu’un d’autre. De même que l’itinéraire et la possibilité de s’arrêter rapidement à la boulangerie en rentrant chez soi. La grande tentation du transport individuel est la liberté de décision. Être libre! Ne pas être lié aux horaires, au domicile des collègues de travail et aux souhaits d’autrui. C’est la raison pour laquelle presque chaque adulte conduit aujourd’hui une voiture.

Quatrième idée: des améliorations
Ne faudrait-il pas faire quelque chose pour améliorer la fluidité du trafic? Feux de signalisation synchronisés, revêtements silencieux, radio suisse informant en permanence et fournissant des astuces pour avancer rapidement. Cela pourrait fonctionner s’il n’y avait pas les inévitables chantiers nécessaires au maintien. Avec un tel volume de trafic, l’infrastructure est conséquemment mise à rude contribution. Ce qui oblige à effectuer des travaux d’entretien et d’amélioration.

Cinquième idée: tout s’écoule.
Nous avons traversé le Bözberg. Nous sommes dans le Fricktal. Mais où sont passées toutes les voitures? Sur l’autoroute qui mène à Bâle, le trafic est le même qu’il y a cinquante ans. Quelques camions, quelques minibus et quelques voitures. “Panta rhei, tout s’écoule”, disait déjà Héraclite. Bien sûr! Il y a des artères principales, comme celle qui relie Zurich à Berne via Oensingen, et des routes secondaires, comme dans la vallée du Rhône ou dans le Fricktal. Là où il y a beaucoup de trafic, il faut méliorer les liaisons. Il faudrait donc construire des routes plus larges. L’Amérique nous en a donné l’exemple. Au lieu de deux voies boiteuses, allons-y pour quatre ou voire même six. Mais ce n’est pas possible non plus. Un gaspillage de terres arables, entend-on dans le camp politique des Verts.

Sixième pensée: réfléchir plus tard
Peu avant Birsfelden, une lumière se fait jour dans mon esprit. Il ne s’agit pas du tout de voitures, mais de personnes. Depuis les années soixante du siècle dernier, 55% d’adultes en plus vivent en Suisse. Et cette Suisse n’est pas plus grande d’un mètre carré qu’à l’époque. On est à l’étroit. Entre-temps, je suis arrivé à destination.

Il faudra que je réfléchisse à ça une autre fois.

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Sonnenaufgang

Als ich noch im Erwerbsleben stand, war ich oft früh auf den Beinen. Das Erwachen des Tages mitzuerleben, war stets eine erfreuliche Episode. Ein richtiger Aufsteller. Das ist lange her. Meistens verschlafe ich heute den Tagesbeginn. Neulich allerdings war ich um vier Uhr früh wach. Einfach wach und munter. Ausgeschlafen umfing mich eine stockdunkle Nacht. Es packte mich, an diesem milden Vorsommerstag wieder einmal den Tagesanbruch zu erleben. So sass ich, noch mitten in der Nacht im Bademantel eingehüllt, auf der Terrasse. Ganz Nacht war es, um ehrlich zu sein, nicht mehr. Am Horizont entwickelte sich ein dunkles Grau. Vogelgesang kündigte das bevorstehende Auftauchen der Sonne an. Stille wechselte sich ab mit leisem Gezwitscher, das immer lauter, immer fröhlicher wurde. Am Horizont wird es schon etwas heller. Der Tag erwacht. Noch ist keine Sonne sichtbar. Venus räkelt sich noch in den Wolken. Sie kämpfen gegen das sich entwickelnde Licht. Ein besonderes Bild, dieser Zweikampf. Dunkelschwarze Wolken vor einem etwas helleren blau-grauen Hintergrund. An ihren Rändern entstehen silberne Streifen. Der goldene Hahn auf dem Kirchturm zeigt sich strahlend gelb. Unübersehbar wie ein Fixstern. Das Häuserdorf rund um den Turm nimmt bedächtig Struktur an. Die Nachbarskatze, bereits auf Mäusejagd, schleicht an mir vorbei. Der Vogelgesang verstummt. Gefahr in Sicht. Achtung Katze. Dann der erste Sonnenstrahl. Gleichzeitig entsteht am Himmel ein Gemälde von Schatten und Licht. Das Bild ist nur von kurzer Dauer, die Sonne obsiegt. Spatzen, Amsel, Meisen, Elster und Krähen rascheln im Gebüsch. Der Milan zieht majestätisch seine Kreise. So prachtvoll wie heute ist es nicht immer. Das Wetter macht, was es will. Wir werden nicht gefragt. Wir sind die Konsumenten, die dem Wettergott keinerlei Aufträge erteilen können.

Der neue Tag muss nicht immer so grossartig aufstehen wie heute. Da gibt es Tage, an denen es gar nicht richtig hell wird. Kein Sonnenstrahl weit und breit. Alles bleibt ins Grau der Dämmerung gehüllt. Fehlt nur noch der Regen. Dann kann ich in den Morgenstunden noch so wach sein, vom Aufstehen und ins Freie Gehen kann keine Rede sein. Für solche Situationen, sie sind gar nicht so selten, halte ich eine regelrechte Liste von Ausreden parat. „Ein paar Zeilen lesen wäre jetzt schön.“ „Ich habe ja Zeit.“ „Ich kann es mir leisten liegen zu bleiben.“
Nicht so heute im Bademantel auf der Terrasse.

Der neue Tag ist da. Mit ihm erwacht die Welt. Autotüren schlagen zu, Motoren heulen auf, Schüler flitzen auf ihren Rädern der Schule entgegen. Wieder einmal erleben, wie der Alltag Anlauf nimmt. Was er wohl bringt, dieser neue Tag? So früh am Morgen bin ich in der Regel noch in Morpheus‘ Armen. Höchstens nur ein Auge offen, und gar keine Motivation, den Schlaf abzubrechen. Hier auf der Terrasse aber, nach einem beeindruckenden Tagesanbruch, bin ich voller Optimismus. Dieser Tag kann nur Gutes bringen. Schlechtes Wetter ist nicht in Sicht.

Da passiert, was nie passiert. Das Telefon klingelt. Um halb sieben in der Früh. Alice ist am Apparat, die Frau meines alten Bekannten Hugo. Hugo wurde mitten in der Nacht vom Notarzt abgeholt. Er liegt jetzt in der Notfallstation. Morgen wird er operiert. Ein Tumor im Kopf. Schlimm. Das sind leidige Augenblicke, wo mir die Worte wegbleiben. Die glänzende Morgendämmerung wird von der bevorstehenden Todesnachricht eines geschätzten Kameraden abgelöst. Unbarmherzig präsentiert das Leben, was es ist. Ein Schreiten durch die Zeit, in der alles nebeneinander und ungefragt stattfindet. Angst und Freude sind zwei unterschiedliche Geschwister, die uns stets wieder begegnen. Mit sich tragen sie die Hoffnung. Hoffnung hat landläufig keinen guten Ruf. Wahrgenommen wird sie als tatenloses Warten auf ein Wunder. Das sehe ich ganz anders.

Hoffnung hat nichts mit Naivität und blindem Zukunftsvertrauen zu tun. Im Gegenteil, Hoffnung ist ein Mittel, auf die Frage „wie könnte es auch noch sein“ eine Antwort zu finden. Hoffnung ist bei mir vor allem ein Hinterfragen der ungemütlichen Lage, in der man sich gerade befindet. Hoffnung kann ein mächtiger Antrieb sein weiterzumachen, sich gegen Widerstände aufzubäumen, durchzuhalten. Egal, wie schlecht die Lage ist, man bleibt zuversichtlich. Die Hoffnung fixiert einen Punkt in der Ferne, an dem man sich orientieren, ihn ansteuern kann. Hoffnung nährt den Wunsch zu leben.
Zurück zum Sonnenaufgang. Auch wenn die Nachricht von Alice düster ist und trist, sie gibt auch Hoffnung. “Solange ich atme, hoffe ich“, sagte Alice. Und dies zurecht. Die Operation ist gelungen. Der Tumor war nicht bösartig.

Der Sonnenaufgang steht hier als Fanal, als Zeichen dafür, dass die Ergebnisse in der Regel besser sind als sie in der Vorstellung ausgedacht wurden. Die Sonne scheint immer wieder.

 

 

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Le levant

Lorsque j’étais encore dans la vie active, je me levais souvent tôt. Assister à l’éveil du jour était toujours un épisode réjouissant. Un vrai metteur en forme. C’était il y a longtemps. En ce jour d’hui, je dors généralement en début de journée. Mais l’autre jour, j’étais réveillé à quatre heures du matin. Tout simplement éveillé et alerte. Après une bonne nuit de sommeil, j’étais enveloppé par la nuit encore noire. En cette douce journée de début d’été, j’avais envie de revivre une fois de plus l’aube. Je me suis donc installé sur la terrasse, enveloppé dans mon peignoir, en plein milieu de la nuit. Pour être tout à fait honnête, il ne faisait plus tout à fait nuit. Un gris sombre se développait à l’horizon. Des chants d’oiseaux annonçaient l’arrivée imminente du soleil. Le silence alternait avec des légers gazouillis, de plus en plus intenses, de plus en plus joyeux. À l’horizon, l’aube commence à poindre. Le jour s’éveille. Le soleil n’est pas encore visible. Vénus s’étire encore de dans les nuages. Ils luttent contre la lumière naissante. Une image particulière que ce duel. Ces nuages sombres, noirs sur un fond bleu-gris un peu plus diaphane. Des bandes argentées naissent sur leurs bords. Le coq doré juché sur le clocher de l’église se pare d’un jaune éclatant. Incontournable, comme une étoile fixe. Les maisons du village massés auprès de la tour se structurent lentement. Le chat du voisin, déjà en chasse aux souris, passe à pas feutrés devant moi. Le chant des oiseaux se tait soudainement. Danger en vue. Attention au chat. Puis le premier rayon de soleil. Simultanément se compose une peinture d’ombre et de lumière en plein ciel. Le tableau est de courte durée, le soleil l’emporte. Moineaux, merle, mésanges, pie et corneilles bruissent dans les buissons. Le milan tournoie majestueusement ses cercles. Ce n’est pas toujours aussi somptueux comme aujourd’hui. Le temps fait ce qu’il veut. Nous ne sommes pas consultés. Nous ne sommes que des consommateurs qui ne peuvent pas passer de commandes au Seigneur de la météo.

L’aube ne doit pas toujours être aussi grandiose qu’aujourd’hui. Il y a des jours où il ne semble pas vraiment devenir clair. Pas un rayon de soleil à la ronde. Tout reste enveloppé dans la grisaille du crépuscule. Ne manque plus que la pluie. J’ai beau être déjà éveillé un matin comme ça, il est hors de question de se lever ou de sortir. Pour ce genre de situations, qui ne sont pas si rares, j’ai une véritable liste d’excuses à disposition. “Lire quelques lignes maintenant, ce serait bien”. “J’ai encore bien le temps”. “Je peux me permettre de rester couché”.Mais ce n’est pas le cas aujourd’hui, en peignoir sur la terrasse.
Le nouveau jour est bien là. Avec lui se réveille le monde. Les portières des voitures claquent, les moteurs hurlent, les élèves filent sur leurs vélos vers l’école. Voir une fois de plus le quotidien prendre son envol. Que nous réserve donc cette nouvelle journée ? En général, si tôt le matin, je suis encore dans les bras de Morphée. Tout au plus un œil entr’ouvert et pas la moindre motivation pour interrompre le sommeil. Mais ici, sur la terrasse, après un lever de soleil impressionnant, je suis plein d’optimisme. Cette journée ne peut apporter que du bon. Le mauvais temps n’est pas en vue.

Il se passe ce qui n’arrive jamais. Le téléphone sonne. À six heures et demie du matin. Alice est au bout du fil, l’épouse de ma vieille connaissance Hugo. Hugo a été pris en charge par le SAMU (Service d’aide médicale d’urgence) au milieu de la nuit. Il est maintenant aux urgences. Il sera opéré demain. Une tumeur à la tête. C’est grave. Ce sont des moments pénibles où les mots me manquent. L’aube brillante est remplacée par l’annonce imminente de la mort d’un camarade estimé. Impitoyable, la vie présente ce qu’elle est. Une marche à travers le temps où tout le non demandé se côtoie sans se poser de questions. La peur et la joie sont deux frères et sœurs différents que nous rencontrons toujours. Ils portent en eux l’espoir. L’espoir qui n’a généralement pas bonne réputation. Il est perçu comme une attente passive d’un miracle. Je vois les choses différemment.

L’espoir n’a rien à voir avec la naïveté et la confiance aveugle en l’avenir. Au contraire, l’espoir est un moyen de trouver une réponse à la question “comment cela pourrait-il encore être”. Chez moi, l’espoir est avant tout une remise en question de la situation inconfortable dans laquelle on se trouve actuellement. L’espoir peut être un puissant moteur pour continuer, se dresser contre les adversités, persévérer. Qu’importe si la situation est mauvaise, on reste confiant. L’espoir fixe un point à l’horizon vers lequel on peut s’orienter, se diriger. L’espoir nourrit le désir de vivre.
Revenons au lever du soleil. Même si le message d’Alice est sombre et morose, il donne aussi de l’espoir. “Tant que je respire, j’espère”, dit Alice. Et ce à juste titre, car l’opération a réussi. La tumeur n’était pas maligne.

Le lever du soleil est ici un fanal, un signe que les résultats réels sont généralement meilleurs que tout ce qui a été conjecturé.
Le soleil brille encore et toujours.

 

 

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Schelmenturm

So nennt die Bevölkerung das Schloss Leuk. Jene Zitadelle, welche dem Wanderer im Rhonetal signalisiert: «Hier am Südhang liegt, als das Oberwallis noch eine echte Republik war, die dritte wichtigste Stadt neben Brig und Sitten.»
Meine erste Bekanntschaft mit der trutzigen Burg liegt Jahre zurück, mitten im zweiten Weltkrieg. Meine Familie lebte damals in Leuk. Mit Raphael und Paul durchstreunte ich regelmässig die Burgschaft. Es herrschte Krieg. Im ganzen Städtchen waren Soldaten präsent. In unserem Haus war sogar ein Kompagniebüro eingerichtet. Drei Zimmer im ersten Stock hatten dafür herhalten müssen. Paul wusste, dass oben auf dem Schlossturm eine wichtige Zentrale für die Fliegertruppen eingerichtet war. Die sollten wir doch einmal besuchen. Ob das erlaubt war, wussten wir nicht. Paul, der Mutigste von uns drei, ging voraus, die baufällige Wendeltreppe zu erklimmen. Oben angekommen, wurde er fröhlich empfangen. Raphael und ich hatten den oberen Teil der Treppe noch nicht erreicht. Wir trauten unseren Ohren nicht. Es erklangen Frauenstimmen. Frauen als Soldaten, das gibt es doch nicht. Auch wir zwei Nachzügler wurden lachend begrüsst. Junge Frauen in blauen Uniformen taten hier ihren Dienst. In der östlichen Ecke der Terrasse brannte ein offenes Feuer. An einem improvisierten Dreibein hing eine Gamelle, in der Wasser kochte. Wir wurden zum Tee empfangen. Wie zuhause wurden wir als Zufallsgäste zum Zvieri eingeladen, Platz zu nehmen. Als Trinkgefässe gab es Teile einer Feldflasche an Stelle von Tassen aus Porzellan. Dazu wurden die beliebten Militärbisquits gereicht. Raphael hatte herausgefunden, dass die Damen bei den Fliegertruppen eingeteilt waren. Sie hätte FlBMD-Dienst. FlBMD? Flugzeugbeobachtungs- und Meldedienst. Wenn sie einen Flieger am Himmel entdeckten, meldeten sie per Funk seine Position. Während unserer Teestunde war weit und breit kein Militärflugzeug zu sehen. Plötzlich kam Leben in die Bude. Hoch über Visp wurden zwei Flieger beobachtet. Eine Patrouille des Jagdflugzeugtyps Morane-Saulnier MS 406. Erstaunlich schnell hatten die Mädchen ihre Posten bezogen. Zwei bedienten das Funkgerät und den dazu gehörenden Generator. Andere suchten mit einem Feldstecher den Luftraum ab und gaben in einer unbekannten Sprache Befehle weiter. Das war eine sprachliche Verschlüsselung. Sie nannten es den Spaghetticode. Wir wollten nicht weiter stören und verabschiedeten uns mit Handzeichen. Zuhause stiess ich auf einen Unteroffizier, der gerade das Kompagniebüro verliess. Meine Begeisterung für die Frauen vom FlBMD teilte er nicht. Sein Missfallen gab er mit einer abschätzigen Handbewegung und «Ach Weiber» von sich und ging des Wegs.

Die meisten Sommerferien verbrachten mein Bruder und ich in Leuk. An einem Nachmittag im August lagen wir, diesmal zu viert, auf dem Bauch am Fusse des Turms. Vor uns ein mit solidem Stahlgitter verbarrikadiertes Kellerfenster. Dahinter ein Verbrecher. Paul wusste, dass die Polizei im Schelmenturm eine Arrestzelle für Delinquenten in Haft eingebaut hatte. In diesem Gemach befand sich ein Schelm, der sich mit uns in reinstem Oberwalliserdialekt unterhielt. Er bräuchte dringend Zigaretten und Feuerzeug. Bruder Robert streckte seinen Arm durchs Gitter. Als er ihn zurückgezogen hatte, eilte er, 65 Rappen in der Faust, zum Café «La Poste». Fünf Minuten später war er wieder da. Ein gelbes Päckchen mit quadratischem Grundriss, die klassische Parisienne-Verpackung in der Hand. Robi schob die Zigaretten und die Zündhölzchen wieder zurück durchs Gitter. Von uns vieren hatte er die schlanksten Ärmchen. Nur er konnte ins Innere der Zelle langen. Nur er konnte mit dem Schelm im Schelmenturm in Verbindung treten. Er war der Held des Tages. Raphael war der Vorsichtigste von uns. Er wusste, dass das, was wir taten, verboten war. Ein Gesetzesbrecher in Haft durfte nur mit der Verfolgungsbehörde Kontakt haben. Ein Grund für uns, das Weite zu suchen.

Die baufällige Ruine des Bischofsschlosses diente über die Jahre als Kulisse für die Freiluftaufführungen des Theatervereins, als Tanzlokal während der Fastnacht oder als Kaffeestube an der Generalversammlung des Frauenvereins. Anfangs der sechziger Jahre musste die Gemeinde das Schloss für alle öffentlichen und privaten Anlässen schliessen. Der Turm war einsturzgefährdet. Auch der übrige Teil des Gebäudes befand sich in einem desolaten Zustand. Der Gemeinderat hatte ein Problem am Hals. Abreissen oder renovieren. Die Kosten für die sachgemässe Renovation wurden auf 10 Millionen Franken geschätzt. Eine Menge Geld, welches in der Staatskasse fehlte. Da war guter Rat sprichwörtlich teuer. Die Lösung kam von ein paar weitsichtigen Burgern. Das Schloss sei ein Kulturdenkmal. Abreissen komme nicht in Frage. Sie gründeten eine Stiftung und begannen Geld zu sammeln. Dank Beziehungen einer Galeristin zum Tessin konnte Mario Botta als Architekt für die Wiederinstandstellung gewonnen werden. Mario Botta! Der international bekannte Tessiner und einer der drei berühmtesten Architekten der Schweiz übernahm das Zepter und führte das Projekt zum Erfolg. Mario Botta, der eloquente Dozent für Architektur, der Träger unzähliger Würden, Ehrendoktor, Gastdozent in den meisten Universitäten des gesamten Globus. Er war bereit, dem Gemeinderat von Leuk aus der Patsche zu helfen. Botta, der Architekt für klare Geometrie, war verfügbar, die Verantwortung für die Wiederauferstehung des Schlosses zu übernehmen. Die Präsentationen der Entwürfe während des Umbaus durch Botta waren spannende Vorlesungen der modernen Baukunst. Was entstand, war etwas ganz Unerwartetes, ganz Ungewöhnliches. Und sehr Gewöhnungsbedürftiges. Botta nannte es «la bella vista». Auf der Plattform des Turms, dort, wo wir während des Krieges Tee getrunken hatten, errichtet Botta ein Bauwerk, wie es das ganze Wallis bis jetzt noch nie gesehen hatte. Es war eine Kuppel aus Stahl und Glas in Form einer Zuchetti. Das war Botta. Die Verbindung einer Bausubstanz aus dem 13. Jahrhundert mit einem Konstrukt der Moderne aus Glas und Stahl. Das musste zu Diskussionen, Kommentaren und harscher Kritik führen. Wieder einmal lagen sich im Wallis die Konservativen und die fortschrittlichen Liberalen in den Haaren. Historiker versuchten, die Parteien zur Mässigung zu bringen. Die Kuppel aus Stahl sollte den ehemaligen, schon lange nicht mehr vorhandenen Holzaufbau in Erinnerung rufen. Botta wollte einen Dialog zwischen Historie und Fortschritt anstossen. Es ist ihm gelungen. Vielleicht, weil er als Student bei Corbusier dabei war, als die Kapelle in Ronchamps entstand. Ein Gotteshaus, in dem es keinen rechten Winkel gibt. Nicht das, was man sich unter einer Wallfahrtskapelle vorstellte.
Ich habe immer noch Mühe, mit Bottas «bella vista» Frieden zu schliessen. Jedes Mal, wenn ich in Leuk bin, versöhne ich mich ein bisschen mehr mit seinem Kunstwerk. Grosse Künstler sind der Zeit voraus und ecken mit einem neuen Opus in der Öffentlichkeit an. Das gilt für Maler, Picasso als Vorbild. In der Musik schockierte Paul Hindemith das klassische Konzertpublikum schon in den Vorkriegsjahren. Der Dadaismus trat mit literarischen Experimenten hervor.

So steht auch das Schloss Leuk als historisches Denkmal, zur Zeit der Gründung der Eidgenossenschaft entstanden, als Symbol für stetigen Ausbau und Umbau. Mario Botta setzte einen neuen Meilenstein auf dem langen Weg der Veränderungen des Gebäudes. Ein Meilenstein, der die Auseinandersetzung mit der heutigen Moderne markiert. Er zeigt, was Fortschritt ist. Er zeigt auch, dass es Zeit braucht, bis echte Kunst sichtbar, hörbar, lesbar wird.

Ich kenne das Schloss mit seinem Turm seit einem Dreivierteljahrhundert. Was in dieser Zeit schon alles daran verändert wurde, ist vielfältig. Veränderungen und Fortschritt gehören zum Leben. Der Schelmenturm ist dafür ein nachhaltiges Fanal.

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La tour des coquins

C’est ainsi que la population nomme le château épiscopal de Loèche. Cette citadelle qui signale au randonneur dans la vallée du Rhône: “Ici, sur le versant sud, se trouve, à l’époque où le Haut-Valais était encore une véritable république, la troisième ville la plus importante, après Brigue et Sion.”
Ma première rencontre avec le château fortifié remonte à bien des années, en pleine Seconde Guerre mondiale. Ma famille vivait alors à Loèche. Avec Raphaël et Paul, je parcourais régulièrement les alentours du château. C’était la guerre. Des soldats étaient présents dans toute la ville. Un bureau de compagnie avait même été installé dans notre maison. Trois pièces du premier étage avaient été utilisées à cet effet. Paul savait qu’une importante centrale pour les troupes d’aviation était installée en haut de la tour du château. Il eut fallu la visiter. Nous ne savions pas si c’était autorisé. Paul, le plus courageux d’entre nous trois, pris les devants pour grimper l’escalier en colimaçon délabré. Arrivé en haut, il fut accueilli joyeusement. Raphaël et moi n’avions pas encore atteint le haut de l’escalier. Nous n’en croyions pas nos oreilles. Des éclats de voix de femmes retentissaient. Des femmes soldats. Pas possible. Nous aussi, les deux retardataires, furent salués par des rires. Des jeunes femmes en uniformes bleus effectuaient ici leur service. Un feu ouvert brûlait dans le coin est de la terrasse. Une gamelle dans laquelle bouillait de l’eau était suspendue à un trépied improvisé. Nous fûmes reçus pour le thé. Comme à la maison, nous étions invités à prendre place en tant qu’hôtes occasionnels pour le goûter. Des pièces de gourdes remplaçaient les tasses en porcelaine. Le tout était accompagné des fameux biscuits militaires. Raphaël avait découvert que les dames étaient incorporées dans les troupes d’aviation. Elles effectuaient le service SOSA. SOSA? Service d’observation et de signalement des avions. Lorsqu’elles repéraient un avion dans le ciel, elles signalaient sa position par radio. Pendant notre heure de thé, aucun avion militaire n’était visible à des kilomètres à la ronde. Soudain, la situation s’anima. Deux avions furent observés par les hauteurs de Viège. Une patrouille d’avions de chasse de type Morane-Saulnier MS 406. Les filles avaient étonnamment vite repris leur poste. Deux d’entre elles manipulaient la radio et son générateur correspondant. D’autres scrutaient l’espace aérien avec une paire de jumelles et transmettaient des ordres dans une langue inconnue. Il s’agissait d’un codage linguistique. Ils l’appelaient le code spaghetti. Nous ne voulions pas les déranger davantage et prîmes congé d’un signe de la main.
De retour à la maison, je tombais sur un sous-officier qui quittait le bureau de la compagnie. Il ne partageait pas du tout mon enthousiasme pour les femmes du SOSA. Il exprima son mécontentement par un geste méprisant de la main et un “Ah, les femmes”, puis il partit.

Mon frère et moi passions la plupart de nos vacances d’été à Loèche. Un après-midi du mois d’août, nous étions allongés à plat ventre au pied de la tour, cette fois-ci à quatre. Devant nous, une fenêtre d’une cave barricadée par une solide grille en acier. Derrière elle, un criminel. Paul savait que la police avait installé dans la Tour fortifiée de la Dala une cellule de détention pour les délinquants en garde à vue. Dans cette cellule était emprisonné un coquin qui s’entretenait avec nous dans le plus pur dialecte haut-valaisan. Il avait un urgent besoin d’une cigarette et d’un feu. Mon frère Robert tendit son bras à travers la grille. Après l’avoir retiré, 65 centimes au poing, il se précipita vers le café “La Poste”. Cinq minutes plus tard, il était de retour avec un paquet jaune de forme carrée, l’emballage classique de la Parisienne, en main. Robi remit les cigarettes et les allumettes à travers la grille. De nous quatre, il avait les bras les plus fins. Il était le seul à pouvoir les glisser à l’intérieur de la cellule. Lui seul pouvait établir le contact avec le coquin de la tour des coquins. Il était le héros du jour. Raphaël était le plus prudent d’entre nous. Il savait que ce que nous faisions était interdit. Un contrevenant en prison ne pouvait avoir de contact qu’avec les autorités de poursuite. Une raison pour nous de prendre la fuite.

Au fil des années, les ruines délabrées du château épiscopal servirent de décor aux représentations plein air de l’association théâtrale, de salle de danse pendant le carnaval ou de café lors de l’assemblée générale du Cercle Féminin. Au début des années soixante, la commune dut fermer le château à toutes ces manifestations publiques et privées. La tour menaçait de s’effondrer. Le reste du bâtiment était également dans un état désastreux. Le conseil communal avait un sacré problème sur les bras. Démolir ou rénover. Les coûts d’une rénovation adéquate étaient estimés à 10 millions de francs. Une somme notable qui faisait défaut dans les caisses de l’État. Les bons conseils étaient donc proverbialement très chers. La solution vint de quelques bourgeois clairvoyants. Le château était un monument culturel. Il était hors de question de le démolir. Ils créèrent donc une fondation et commencèrent à récolter des fonds. Grâce aux relations d’une galeriste du Tessin, Mario Botta put être engagé comme architecte pour la rénovation. Mario Botta! L’architecte internationalement connu et l’un de trois architectes suisses les plus célèbres prit les rênes du projet et le mena à bien. Mario Botta, l’éloquent agrégé d’architecture, détenteur d’innombrables dignités, docteur honoris causa, professeur invité dans la plupart des universités du monde entier. Il était prêt à aider le conseil communal de Loèche à se sortir du pétrin. Botta, architecte d’une géométrie claire, était disponible pour assumer la responsabilité de la résurrection du château. Les présentations des projets par Botta pendant les travaux de rénovation étaient des cours passionnants d’architecture moderne. Ce qui en résultait était quelque chose de tout à fait inattendu, de tout à fait inhabituel. Et qui demandait un temps d’adaptation. Botta l’appelait “la bella vista”. Sur la plate-forme de la tour, là où nous prenions le thé pendant la guerre, Botta érigea une construction comme le Valais n’en avait encore jamais vu. C’était une coupole en acier et verre en forme de courgette. C’était du pur Botta. Le mariage d’une substance datant du 13e siècle avec une construction moderne en verre et en acier. Cela ne pouvait que susciter des discussions, des commentaires et des critiques acerbes. Une fois de plus, les conservateurs et les libéraux progressistes s’affrontèrent en Valais. Des historiens tentèrent de raisonner les partis à la modération. La coupole en acier devait rappeler l’ancienne structure en bois qui n’existait plus depuis longtemps. Botta voulait initier un dialogue entre l’histoire et le progrès. Il y est parvenu. Peut-être parce que, lorsqu’il était étudiant chez le Corbusier, il était présent lors de la création de la chapelle de Ronchamps. Un lieu de culte, dans lequel il n’existe pas un seul angle droit. Ce n’est pas non plus l’idée que l’on se faisait d’une chapelle de pèlerinage.

J’ai toujours encore de la peine à être en paix avec la “bella vista” de Botta. Chaque fois que je me rends à Loèche, je me réconcilie un peu plus avec son œuvre d’art. Les grands artistes sont en avance sur leur temps et se heurtent à l’opinion publique avec un nouvel opus. C’est vrai pour les peintres, Picasso comme modèle. En musique, Paul Hindemith a choqué le public des concerts classiques dès les années d’avant-guerre. Le dadaïsme s’est distingué par des expériences littéraires.
Ainsi, le château de Loèche, monument historique construit à l’époque de la fondation de la Confédération, est le symbole d’un développement et d’une transformation constants. Mario Botta a posé un nouveau jalon sur le long chemin des transformations du bâtiment. Un jalon qui marque la confrontation avec la modernité actuelle. Il démontre ce qu’est le progrès. Il montre aussi qu’il faut du temps pour que l’art véritable devienne visible, audible, lisible.

Je connais le château avec sa tour depuis trois quarts de siècle. Les modifications qui y ont été apportées au cours de cette période sont nombreuses. Le changement et le progrès font partie de la vie. La tour des coquins,  en est un exemple durable.

 

 

 

 

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Superlative

Auch wenn man wie ich keine News liest und die Nachrichtenblätter trotzdem durchstöbert, fällt eine deutliche Zunahme der Verwendung der Superlative auf. Da gibt es immer neue Wortbildungen. Das lässt aufhorchen. Die Angehörigen der Schreibzunft wollen sich in der Erfindung von Super-Superlativen überbieten. Es scheint da ein Wettrennen, ein Wettbewerb im Gange zu sein.
Vor 70 Jahren startete die SRG die ersten Fernsehsendungen. Schwarz/weiss; an fünf Abenden ein rund einstündiges Programm. Damals eine Sensation. Kino in der warmen Stube! Bis anhin gab es keine bewegten Bilder. Nur Radio Beromünster. Die Nachrichten der schweizerischen Depeschenagentur deckten das Informationsbedürfnis der fünfziger Jahre ab. Dazu kamen noch ein paar brave Tageszeitungen wie die Neue Zürcher Zeitung. Sie war bis in die siebziger Jahre stolz darauf, ohne Bilder und Fotos auszukommen. Nur lange Artikel und Meldungen. Das genügte als Informationsquelle für den Alltag. Für Erwachsene von heute, mit Internet und Smartphone aufgewachsen, kaum zu glauben.

Dann geschah es. In den sechziger Jahren kam neues Leben in diese geruhsame Pressewelt. Mit unübersehbarem Getöse betrat der BLICK die Bühne. Drei Zentmeter hohe, fette, farbige Schlagzeilen. Fotos und Karikaturen im Grossformat. Prägnante Texte. Nur kurze Meldungen. Kein Satz durfte mehr als acht Wörter umfassen. «Pfui», schrie die Elite, «so darf man keine Zeitung machen!» Dieses Boulevardblatt, dieser Schund, musste boykottiert werden. Die Realität war das Gegenteil. Alle liebten den BLICK. Die Bekennenden in aller Öffentlichkeit. Der Rest im Geheimen. Der Zeitungsverkäufer am Hauptbahnhof hielt ein Pressesandwich feil. Eine NZZ mit im Innern unsichtbar versteckt «der BLICK». «Katze lief 400 Kilometer aus Heimweh!» war auf dem ersten Aushänger am Kiosk zu lesen. Eine neue Epoche der Newsindustrie war angebrochen. Der BLICK florierte. Er war noch kein Jahr alt, da brachte er die Jahrhundertnachricht heraus. Eine fotographische Sensation. Bis zu diesem Tag wusste die Menschheit nicht, wie die Hinterseite des Mondes aussah. Auch mit den raffiniertesten astronomischen Instrumenten war sie nicht ins Bild zu bekommen. Seit der Mensch auf Erden existierte, seit er denken konnte, war die Rückseite des Mondes das grosse Rätsel. Der Grund dafür war seit der Erfindung der Schrift bekannt. Unser Trabant zeigt uns bei seiner Reise auf seiner Laufbahn um die Erde sein Gesicht. Immer nur die Vorderseite. Was hinter dem Mond ist, ist unsichtbar, ist unbekannt. So war das nun Mal. Bis ein sowjetischer Satellit hinter dem Mond ein Foto schoss und der BLICK sie auf der Titelseite grossflächig präsentierte. Für mich ein bleibendes Erlebnis. Die Polybahn hatte mich am Central abgesetzt, da sah ich, was ein Mensch vorher noch nie gesehen hatte, die hintere Seite des Mondes, am Zeitungskiosk prangern.

Viel später erst wurde mir bewusst: das war ein historischer Meilenstein. Alle, die in der Zeit um 1959 auf der Erde waren, erlebten etwas, was man wirklich als einmalig bezeichnen muss. Vergleichbar vielleicht mit der Erfindung des Rades. Hier wäre der Superlativ «ein geschichtsschreibendes Ereignis» angebracht.
Die Nachrichtenübermittlung hat sich innerhalb der letzten 70 Jahren in eine gewinnorientierte Grossindustrie gewandelt. Damit ist es zu einem Überangebot an News gekommen. Ein Overkill im wahrsten Sinne des Wortes. Ohne Auswahl kommt man nicht aus. Und wer die Wahl hat, hat die Qual.
Für die Newsproduzenten stellt sich die Frage, wie kann ich die Aufmerksamkeit des Konsumenten auf mein Produkt lenken. Es geht nicht mehr nur mit gepflegtem Journalismus und zuverlässiger Information. Plötzlich gewinnen Einschaltquoten und Leserzahlen an Bedeutung. Wie kann man mit dem Text den Verwender zum Lesen bringen?
Die Redaktionen und ihre Journalisten kommen mit Superlativen daher und benutzen sie recht unbedarft. Supersommer, Horrorepidemie, historischer Wahlsieg, erdrutschartige Veränderung des Wetters, epochemachender CO2 -Ausstoss, geschichtsschreibende wissenschaftliche Erkenntnis, ultimative Aufführungspraxis. Aus einer Meldung einen Hype machen ist mega wichtig. Solche Wortschöpfungen beeindrucken uns kaum mehr. Im Grunde Prahlereien, die nach Interesse haschen.

Um sich Gehör zu verschaffen, bedient sich die Industrie immer schwerer Geschütze. Eines davon ist die Verwendung der Superlative. Zurück zur Rückseite des Mondes. Sie zu Gesicht zu bekommen, ist etwas ganz Besonderes. Hier ist es angebracht, die dritte Steigerungsform «ein geschichtsschreibendes Ereignis» zu verwenden. Die ganze Menschheit vorher hatte dieses Privileg nicht. Wenn heute im Leibblatt von einem «geschichtsschreibendem Fussballmatch» zu lesen ist, bleibt ein schaler Nachgeschmack von Übertreibung zurück.

Für mich heisst das, ich bleibe dabei. Ich meide die herrschende Newsüberflutung und halte mich an die Hintergrundberichtserstattung. Und hüte mich vor Superlativen.

 

Osterspaziergang

Vor dem Tor

 

Vom Eise befreit sind Strom und Bäche
durch des Frühlings holden belebenden Blick,
im Tale grünet Hoffnungsglück;
der alte Winter, in seiner Schwäche,
zog sich in rauhe Berge zurück.
Von dort her sendet er, fliehend, nur
ohnmächtige Schauer körnigen Eises
in Streifen über die grünende Flur.
Aber die Sonne duldet kein Weißes,
überall regt sich Bildung und Streben,
alles will sie mit Farben beleben;
doch an Blumen fehlt’s im Revier,
sie nimmt geputzte Menschen dafür.

 

O glücklich, wer noch hoffen kann,
Aus diesem Meer des Irrtums aufzutauchen!
Was man nicht weiß, das eben brauchte man,
Und was man weiß, kann man nicht brauchen.

Faust, der Tragödie erster Teil
Vers 903 – 915 & 1064 – 1069
Seite 51 & 56

 

 

 

 

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Superlatifs

Même si, comme moi, on ne lit pas les actualités, mais qu’on survole quand même les journaux d’information, on peut remarquer une nette augmentation de l’utilisation des superlatifs. Cela génère constamment de nouvelles formations de mots et phrases. Cela fait dresser l’oreille. Les membres de la corporation des écrivains veulent se surpasser dans l’invention de super-superlatifs. Il semblerait qu’il y a comme une course ou compétition en cours.
Il y a 70 ans, la SRG diffusait ses premières émissions de télévision. En noir et blanc, un programme d’une heure environ, cinq soirs par semaine. Une sensation à l’époque. Le cinéma bien au chaud dans son salon! Jusqu’à ce moment-là, il n’y avait pas encore d’images animées. Seules Radio Beromünster et l’Agence Télégraphique Suisse couvraient le besoin d’information des années cinquante. A cela s’ajoutaient quelques braves quotidiens comme la Neue Zürcher Zeitung. Jusque dans les années soixante-dix, elle était fière de se passer d’images et de photos. Uniquement des longs articles et nouvelles. Cela suffisait comme source d’information pour le quotidien. Pour les adultes d’aujourd’hui ayant grandi avec l’Internet et les smartphones, c’est à peine croyable.

Puis c’est arrivé. Dans les années soixante, une nouvelle vie est apparue dans ce monde tranquille de la presse. Le BLICK est entré en scène avec un fracas évident. Des titres de trois centimètres de haut, gras et colorés. Des photos et des caricatures en grand format. Des textes concis. Seulement des nouvelles ultra-courtes. Aucune phrase ne devait comporter plus de huit mots. “Pouah”, criait l’élite, “on ne peut pas faire un journal comme ça!” Ce tabloïd, cette camelote, devait à tout prix être boycottée. Mais la réalité se trouvait à l’opposé. Tout le monde aimait le BLICK. Les uns le confessaient en public. Les autres en secret. Le vendeur de journaux à la gare centrale proposait un sandwich de presse: une NZZ avec, fourré à l’intérieur, “le BLICK”. “Un chat a parcouru 400 kilomètres parce qu’il avait le mal du pays!” pouvait-on lire sur la première affiche du kiosque. Une nouvelle ère de l’industrie de l’information s’ouvrait. Le BLICK était florissant. Il n’avait pas encore atteint un an qu’il publiait déjà le scoop du siècle: une sensation photographique. Jusqu’à ce jour, l’humanité ne savait pas à quoi ressemblait la face cachée de la lune. Même les instruments astronomiques les plus sophistiqués ne parvenaient pas à la photographier. Depuis que l’homme existe sur terre, depuis qu’il est capable de penser, la face cachée de la lune est la grande énigme. La raison en était connue depuis l’invention de l’écriture. Notre satellite ne nous montre que sa face durant sa course autour de la Terre. Uniquement la face avant. Ce qui se trouve derrière la lune est invisible, inconnu. C’était l’état des lieux à cette époque. Jusqu’à ce qu’un satellite soviétique prenne une photo derrière la lune et que le BLICK la publie en première page. Pour moi, c’est une expérience inoubliable. Le Polybahn m’avait déposé au Central, lorsque j’ai vu ce qu’aucun être humain n’avait jamais vu auparavant, la face cachée de la lune, placardée sur le kiosque à journaux.

Ce n’est que bien plus tard que j’ai réalisé qu’il s’agissait là d’une étape historique. Tous ceux qui étaient sur Terre vers 1959 ont vécu quelque chose que l’on doit vraiment qualifier d’unique. On peut peut-être le comparer à l’invention de la roue. Ici, le superlatif “un événement qui marque l’histoire” serait approprié.
Au cours de ces 70 dernières années, la communication s’est transformée en une énorme industrie à but purement lucratif. Il en a résulté une surabondance de nouvelles. Une sursaturation (Overkill) au sens propre du terme. On ne peut pas s’en sortir sans choix. Et qui a le choix tombe dans l’embarras du choix.
Pour les producteurs d’actualités, la question se pose de savoir comment attirer l’attention du consommateur sur leur produit. Le journalisme intègre et l’information fiable ne suffisent plus. Tout à coup, les taux d’audience et le nombre de lecteurs gagnent de l’importance. Comment un texte peut-il inciter l’utilisateur à lire?

Les rédactions et leurs journalistes déballent leurs superlatifs et nous bombardent avec de manière plutôt désinvolte. Été d’exception, épidémie d’horreur, victoire électorale historique, mutation cataclysmique du temps, émissions de CO2 qui font date, découverte scientifique qui réécrit l’histoire, pratique ultime de la représentation. Faire un battage médiatique à partir d’une information est mega important. De telles créations de phrases ne nous impressionnent plus guère. En fait, ce sont des fanfaronnades qui ne cherchent qu’à susciter de l’intérêt.
Pour se faire entendre, l’industrie se sert de plus en plus de l’artillerie lourde. L’une d’entre elles est l’utilisation de superlatifs. Revenons à la face cachée de la lune. La voir est quelque chose de très spécial. Il convient ici d’utiliser la troisième forme d’augmentation “un événement qui marque l’histoire”. Toute l’humanité d’auparavant n’avait pas eu ce privilège. Quand on lit aujourd’hui dans son journal personnel qu’il s’agit d’un “match de football qui marque l’histoire”, il subsiste un arrière-goût d’exagération.

Pour moi, cela signifie que je m’en tiens là. J’évite la surabondance d’informations et je m’en tiens aux articles de fond. Et je me méfie des superlatifs.

 

 

Promenade de Pâques
Devant le portail

Fleuves et ruisseaux sont délivrés de la glace
Par les doux et vivifiants regards du printemps ;
La joyeuse espérance verdoie dans la vallée ;
Le vieil hiver, en sa faiblesse,
S’est retiré dans les âpres montagnes.
De là, il se borne à envoyer, en fuyant,
D’impuissantes giboulées de glace grenue
Qui strient la plaine verdoyante.
Mai le soleil ne tolére rien de blanc ;
Partout s’annonce l’effort de vie et de création.

Heureux qui peut garder l’espoir
D’émerger de cet océan d’erreur !
Ce qu’on ne sait pas, c’est lá tout juste ce dont on aurait
Et ce qu’on sait, on n’en a que faire.

Faust, la première partie de la tragédie
Vers 903 – 915 & 1064 – 1069
Page 51 & 56

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Fasten

Es liegt schon ein paar Jahre zurück. Ein Erlebnis, das sich tief in mein Gedächtnis eingegraben hat. Die Luzerner Fasnacht holt es jährlich hervor. Dabei hat es mit dem Narrentreiben nichts zu tun. Dennoch spielen der Güdisdienstag und der Aschermittwoch dabei eine Rolle.
Es war in der Zeit des Vorfrühlings. Die Zeit, wenn der Winter sich zurückzieht. Die ersten hellgrünen Blättchen sich aus den kahlen Sträuchern hervorwagen. In der Zeit, wo die Treuhandbüros Hochsaison haben. Die Jahresabschlüsse der grossen Firmen vorgestellt werden. Solche Anlässe kamen nie ohne einen Apéro-riche oder gar einem Abendessen mit Kunden und Journalisten aus. So traf es sich, dass ich mit Art Furrer, dem bedeutendsten Hotelier des Wallis, zu sitzen kam. Zwei Walliser, die sich kannten und bald in breitestem Walliserdialekt tief im Gespräch versunken waren. Mir fiel auf, dass mein Gesprächspartner Wasser trank. Das passte nicht ins Bild. Ihn darauf angesprochen, erhielt ich eine Lektion, die grüblerisch machte. «Es ist Fastenzeit! Ein uralter, sehr sinnvoller Brauch, der uns zwingt zu verzichten, Mässigkeit zu pflegen. In den sechs Wochen bis Ostern nehme ich keinen Tropfen von alkoholischen Getränken zu mir”.
Ein Jahr später beschloss ich, in der Fastenzeit jeglichen Genuss von Alkohol bleiben zu lassen. Es ging darum, auf drei Fragen eine Antwort zu bekommen.
Halte ich es aus, anderthalb Monate ohne einen Schluck Alkohol? Stimmt es, dass man bei Abstinenz von alkoholischen Tranksamen an Körpergewicht verliert? Und was werden die Menschen um mich herum wohl denken, wohl sagen, wenn sie auf mein Fastenopfer aufmerksam werden?

So begann ich, still und heimlich die Zeit ab Aschermittwoch ohne Wein und Bier in Angriff zu nehmen. Am Ostersamstag war es so weit. Ich konnte Bilanz ziehen. Das Ergebnis war im wahrsten Sinn des Wortes ernüchternd. Trocken habe ich mich über die Fastenzeit gerettet. Bei jedem Anlass, an dem man mir ein Glas Weisswein anbot, habe ich es freundlich dankend entgegengenommen. Mit allen um mich herum angestossen. Darnach das immer noch volle Glas möglichst unbemerkt stehen gelassen. Kein Mensch hatte von meiner Fastenkur das geringste mitbekommen. Das Ergebnis der vermeintlichen Gewichtsabnahme war ähnlich unspektakulär. Kein Gramm abgenommen. Kein Gramm zugenommen. Der dritte Befund vom Entzug der Droge hatte sich auch nicht so eingestellt, wie ich es erwartet hatte. Ich habe während der ganzen Zeit nicht gemerkt, dass etwas fehlte.
Das war enttäuschend. Ich wäre so gerne diszipliniert gewesen. Jeder Versuchung widerstanden. Ich konnte mir gar nicht beweisen, was für einen starken Willen ich habe. Kein unbändiges Verlangen meldete sich. Auf einmal war Ostern, und ich hatte nicht einmal die grosse Begierde nach einem Glas Wein. Ein gutes Zeichen, wenn man es genau nimmt. Nicht die geringste Spur von Sucht. Art Furrer hatte recht. Ab und zu eine liebgewordene Gewohnheit ändern, hat körperlich etwas Gutes an sich. Auch der Geist hatte auf die neue Lage reagiert. 40 Tage trocken. Im Kopf löste die Übung eine besondere Betrachtung aus. Solche Exerzitien haben einen Sinn.

Je länger ich über Art Furrers Statement nachdenke, umso tiefer verankert sich seine Botschaft in meinem Erinnern. Warum ist die Enthaltung von Speisen und Genussmitteln so aktuell? Freunde von mir legen sich gleich nach der Neujahrsfeier für den ganzen Januar trocken. Andere verzichten auf den Verzehr von Fleisch. Nahezu in allen Hochkulturen ist Fasten anzutreffen.
Wer kennt nicht den Ramadan beim Islam und die Fastenkulturen im Alten Testament. Fasten ist weit mehr als eine religiöse Praxis. Man weiss auch, dass Fasten die Wahrnehmung fördert und die Willenskraft stärkt. Es soll sogar den Alterungsprozess bei uns Menschen verzögern. Im Mittelalter war es eine Kasteiung. Heute, so glaube ich, geht es in der modernen Welt um die Kraft der freiwilligen Entbehrung. Um im Alltag den Geist frei zu haben. Zeit zu haben, dem täglichen Trott zu entfliehen. Freiwillige Entsagung. Eine Woche kein Fernsehen. Zwei Wochen ohne Handy.

So wird Fasten zu einem Gestaltungselement des unabhängigen und gesunden Lebens. Neu ist es nicht. Der berühmte griechische Arzt des Altertums, Hippokrates, empfahl das Heilfasten zur Gesunderhaltung des Körpers. Das ist das Zentrale. Es geht um die Gesunderhaltung von Körper und Geist. Dazu gibt es eine Menge von wirksamen Möglichkeiten. Eine davon ist das Fasten.
Dabei lässt sich ein Trend erkennen. Die Tendenz, alte medizinische oder religiöse Traditionen neu zu entdecken. Das Streben nach Konzentration, nach Erleuchtung und Erlösung, anzukurbeln.

In eigener Sache

Hinter den Kulissen gibt es eine Equipe von professionellen Helfern, die dafür sorgen, dass der Blog Monat für Monat pünktlich erscheinen kann. Ein Webmaster sorgt dafür, dass es keine technischen Pannen gibt. Eine Lektorin kümmert sich für den korrekten sprachlichen Auftritt und ein Übersetzer schreibt eine gepflegte Ausgabe in der Sprache Voltaires. Heute möchte ich allen für die gute Arbeit danken. Den Blog gibt es bald zehn Jahre. In dieser Zeit sind 226 Beiträge entstanden. Fast 50’000 Gäste haben die Site besucht.

 

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