Lune bleue

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terre et nouvelle lune
Photo prise avec le hubble-télescope spatial [HST]

J’aime la lune. Ce n’est pas un amour platonique mais une attirance matérielle. Au cours des premières semaines de ce mois de septembre nous profitions pendant plus de quinze jours d’un ciel nocturne clair et sans nuages. Quelle merveille d’observer, juste après la nouvelle lune, l’apparition hardie du croissant tout mince de la lune. Une image magnifique. Surtout dans le crépuscule, après le coucher du soleil. Sûr de lui, notre satellite prend sa place dans le ciel nocturne. Un véritable joyau embellit la nuit à venir. Et nuit après nuit, la lune grandit. De plus en plus haut dans le ciel, son image gagna de taille. Chaque nuit j’ai pu observer cette évolution vers la pleine lune. Malheureusement que jusqu’à la veille de la pleine lune. Cette nuit-là le ciel s’est couvert de nuages.
La lune qui suit fidèlement son chemin depuis toujours. Elle est sans doute l’astre le plus observé par les humains. Surtout aux pays du sud où le ciel nocturne est clair et serein pendant des mois.
Voilà qui s’impose l’examen de l’amour des humains pour la lune. Certains l’admirent et en profitent pour éclairer leurs promenades dans les montagnes. D’autres l’ont fait entrer dans la littérature et la poésie. Des contes et des poèmes en toutes les langues garnissent les bibliothèques du monde entier. Sans parler des jeunes amoureux qui admirent la lune en se tenant par la main et lui envoient des vœux secrets. Mais des naturalistes plus sobres ont également été inspirés par la lune.

Pourquoi la lune est-elle sphérique? Pourquoi disparaît-elle et réapparaît de nouveau? Voilà ce qui fascine les astronomes, physiciens et mathématiciens. Je me considère comme faisant un peu partie d’eux. D’où mon attirance. Amoureux ou non, je constate que la lune est encore entourée d’énigmes non résolues.
Voyons sa trajectoire. Vue de la terre, nous avons l’impression que la lune, fidèle comme une planète, suive quotidiennement son parcours autour de la terre. Or, cette image est fausse. En réalité, la lune n’effectue en un jour qu’un vingt-septième de son trajet autour de la terre. C’est la terre qui tourne sur elle-même une fois par jour et nous donne l’impression de voir tourner la lune autour de la terre toutes les 24 heures. Pourquoi, pendant tous ces mouvements, garde-t-elle toujours la même face orientée vers la terre? Pourquoi ne voyons-nous jamais la partie arrière de la sphère? Parce que la lune tourne très lentement sur elle-même. Elle prend son temps. Exactement 27 jours, 7 heures et 43.7 minutes pour un tour autour de la terre et le même temps pour un tour sur elle-même. Voilà pourquoi l’observateur terrestre ne voit toujours que sa face et jamais sa partie arrière.
Je me souviens très bien de la photo parue en novembre 1959 dans le journal à sensations »Blick», représentant la face cachée de la lune. Une prise de vue effectuée par la sonde lunaire russe Lunik 3. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité tout le monde pouvait voir l’image de la partie arrière de la lune. Une sensation mémorable.
Une question se pose: comment les astres comme le soleil, la lune, les planètes et les étoiles maintiennent-ils leur position dans le ciel? Pourquoi ne tombent-ils pas vers le bas ou les uns sur les autres? Tout le monde le sait. C’est l’effet de la pesanteur, la gravité. (J’ai déjà traité ce sujet dans mon essai «Lune» du 22 mars 2015). Mais qu’est-ce que c’est, la pesanteur? En bref: nous ne le savons pas. Cela me fascine. Il y a des forces de base physiques dont nous ne savons pas ce qu’elles sont. Nous pouvons effectuer des expériences. Calculer par exemple la durée de la chute jusqu’au sol d’une cannette de bière lancée du haut de la tour Eiffel. Tous les corps s’attirent mutuellement à cause de la pesanteur. Ceci est valable pour tous les astres. La terre, attirée par le soleil, y tomberait et brûlerait si elle ne tournait pas sur une orbite elliptique. La vitesse sur sa trajectoire et l’attirance vers le soleil sont exactement en équilibre. La terre suit son parcours autour du soleil. Tout comme la lune autour de la terre et le tout autour du soleil. Ainsi nous savons comment fonctionne le système solaire. Mais nous ne savons toujours pas ce que c’est que la pesanteur.
Isaak Newton était le premier savant à étudier la pesanteur à fond. Il a fait de nombreuses expérimentations dont la conclusion était une formule mathématique. La loi de la gravitation, la base de la physique classique. Il appelait la pesanteur «un effet à distance mystérieux».
Albert Einstein a trouvé une autre réponse. «Il n’existe pas vraiment de pesanteur, mais l’espace est courbe. Il devient un objet physique». Je n’insisterai pas ici sur la théorie de la relativité générale.
Pourquoi tout corps lâché tombe en direction du centre de la terre? A cause de l’attraction des masses, la gravitation. Nous ne pouvons pas expliquer le «pourquoi» mais seulement le «comment»!
Voilà ce qui me captive et m’impressionne lorsque je regarde nuitamment la lune. Tout cela n’est possible que grâce à la pesanteur et nous ne savons pas ce qu’elle est. Voyons-la comme logo, un symbole de la génialité de la création.
La lune est entourée de mythes, d’histoires et de phénomènes intéressants.
En général, il y a une pleine lune par mois. Mais pas toujours. En juillet de l’année dernière nous avions deux pleines lunes dans le mois. Les 2 et 29 juillet 2015. Les romantiques l’appellent lune bleue. Les schtroumpfs lui attribuent des forces magiques. Dans deux ans, en 2018 il y aura même deux lunes bleues. En janvier et mars. Lorsque, au contraire, un mois comporte deux nouvelles lunes il s’appelle lune noire. De plus, on dit «pas de pleine lune en février» puisque ce mois comporte généralement 28 jours. Cette situation se produira la prochaine fois en 2018. La pleine lune apparaîtra le 31 janvier et ensuite le 2 mars, soit pas de pleine lune en février 2018. Enfin, une pleine lune à la St. Sylvestre est un évènement spécial.
Voici donc quelques-uns des phénomènes intéressants. Il y a aussi les éclipses de soleil et de lune, les marées, tout le projet Apollo, le premier homme sur la lune. Bien d’autres effets sont attribués à la lune. On dit que le somnambulisme est tributaire de la position de la lune, tout comme des maux de tête et les migraines.
Par ailleurs, la comparaison de sa géologie avec celle de la terre est fort intéressante. La lune représente-t-elle une source de matières premières pour notre économie? Dans ce cas, la question se pose tout de suite: «A qui appartient la lune?» «Quelles sont les conditions de propriété?». La revendication de droits de possession est exclue. Interdiction confirmée dans un contrat ratifié par 192 états.
La lune pourrait-elle être colonisée? En tant qu’avant-poste permanent pour la fourniture de matières premières à la terre? Non! L’effort serait trop important, les dépenses aussi. Un sujet qui restera sans doute du domaine de la science-fiction.
Pour terminer, intéressons-nous à une dernière question. Pourquoi la lune a-t-elle une forme sphérique et non, par exemple, d’un disque ou d’une pomme de terre? Tous les grands astres sont sphériques ou ellipsoïdaux. C’est à nouveau la pesanteur qui agit. Cette force fondamentale dont nous ignorons la vraie nature. Elle se manifeste, comme on sait, par l’attirance mutuelle des corps. Pour s’exercer il faut donc des masses (quantités de matière) sur lesquelles elle puisse agir. Sous l’effet de l’attirance des masses, des nuages de gaz se sont transformés en étoiles et planètes il y a des millions d’années. La pesanteur attire vers le centre du nuage les corps environnants avec la même intensité dans toutes les directions. Le résultat, après le refroidissement de la masse gazeuse, est donc une sphère. Sur la terre, un corps tombant se dirige toujours vers le centre de la terre. Les molécules gazeuses font de même. Voilà qui explique à nouveau comment la pesanteur agit mais ne nous dit pas ce qu’elle est.

terre et pleine lune Photo prise Avec le Hubble-Télescope spatial [HST]
terre et pleine lune
Photo prise avec le Hubble-Télescope spatial [HST]

La lune

Un conte du fameux recueil des contes de l’enfance et du foyer de Jacob et Wilhelm Grimm, les frères Grimm, d’environ 1819.

 

Dans les temps anciens, il fut un pays dont la nuit était toujours sombre et que le ciel couvrit comme une toile noire. La lune n’apparaissait jamais et aucune étoile ne scintillait dans l’obscurité. Lors de la création du monde la lumière nocturne était suffisante. Quatre gaillards de ce pays partirent en randonnée et arrivèrent dans un pays dans lequel, le soir, quand le soleil avait disparu derrière les montagnes, une boule lumineuse en haut d’un chêne émettait une douce lumière. Même si la lumière n’était pas aussi brillante que celle du soleil, on pouvait quand-même tout voir. Les randonneurs s’arrêtèrent et demandèrent à un paysan qui passait avec sa charrette de quelle lumière il s’agissait là. «C’est la lune» répondit-il, «notre maire l’a payé trois écus et l’a attaché au sommet du chêne. Tous les jours il doit y rajouter de l’huile et bien la nettoyer pour qu’elle brille toujours comme il faut. En contrepartie nous lui devons un écu par semaine.» Le paysan parti, un des gaillards disait «Cette lampe nous serait bien utile; nous possédons un chêne aussi grand, sur lequel nous pourrions l’accrocher. Quel plaisir de ne plus tâtonner la nuit dans le noir!». «J’ai une idée» annonça le deuxième «allons chercher un charriot et des chevaux et enlevons la lune. Ici, ils pourront s’acheter une autre». «Je sais bien grimper» ajouta le troisième, «je saurai la descendre». Le quatrième amena une charrette avec des chevaux, le troisième grimpa dans l’arbre, perça un trou dans la lune, y passa une corde et la descendit. Une fois la boule brillante posée sur le charriot, ils la cachèrent sous une couverture pour dissimuler le vol. Ils l’amenèrent ainsi dans leur pays et le posèrent sur un grand chêne. Jeunes et vieux se réjouissaient de la lumière que la nouvelle lampe produisait et illuminait les champs, les salons et les chambres. Les nains sortaient des grottes et ces lutins dansaient la ronde dans les prés, habillés de leurs petites robes rouges. Les quatre gaillards alimentaient la lune d’huile, nettoyaient la mèche et recevaient un écu par semaine. Mais ils vieillissaient et lorsque le premier tombait malade, prévoyant sa mort, il demandait qu’on enterre son quart de lune avec lui. A son décès, le maire montait dans le chêne, coupait un quart de la lune et le déposait dans le cercueil. La diminution de la luminosité de la lune était à peine perceptible. Lorsque le deuxième décéda, son quart l’accompagna dans sa tombe et la lumière diminuât. Elle faiblit encore plus à la mort du troisième qui amena également sa part, et lors de la disparition du quatrième, l’obscurité ancienne se rétablit. En sortant le soir sans lanterne, les gens se cognaient les têtes. Dans le monde souterrain où l’obscurité avait toujours régnée, les pièces de la lune s’étaient réunies et réveillèrent les morts. Ils furent ébahis par leur capacité de voir à nouveau. La lumière lunaire leur suffisait, leurs yeux affaiblis n’auraient pas supporté la brillance du soleil. Ils se levèrent, se réjouirent et reprirent leurs anciennes habitudes. Les uns allaient jouer et danser, d’autres rejoignaient les bistros, y réclamaient du vin, se soûlaient, fulminaient, se querellaient et finalement saisirent des gourdins et se battaient. Le vacarme devint de plus en plus fort et arriva jusqu’au ciel. Saint-Pierre, qui garde le portail du ciel, pensait que l’enfer se révoltait et appelait les légions célestes pour repousser les forces du mal qui voulaient prendre d’assaut le séjour des bienheureux. Mais comme elles n’arrivaient pas, il monta son cheval, sortait par la porte céleste et descendait dans le monde du bas. Il calma les morts, leur demanda de se recoucher dans les tombes et amena la lune qu’il accrocha au ciel.

 

 

 

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Aquädukt

Der berühmte »Pont du Gard«, dieses technische Meisterwerk der Antike, zwischen Nîmes und Avignon, lässt mir keine Ruhe. In unserer Kolumne vom Dezember letzten Jahres (MMXV) habe ich schon darüber berichtet. Dort äusserte ich die Annahme, dass die alten Römer für den Bau ihrer Werke das dezimale Zahlensystem gekannt und verwendet haben müssen. In den letzten Monaten sind mir einige Artikel in die Hände gekommen, die mir ein völlig anderes Bild der römischen Baupraxis geben. Diese belegen, dass meine Annahme falsch war.
Im Altertum waren die Griechen die besseren Mathematiker, die besseren Theoretiker. Die Römer dagegen waren die Praktiker, die Anwender bekannter Techniken. Sie realisierten, was andere erdacht hatten. Da sind wir wieder beim »Pont du Gard« der, von Römern gebaut, heute, 2000 Jahre später, immer noch steht. Er ist das Beweisstück der römischen Ingenieurkunst. Die Römer waren vielleicht nicht die besten Erfinder, ganz sicher aber die allerbesten Ingenieure.
Wenn andere Völker eine Technik entdeckten, die ihnen nützlich erschien, brachten die Römer die Idee zur Vollendung, zur Perfektion. Ein solches System in seiner Vollkommenheit ist die Wasserversorgung der Städte und Siedlungen im römischen Reich. Allen voran das Trinkwasserversorgungssystem der Stadt Rom. Die Wasserversorgung ist ein typischer Bestandteil der römischen Kultur. Trier, Mainz, Lyon, Nîmes, Köln, Xanten, Taragona oder Segovia wurden zur Römerzeit über Aquädukte mit Trinkwasser versorgt.
Die dazu nötigen Fernwasserleitungen konnten bis zu 100 Kilometer lang sein. Wie dies mit der Eifelwasserleitung für die Stadt Köln damals der Fall war.
Der Trinkwasserverbrauch der Metropole Rom war gigantisch. Der ProKopf-Verbrauch stieg bis auf 400 Liter pro Tag. Erstaunlich viel! Das ist doppelt so viel wie der durchschnittliche Verbrauch im Europa von heute. Das bedeutet, dass die Fernleitungen täglich 400 Millionen Liter Wasser nach Rom liefern mussten! Rom wurde zur Zeit von Christi Geburt über neun Aquädukte mit Wasser bedient. Die Länge der Wasserleitungen schwankte zwischen 16 und 90 Kilometer.
Wie wurden diese Kunstwerke des Tiefbaus in der Antike realisiert? Und meine grosse Frage: »Kamen die Baumeister ohne Kenntnisse des Zehnersystems aus?« Wie überbrückten sie Berge, Täler und andere Geländehindernisse? Dies geschah, typisch für Rom, Schritt für Schritt mit sehr viel Personal und sehr praxisnah.
Aqua Marcia war die längste Wasserleitung. Sie wurde 140 v. Chr. vollendet. Die Bauzeit betrug vier Jahre. Sie hatte eine Länge von 91 Kilometer. Der Höhenunterschied von Anfang bis Ende betrug bloss 260 Höhenmeter. Was eine durchschnittliche Neigung von nur drei Promille entspricht. Die Quelle lag im Aniental. In der Nähe der heutigen Stazione Termini erreichte sie Rom, von wo aus die Feinverteilung in die Quartiere startete.
Betrachten wir den Bau dieser Leitung etwas genauer. Zuerst ging es darum eine Quelle zu finden, die in genügender Menge sauberes Trinkwasser lieferte. Dann kümmerten sich die Ingenieure um den genauen Ausgangspunkt und dem genauen Endpunkt der Leitung. Entscheidend beim Wassertransport ist die Schwerkraft. Die Aquädukte müssen ein stetes, gleichmässiges Gefälle haben, damit das Wasser ihr Ziel, die Metropole, erreicht. Das Geniale: Die Neigung und der Weg der Leitung wurde weder berechnet noch vermessen. Sie wurde Stück um Stück, Schritt für Schritt mit Profilstangen aus Holz verpflockt. Für alle Aquädukte, so auch für Marcia, konstruierten die Praktiker eine Lehre, welche genau die Neigung von drei Promille hatte. Dieses Vermessungsinstrument heisst Chorobat. Es handelt sich um einen 20 Fuss (6 Meter) langen Holzbalken mit an den Enden zwei rechtwinklig angebrachten Stützen. Diese Beine waren ungleich lang. Dieser Längenunterschied der Beine gab, wenn der Balken genau in der Waagrechte lag, die präzise Kote für die notwendige Neigung der Wasserleitung. Das kürzere Bein wurde bergwärts auf den Boden gestellt. Der Balken wurde mittels Senkblei und Wasserwaage genau horizontiert. Das zweite Bein ergab die Neigungskote. So wurde schrittweise, sechs Meter um sechs Meter, der Weg der Fernleitung verpflockt.
Die Wasserwaage war eine in der Mitte des Balkens eingebauten Rille, welche mit Wasser gefüllt wurde. War sie völlig gefüllt und gingen keine Tropfen daneben, befand sich der Balken in der Horizontale. War der Weg ausgesteckt, konnte mit dem Bau begonnen werden.
Die Leitung wurde grösstenteils unterirdisch geführt. Grössere Hügel wurden durch Tunnels überbrückt. Bei Tälern wurde dem Wasser oberirdisch mit Bauwerken, Aquädukten, ein Übergang geschaffen. So floss das Wasser unterirdisch in Druckleitungen aus imprägniertem Holz und über der Erde auf Aquädukten zum Ziel. Hunderte von Arbeitern, meistens Sklaven, gruben mit Pickel und Schaufel die Gräben und Tunnels. Oder sie bauten aus Steinquadern Aquädukte wie der »Pont du Gard«. Wie müssen sich die Ingenieure gefühlt haben, als das erste Wasser in Rom ankam! Vier Jahre harter Arbeit zeigten ihren Lohn.
Während dem Bau der Aqua Marcia wurden zwar von der Bauleitung Notizen gemacht. Komplizierte Berechnungen, wie wir sie heute bei der Landvermessung benutzen, kamen nicht zur Anwendung. Auf der Baustelle waren keine Rechenkünste gefragt. Schon gar nicht mit dem Dezimalsystem. Industriebauten wurden praktisch, vor Ort, handfest, Stück um Stück vorangetrieben. Mathematik wurde nicht zu Hilfe genommen.
Es sind die Triumphe auf dem Schlachtfeld, die Roms Aufstieg vorantrieben. Aber erst die Fernwasserleitungen ermöglichen es der Stadt, stets gross zu bleiben, um Kriege und Machtwechsel zu überstehen. So wird die Wasserversorgung zum wichtigsten Faktor für Roms einzigartigen Erfolg.

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Aqueduc

Le fameux «Pont du Gard», ce chef d’œuvre technique de l’antiquité situé entre Nîmes et Avignon, ne cesse pas de m’intriguer. Je l’ai déjà mentionné dans mon essai «MMXV» de décembre 2015. J’y ai émis la supposition que les romains devaient connaître le système de calcul décimal et l’auraient appliqué à la conception de leurs œuvres. Or, j’ai découvert ces derniers mois quelques articles qui donnent une image complètement différente de la technique de construction des anciens romains. Ils démontrent que ma conclusion était erronée.
Dans l’antiquité, les grecs furent les meilleurs mathématiciens et théoriciens. Les romains par contre savaient appliquer les technologies connues à la pratique concrète. Ils réalisèrent ce que d’autres avaient imaginé. Revenons au «Pont du Gard», construit par les romains il y a 2000 ans et qui est encore en état de nos jours. Il représente la preuve tangible du génie des ingénieurs romains. Les romains n’étaient peut-être pas les meilleurs inventeurs, mais certainement les meilleurs ingénieurs.
Si d’autres peuples produisaient des idées nouvelles, les romains les réalisèrent dans la pratique en les perfectionnant. Un bel exemple est le système d’alimentation en eau potable des villes de l’empire romain. En premier lieu celui de la ville de Rome. Mais aussi ceux de Trier, Mainz, Lyon, Nîmes, Cologne, Xanten, Taragona ou Segovia, tous équipés d’aqueducs.
La longueur des conduites d’eau pouvait atteindre jusqu’à 100 kilomètres. Ce qui était le cas de la conduite de l’Eifel pour la ville de Cologne.
La consommation d’eau potable de la métropole Rome fut gigantesque. Elle montait jusqu’à 400 litres par jour et par habitant. Soit le double de la consommation moyenne de l’Europe actuelle. Il fallait donc que les conduites à distance transportent quotidiennement 400 millions de litres d’eau vers la ville de Rome! A l’époque de la naissance du Christ, ce fut accompli par neuf aqueducs longs de 16 à 90 kilomètres.
Comment ces œuvres de génie civil étaient-elles réalisés dans l’antiquité? Et ma grande question: «Ces bâtisseurs pouvaient-ils s’en sortir sans connaître le système de calcul décimal?» Comment ont-ils franchi des montagnes, vallées et autres obstacles naturels? Cela s’est fait de façon typiquement romaine, pas-à-pas avec beaucoup de main-d’œuvre et toujours tourné vers la pratique.
Aqua Marcia, la conduite la plus longue pour l’alimentation de la ville de Rome, fut achevée en 140 avant JC après 4 années de travaux. Le dénivellement entre le début et la fin du trajet n’était que de 260 mètres. Sur sa longueur de 91 kilomètres cela correspond à une pente moyenne de 3 pour mille seulement. La source se situait dans la vallée de l’Aniene et l’arrivée à Rome près de l’actuelle Stazione Termini d’où partait la distribution vers les quartiers.
Regardons la construction de cette conduite de plus près. D’abord il fallait trouver une source fournissant un débit suffisant d’eau potable. Ensuite les ingénieurs définissaient les points de départ et d’arrivée avec précision. La gravité étant l’élément essentiel du transport de l’eau, la pente du trajet doit être régulière et constante pour amener l’eau à sa destination, la métropole. Le coup de génie: la pente et le trajet n’étaient ni calculés ni métrés. Ils étaient piquetés à fur et à mesure par des tiges à profil en bois. Pour chaque aqueduc les techniciens construisaient un gabarit précis adapté à la pente requise. En occurrence, celui de Marcia à 3 pour mille. Cet instrument romain s’appelle Chorobate. Il comporte une poutre en bois de 20 pieds (6 mètres) de long, munie de deux supports fixés à chaque extrémité à angle droit. Ces derniers sont de longueur différente, inégalité qui fournit la cote correspondante à l’inclinaison recherchée dès que la poutre se trouve exactement à l’horizontale. La jambe courte est posée par terre coté amont. La poutre est mise à l’horizontale à l’aide d’un fil à plomb et d’un niveau hydraulique. La position de la deuxième jambe indique alors la cote de l’inclinaison. Ainsi, pas à pas, soit 6 mètres par 6 mètres, le parcours de la conduite était piqueté sur toute sa longueur.
Comme niveau hydraulique servait une rainure en longueur au milieu de la poutre qu’on remplissait d’eau. Si elle était complètement pleine sans déborder, la poutre se trouvait à l’horizontale. Une fois le trajet piqueté, la construction pouvait commencer.
La plus grande partie du trajet se faisait sous terre. Des tunnels passaient sous les collines. Des aqueducs permettaient la traversée des vallées. Et l’eau s’écoulait sous terre dans des conduites en bois imprégné, dans les airs par les aqueducs pour atteindre sa destination. Des centaines d’ouvriers, en majorité des esclaves, creusaient tranchées et tunnels à la pioche et la pelle. Ou construisaient des aqueducs tels que le «Pont du Gard» avec des blocs de pierre taillés. Quels ont pu être les sentiments des ingénieurs lorsque la première eau a rejoint Rome! La récompense de quatre années de dur labeur.
On a bien trouvé des notes datant de la construction d’Aqua Marcia. Mais pas de trace de calculs compliqués tels que ceux utilisés de nos jours en arpentage. Pas de mathématiques sur le chantier. A fortiori pas de système décimal. Les constructions avançaient concrètement sur place, pas-à-pas. Sans aide mathématique.
Ce sont les triomphes sur les champs de bataille qui ont fait l’ascension de l’empire romain. Mais c’est grâce aux aqueducs que Rome pouvait rester grand et assez fort pour faire face aux guerres et changements de régime. Ainsi, l’alimentation en eau devient le facteur dominant du succès unique et historique de Rome.

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Sprache heute

In der S-Bahn, während der Zeit der Europameisterschaften im Fussball, schnappte ich folgendes Gesprächsbruchstück auf:

»Yann Sommer ist ein irre cooler Typ. Er ist einfach der beste Goalkeeper! Einfach geil! Der chillt nie. Unheimlich krass. Voll easy! Holy oberaffengeil man.«

«So gehen wir mit unserer Sprache um! Wir schätzen unsere Sprache zu gering. Wir verhunzen sie. Wir höhlen sie aus. Wir lassen sie verarmen und verludern. Bald geben wir sie ganz auf!»

So höre ich meine Zeitgenossen schimpfen. «Wir», die Adressaten der Klage, das sind im Prinzip alle Menschen die Deutsch sprechen. In diesem Geheul mag ich nicht mitjammern.
Was ist denn da so schlimm?
In der Schule und auf der Strasse hatten meine Kameraden und ich zur Jugendzeit eine eigene Sprache. Genau so wie heute, war sie mit Modewörtern gespickt. »Elephantös, superhyperkatalytisch, phäno (statt phänomenal)”, um nur ein paar Sprachsplitter aus meiner Gymizeit zu erwähnen. Jede Sprache wandelt sich. Die Sprache lebt.
Sprache ist in erster Linie ein Kommunikationsmittel. Eine dem Menschen eigene Methode, sich verständlich zu machen. Ein Instrument von lebenden Menschen. Entsprechend ist die Sprache, wie der Mensch, quicklebendig. Sie wächst und sie verändert sich mit der Umgestaltung des sprechenden Menschen. Am Anfang, als der Mensch zu sprechen begann, bediente er sich weniger Wörter, dann kamen die einfachen Sätze. Es entstanden Dialekte aus denen die Muttersprache entspross. Aus der Muttersprache entwickelten sich immer mehr verschiedene neue Sprachen, die Fremdsprachen wie französisch, swahili oder chinesisch.
Sehr lange wurde die Sprache nur gesprochen. Schreiben und lesen kam sehr viel später zur Anwendung. Heute ist das nicht sehr anders. Es wird gesprochen. Gesprochen im Radio, gesprochen im Fernsehen. Gesprochen im Tram und im Bus. Gesprochen auf der Strasse. Gesprochen wird die Alltagssprache. Wenn eine Gruppe die gleiche Sprache spricht und sich versteht und begreift, so ist ihr Zweck erfüllt.
Mit dem Überhandnehmen der Globalisierung ist nicht mehr sicher, dass alle am Gespräch Beteiligten dieselbe Sprache verstehen. Es muss eine gemeinsame Sprache, meistens englisch, als Verkehrssprache herhalten. Um so schöner und bequemer, wenn man selber einige Fremdsprachen beherrscht. Mit Vorteil englisch oder spanisch. Das erlaubt miteinander zu reden und sich zu verstehen. Wenn das alles nicht geht, zum Beispiel in Japan, bleibt nur noch eine Lösung: sich eines guten Übersetzers zu bedienen.
Bei so vielen Fremdsprachen die uns täglich berieseln ist es unvermeidlich, dass sich daraus ein Sprachengemisch entwickelt, bei dem wieder das Englische vorherrscht. So finden cool, easy, goalkeeper, computer und party ihren Eingang in die tägliche Konversation.
Wenn es da etwas locker und salopp zu und her geht, ist das noch lange nicht den Untergang unseres Kulturguts Sprache.
Bei der Abfassung eines Artikels für die Tageszeitung, oder bei der Arbeit eines Schriftstellers, der ein Buch schreibt, oder bei einem Forscher der eine Abhandlung anfertigt; da gelten ganz andere Anforderungen an Ausdruck und Satzbau.
Hier liegt die Latte hoch. Zwei ganz neue Elemente kommen hinzu. Erstens die Beherrschung von Grammatik und Orthographie. Zweitens die Fähigkeit, den Wortschatz zu verwenden, um damit ein gut lesbares Kunstwerk zu gestalten.
So entsteht Literatur. Immer noch Kommunikation mit dem Partner, dem Leser. Allerdings ist das nicht mehr jedermanns Sache, hier wird es elitär.
Ob im täglichen Verkehr oder in der hohen Dichtkunst, neue Wörter, Sprachschöpfungen, eigene Erfindungen machen die Seele der Sprache aus. Die Sprache lebt.
Zuerst der Beweis in der Poetik. Beim Vergleichen des Wortschatzes in E.T.A. Hoffmanns Satire »Kater Murr« einerseits und in Heinrich Bölls »Ansichten eines Clowns«, anderseits, wird plastisch sichtbar, dass die Sprache dem Zeitgeist unterworfen ist, dass sie lebt. Der Umgang mit der Sprache hat sich vom 18. ins 20. Jahrhundert durchschlagend verändert. Beide Klassiker der Literatur geben, jeder für sich, ein völlig anderes Sprachbild. Genau so gibt es Unterschiede in der Wortwahl einer höheren Tochter in einer Klosterschule und einem Secundo albanischer Abstammung beim Fussballmatch.
Wenn ich im Tram fahre und erlebe wie an der Haltestelle der Berufsschule, ein Rudel von Jungen einsteigt, überkommt mir echte Freude. Eine Vielzahl von Secundas, Secundos und Einheimischen nehmen den ganzen Wagen in Beschlag. Alle schwatzen mit Allen. Lauthals, in ihrer Jugendsprache beherrschen sie das Geschehen. Ein unbekümmertes, babylonisches Gemisch von vielen Sprachbrocken bildet die Grundlage ihrer Kommunikation. Und sie verstehen sich! Das macht richtig Spass. Ein Teil unserer Kultur. Auch wenn wir ältere Semester irritiert sind. Die Jungen wollen sich immer wieder gegen die Alten abgrenzen. Das war schon vor 3000 Jahren so. Auf einer babylonischen Tontafel fand sich folgende Klage:
«Die heutige Jugend ist von Grund auf verdorben. Sie ist böse, gottlos und faul. Sie wird niemals so sein wie die Jugend vorher. Es wird ihr niemals gelingen, unsere Kultur zu erhalten.»
Im Alten Testament steht, dass beim Turmbau von Babel der Sprachenwirrwarr entstanden ist. Inzwischen sprechen rund 80% der Menschheit in ca. 50 verschiedenen Hauptsprachen. Ist das nicht ein Trost? Ist die Kultur nicht erhalten geblieben? Die Menschheit und unsere Kultur haben sich weiter entwickelt. Sie ist in keiner Weise verloren gegangen. Sie hat sich entwickelt auf das, auf was wir heute stolz sind. Auf unsere Sprache.
Die Jugendsprache ist der Ausdruck für die Lust der jungen Leute, am kreativen Umgang mit unserer Sprache, ihren Beitrag zu leisten. Jeder Jugendliche wird einmal älter und wächst in die Verwendung der Standardsprache hinein. Dort bringt er seine Erfahrung in der Wortbildung aus den Jugendjahren mit. Dort leistet er seinen Beitrag zur Entwicklung der Lebendigkeit unserer Kultur und unserer Sprache.

Cool bleiben, ihr Alten!

 

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Langue actuelle

Voyageant dans le train local au moment du championnat d’Europe de football j’ai saisi au vol les bribes de conversation que voici:

  • Yann Sommer est un mec trop cool. Le meilleur goalkeeper de tous les temps! Il ne chille jamais. Super relax. Vachement top, mon pote.
  • Voilà comment nous traitons notre langue! Nous la méprisons. Nous vidons la langue de son sens. Nous la laissons s’appauvrir et dépérir. Bientôt nous l’abandonnerons pour de bon!

Ainsi j’entends rouspéter mes congénères. Le «nous» s’adresse en principe à tous ceux qui parlent allemand. Mais je me refuse de participer à ces jérémiades.
En quoi est-ce donc si terrible?
A l’école et dans la rue, du temps de ma jeunesse, nous parlions avec mes camarades une langue particulière. Tout comme aujourd’hui, elle était truffée de mots à la mode. «Elephanteux, super-hyper-catalytique, phéno (au lieu de phénoménal)» ne sont que quelques exemples dont je me souviens.
Toute langue évolue.
La langue vit.
La langue est en premier lieu un moyen de communication. Un moyen de se faire comprendre, propre aux humains. Un instrument d’hommes vivants. Par conséquent, la langue est vivante comme l’homme lui-même. Elle croît et se modifie avec l’évolution de l’homme parlant.
A ses débuts, quand l’homme a commencé à parler, il utilisait peu de mots, puis des phrases simples. Des dialectes se créaient et la langue maternelle en découlait. Ainsi naquirent les langues différentes comme le français, le swahili ou le chinois.
Pendant très longtemps la langue n’était qu’orale. L’écriture n’apparût que beaucoup plus tard. Ce qui n’a pas beaucoup changé de nos jours. La langue est parlée. On parle à la radio, à la télévision. On parle dans le tramway et l’autobus. On parle dans la rue. On parle la langue de tous les jours. Si une communauté parle la même langue, s’entend et se comprend, elle a rempli sa fonction.
Avec la globalisation il ne va plus de soi que les participants à une conversation comprennent tous la même langue. On emploie donc une langue véhiculaire qui est souvent l’anglais. Plus agréable et confortable s’avère la connaissance de plusieurs langues étrangères. De préférence l’anglais ou l’espagnol. Elle permet de se parler et s’entendre en toute quiétude. Si ces moyens ne sont pas accessibles, par exemple au Japon, il ne reste que le recours à un bon traducteur.
Vu le grand nombre de langues étrangères qui nous entourent, un effet de mélange est inévitable, dominé encore par l’anglais. Ainsi des termes comme cool, easy, goalkeeper, computer et party se glissent dans la langue de tous les jours.
Même si cette tendance est traitée avec une certaine désinvolture, elle est loin de mettre en péril le bien culturel qui est notre langue.
Dans le domaine écrit, la rédaction d’un article dans un journal, le travail d’un auteur écrivant un livre ou le traité d’un chercheur, les exigences à l’expression et la syntaxe sont beaucoup plus importantes.
Ici, la barre est haute. Deux éléments nouveaux se présentent. D’abord la connaissance de la grammaire et de l’orthographe. Ensuite la capacité d’utiliser le vocabulaire adapté à une œuvre aisément lisible.
Ainsi se crée de la littérature. Toujours basé sur la communication avec un partenaire, le lecteur. Ce n’est plus donné à tout le monde, mais réservé à une élite.
Que ce soit dans les rapports quotidiens ou dans l’art poétique, les créations individuelles font l’âme de la langue.
La langue vit.
Voici une preuve que nous fournit la poésie. La comparaison du vocabulaire de E.T.A. Hoffmann dans la satire «Le chat Murr» avec «La grimace» de Heinrich Böll montre clairement que la langue est soumise à l’esprit du temps, qu’elle vit. L’utilisation de la langue a fondamentalement changé entre le 18ème et le 20ème siècle. Ces deux auteurs classiques nous donnent des images linguistiques très différentes. De même que le vocabulaire d’une fille de bonne famille à l’école monastique diffère de celui d’un jeune homme d’ascendance albanaise au match de football.
Lorsque, en prenant le tramway, j’observe l’arrivée d’une bande de jeunes à l’arrêt Ecole professionnelle, je suis rempli de joie. Une armada d’élèves envahit le wagon. Tout le monde parle à tout le monde. A haute voix ils dominent l’ambiance dans leur langage de jeunes. Leur moyen de communication est un mélange insoucieux et babylonien de morceaux de langue. Et ils se comprennent! Une vraie joie. Une partie de notre culture. Tant pis pour nous autres anciens que cela irrite. Les jeunes veulent toujours se distinguer des vieux. C’était déjà le cas il y a 3000 ans. Une tablette de terre cuite babylonienne comporte la plainte suivante:

«La jeunesse d’aujourd’hui est fondamentalement dépravée. Elle est méchante, impie et paresseuse. Elle ne sera jamais comme celle d’avant. Elle ne sera jamais capable de conserver notre culture.»

L’ancien testament nous apprend que la construction de la tour de Babel a provoqué la confusion linguistique. Entretemps, environ 80% de l’humanité parle approximativement 50 langues principales. N’est-ce pas là une consolation? La culture n’a-t-elle pas été conservée? L’humanité et notre culture ont continué à se développer. Elle n’a absolument pas été perdue. Elle a abouti à ce qui fait notre fierté. Notre langue.
Le langage de jeunes est l’expression du désir de la jeunesse de contribuer leur part à l’utilisation créative de notre langue. Tout adolescent deviendra un adulte et s’habituera au langage courant. Il y apportera son expérience en création de mots, acquise dans sa jeunesse. Il contribuera ainsi au développement de la vitalité de notre culture et notre langue.
Restez cool, les vieux!

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Anton der Schachtürke

Wer noch mehr vom Schachtürken erfahren möchte schaue sich dieses Video an.
Dieses Video zeigt eine nachgestellte Schachpartie wie sie zur Zeit des Erfinders Wolfgang von Kempelen hätte stattfinden können. Die Show fand im Heinz Nixdorf MuseumsForum in D-33102 Paderborn statt.  Es ist das grösste Computermuseum der Welt. Hier steht ein sehr schöner Nachbau des Schachtürken. Das Video ist sehenswert. Es ist die erste öffentliche Präsentation mit dem Schauspieler Heike Grosche als Butler Anton am 25. März 2004.

Viel Spass

Anton, le turc à l’échiquier

Cette vidéo sera appréciée par ceux qui s’intéressent au Turc à l’échiquier. Elle présente une partie d’échecs comme elle aurait pu se passer du temps de l’inventeur Wolfgang von Kempelen. La présentation a eu lieu au MuseumsForum Heinz Nixdorf D-33102 Paderborn. C’est le plus grand musée d’ordinateurs du monde. Une très belle reproduction du Turc à l’échiquier y est exposée. La vidéo mérite d’être vue. Il s’agit de la première présentation publique du 25 mars 2004 avec l’acteur Heike Grosche comme Butler Anton.

Amusez-vous bien

Heinz Nixdorf MuseumsForum, Fürstenallee 7, D-33102 Paderborn

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Schachtürke

Im Jahr 1770 wurde der Kaiserin Maria Theresia ein genialer Automat vorgestellt. Der Schachtürke. Er schlug menschliche Gegner beim Schachtspiel. Der Erfinder Wolfgang von Kempelen wollte eigentlich damit nur die Kaiserin beeindrucken. Doch der Schachtürke wurde zum Selbstläufer und ging auf Welttournee.

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Die folgende Geschichte spielt im 18. und 19. Jahrhundert. Das war die Zeit des grossen technischen Aufbruchs in Europa. Die Zeit der ersten technischen Revolution. Es war die erste Phase der Industrialisierung. Die Beherrschung der Mechanik und der Thermodynamik, welche die Entwicklung der Eisenbahn und der Dampfmaschine ermöglichte. Darüber hinaus fand sie auch in den Fortschritten der Feinmechanik, der Automaten- und Uhrenmanufaktur ihren Niederschlag.
Es herrschte eine Begeisterung im Volk. Man war überzeugt, an die Gestaltung einer völlig neuen Zukunft mitzuwirken. Daraus ist verständlich, dass Automaten die schreiben und sprechen konnten, das Markenzeichen für diesen Aufbruch war. In meiner Kolumne vom letzten Januar [Roboter] habe ich mich schon dazu geäussert. Der Höhepunkt der Automatenbaukunst war der Schachtürke.
Die Menschheit freute sich immer über spektakulären Illusionen, wie sie von grossen Magiern im Theater präsentiert wurden. Bis in unsere Zeit hinein erreichen uns berühmte Namen. Houdini, der weltberühmte Entfesselungs- und Zauberkünstler. Kalanag, die erste Nachkriegsmagieshow grossen Stils. Der aus dem Fernsehen bekannte, Zauberkünstler David Copperfield. Jean Beckerelli und natürlich Siegfried und Roy, die Zauberkünstler in Las Vegas mit ihren Auftritten mit weissen Tigern und Löwen.
Genauso gestaltete von Kempelen seine Theaterauftritte. Neben dem Schachtürken liess er weitere Automaten, wie der Trompeter und der Brand von Moskau im Modell, auftreten. Er war nicht nur ein begnadeter Feinmechaniker. Er verstand es auch das Publikum als guter Conférencier und Showmaster zu fesseln. Verständlich, dass bei jedem Auftritt in jeder Stadt, die Presse sich um ihn und das Geheimnis des Türken kümmerte.
Damit begann die Geschichte des Schachtürken. Der deutsch-ungarische Hofsekretär und spätere Hofrat Baron Wolfgang von Kempelen (1734-1804) aus Preßburg/Bratislava demonstrierte im Frühjahr 1770 seine Erfindung der Kaiserin Maria Theresia und ihrem Gefolge am Wiener Hof. Die Kaiserin verlor die Schachpartie. Das Publikum war beeindruckt von dem scheinbar automatischen Schachspieler, der über eine aussergewöhnliche Spielstärke verfügte. Als Mensch, von einer Maschine beim Spiel der Könige geschlagen zu werden, muss für den Spieler der damaligen Zeit ein richtiger Schock gewesen sein. Kann die Denkkraft einer Maschine grösser sein als jene des Menschen?
Es war sowohl für den menschlichen Schachspieler, als auch für das Publikum ein tiefgreifendes Erlebnis. Die Vorstellung, wie ein Apparat, eine Maschine, ein seelenloses Wesen, die Denkvorgänge eines Menschen erkennen, analysieren, nachvollziehen und darauf logisch reagieren konnte, weckte Emotionen, regten zum Nachdenken an.
Kein Mensch verliess die Darbietung, ohne sich über die Frage den Kopf zu zerbrechen: «Wie ist das möglich? Wie kann ein von Menschenhand konstruierter Apparat auf menschliche Gedanken logisch reagieren? »

Charler Webb (1830-1895) "Die Schachspieler"
Charler Webb (1830-1895) “Die Schachspieler”

Schach das königliche Spiel, das strategische Brettspiel, diente der Elite der Aufklärung als Zeitvertreib. Schach wurde zum reinen Vergnügen gespielt. Man kannte die Spielregeln und hatte seinen Spass am Schachbrett. Eine Partie dauerte ca. eine Stunde. Schach war allgemein bekannt. Die Qualität des Spiels war mit den heutigen Strategien der Schachmeisterschaften nicht zu vergleichen. Die Elite liebte das Spiel und hatte einen eleganten Zeitvertreib.
Nachdem Kempelen den Wiener Hof zum Staunen gebracht hatte, reiste er mit seinem Türken bis 1785 durch Europa. Er spielte in London, Paris und mehreren Städten Deutschlands vor der besten Gesellschaft. Stets war das Publikum beeindruckt.
Der Türke spielte in seiner Karriere gegen zahlreiche berühmte Persönlichkeiten. Neben Spielen gegen Maria Theresia und Benjamin Franklin bildete vor allem die Partie 1809 gegen Napoleon in Wien den Höhepunkt seiner Karriere. Napoleon versuchte, den Türken durch unerlaubte Spielzüge zu testen. Der Türke soll zuerst mit einer Verbeugung reagiert haben und stellte die Figur an ihren richtigen Platz. Nach weiteren Täuschungsmanövern Napoleons wischte der Automat die Figuren vom Tisch und heimste sich ein Lob des französischen Kaisers ein. Napoleon verlor darnach die zweite Partie.
Das Vorspiel der Präsentation der Show dauerte ungefähr 25 Minuten. Die lebensgroße Puppe in türkischer Tracht sass an der Rückwand eines eleganten Holzkastens. Wortreich und kompliziert erläuterte von Kempelen den Anlass. Das grosse Möbel wurde vorgestellt. Mit einem grossen Schlüssel, den er von seinem Schlüsselbund nahm, öffnete er eine Türe des Kabinetts. Eine komplizierte Apparatemechanik wurde sichtbar. Nichts als Walzen, Zahnräder, Übertragungsketten, Drehpendel, Hebel und ein Wirrwarr von Gestängen bekam das Publikum zu Gesicht. Mit schönen Gebärden nimmt er dem Türken die Pfeife aus der Hand. Im Vorbeigehen schliesst er eine weitere Türe auf. Eine Kerze wird angezündet.  Das Gebilde, Türke, Schachbrett, das ganze Möbel – es steht auf Rädern – wird um 180° gedreht. Die Rückseite des Türken wird sichtbar. Eine Hintertüre wird entriegelt. Mit der Kerze wird der sichtbar gewordene Innenraum ausgeleuchtet. Nichts zu sehen. Lauter Leere.
So geht die Vorstellung weiter bis der Türke wieder dem Publikum zugewendet ist und die Schachpartie beginnen kann.
Eine besondere Feinheit.
Mitten im Spiel, als der Türke eine Figur ergriffen hatte und sie auf ein neues Feld platzieren wollte, hält er inne. Der Arm bewegt sich nicht mehr. Die Figur hängt über dem Schachbrett in der Luft. Von Kempelen, der Präsentator, beeilt sich, geräuschvoll die Mechanik wieder aufzuziehen und das Spiel geht weiter. Der Türke platziert den Turm. Bei jedem Zug war ein Rasseln und Ächzen von Zahnrädern zu hören. In diesem Fall waren diese Maschinengeräusche, im Gegensatz zu anderen Androiden und Automaten, wohl erwünscht, lenkten sie doch von dem Gedanken ab, die Maschine könnte von einem Menschen in ihrem Inneren betrieben werden.
Nach dem Tod des Barons von Kempelen ging der Türke in den Besitz seines Sohnes über, der ihn schliesslich an den Hofmechanikus Johann Nepomuk Maelzel verkaufte. Damit begann ein neuer, nicht minder aufsehenerregender Abschnitt in der Karriere des Türken.
Am 3. Februar 1826 traf Maelzel mit dem Türken in Amerika ein.
68 Jahre trat der Türke in ganz Europa und in den gesamten USA auf. Das Artefakt wurde laufend verbessert. Der Türke konnte später einige Worte wie «Schach», «Schach und matt» sprechen. Gegen Ende seiner Karriere erlosch das Interesse für das automatische Schachspiel. Zu sehr war man jenseits des Atlantiks an das Showbusiness gewohnt. Die Zeit des romantischen Automaten war abgelaufen. Es kamen Nachahmungen auf den Markt. Nie und niemand hat das Geheimnis «wie funktioniert der Türke? » gelöst.
Sowohl in Europa, wie auch in den Vereinigten Staaten erschienen viele Publikationen, welche versuchten, das Geheimnis zu lösen, das Funktionieren des Türken zu erklären. Eine echte Lösung wurde nie gefunden. Der berühmte amerikanische Schriftsteller Edgar Allan Poe kam der Wahrheit am nächsten.
Er sah den Türken 1835 in Richmond/Virginia und veröffentlichte einen Essay mit dem Titel „Mälzels Schachspieler“. Poe vermutete, dass ein verborgener Spieler in der Figur des Türken den Arm bewege.
Zahlreich waren die Spekulationen über die Funktionsweise des Schachtürken. Hatte von Kempelen tatsächlich einen genialen Automaten entwickelt, der der menschlichen Intelligenz ebenbürtig war? Waren es magnetische Kräfte oder unsichtbare Schnüre, die den Türken bewegten? Sass ein Kleinwüchsiger oder ein Kind im Kasten? Die Vermutungen füllten Traktate und Bücher. Zwar waren einige Autoren der Wahrheit auf der Spur, doch ganz genau konnte niemand das Geheimnis lüften. In der Öffentlichkeit wurde viel spekuliert. Es wurde geschrieben, diskutiert, debattiert.
« Mälzel’s Tochter schlüpft vor der Vorstellung in die Kleider des Türken.» Am nächsten Tag führte der Vater galant eine sehr schöne, zierliche junge Dame, seine Tochter, am Arm in den Saal und wies ihr einen Stuhl in der ersten Reihe des Theaters an. Sie sass dort während der ganzen Vorstellung. Während der Türke wieder ein Spiel gewann. Von mehr als dreihundert gespielten Partien endeten 9 mit Remis, zwei mit Matt. Alle anderen gewann der Türke.
Wie funktionierte der Türke nun wirklich?
E. A .Poe hatte recht, im Kasten befand sich ein Schachspieler. Jede Sitzung mit dem Schachtürken von Kempelen, später Mälzel, wurde durch ihre professionelle Präsentation, die einer magischen Vorführung glich, eingeführt. Wie bereits beschrieben, waren sie immer sehr eloquent mit Finten und Ablenkungen gespickt um das Publikum in die Irre zu führen. Die folgenden vier Bilder zeigen, wie sich der interne Schachspieler während der Vorführungen des Kabinetts verhielt. Dem Publikum war er nie zu Gesicht gekommen. Die Zuhörerschaft war sicher, die Kästen des Möbels seien entweder mit komplizierten Maschinenelemente gefüllt oder leer.

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Diese Skizzen zeigen, wie der Bediener mittels eines verschiebbaren Sitzes und klappbare Trennwände verhindern konnte, dass das Publikum ihn beim Öffnen der Türen sah. Eine wichtige Rolle spielten die Kerzen. Zwei standen neben dem Schachbrett. Eine Dritte benötigte der schachspielende Gehilfe zur Beleuchtung seines Schachbretts. Auch wenn es nach verbranntem Kerzenwachs roch, so kam dies von den beiden für jedermann sichtbaren Kerzen. Im Innern des Türken war die Luft stickig und verqualmt. Länger als eine Stunde hielt man es in dem Kabäuschen nicht aus. Die Partien dauerten nie länger.

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Der Spieler nahm seinen Arbeitsplatz ein. Er richtet sein Schachbrett vor ihm auf. Dieses spezielle Schachbrett hatte jeweils auf dem Feld zwei Löcher. Das eine diente dafür, die Schachfiguren, welche unten einen Stahlstift hatte, festzuhalten. Das andere Loch wurde benötigt um mittels eines Pantographen den Arm des Türken mit grosser Präzision auf dem oberen, sichtbaren Schachbrett zu positionieren. Ein hochkompliziertes Hebelsystem, echte Mechanik, erlaubte der Puppe, die Figuren zu bewegen. So kam jede Spielfigur genau auf das entsprechende Feld des oberen Schachbretts.
Wie aber wusste der verborgene Spieler, welchen Zug sein Gegner gemacht hatte? Die Steine des oberen Schachbretts enthielten auf der Unterseite einen sehr starken Magneten. Unter jedem Feld des oberen Schachbretts befand sich im Innern des Kastens eine kleine Metallscheibe. Diese hing an einem feinen, spiralförmig gedrehten Draht. Wenn nun eine Schachfigur auf ein bestimmtes Feld gestellt wurde, zog der Magnet die Scheibe an und hob sie bis an den Deckel des Kastens. Wurde die Figur weggenommen, fiel die Scheibe wieder nach unten und wackelte noch ein paar Sekunden lang an ihrer Drahtspirale. Der Spieler beobachtete die Unterseite des Spielbretts. So konnte er feststellen, welche Figur wohin gezogen wurde. Er übertrug das auf sein eigenes Brett und überlegte den Gegenzug.
Der Spieler konnte über eine Zahlenscheibe mit dem Präsentator kommunizieren. Erschien die eins, in einem von aussen sichtbaren Feld hiess dies zum Beispiel: «Meine Kerze ist ausgelöscht. Mache ein bisschen Krach, damit ich eine Neue anzünden kann. » Stellte der Präsentator die Scheibe zum Beispiel auf 4, hiess das «Lass den Spieler gewinnen»
Verwunderlich ist es, dass die Männer und Frauen, die den Türken während seiner aussergewöhnlichen Karriere bedient hatten, sein Geheimnis so treu gehütet haben.
Es ist erstaunlich, dass das Rätsel nie verraten wurde. Es waren immerhin immer wieder neue Personen im Kasten. welche die Partie mitspielten und den Türken bedienten.
1840 war die Zeit des Türken vorbei und 1854 verbrannte der Automat in einer Abstellkammer des „Chinesischen Museums“ in Philadelphia.
Die Entwicklung des Computers brachte die im 19. Jahrhundert entstandene Überzeugung, es könne nie eine Schach spielende Maschine geben, ins Wanken. Es sollte bis ins Jahr 1997 gehen. Die Entwicklung grosser datenverarbeitende Rechner und die Fortschritte auf dem Gebiet der künstlichen Intelligenz machten es möglich. Der Schachweltmeister Garri Kasparow trat im Mai 1997 in Manhattan gegen den IBM-Computer Deep Blue an. Es wurde unter Tournier-Verhältnissen mit regulären Zeitkontrollen gespielt. Der amtierende Schachweltmeister wurde geschlagen. Endlich nach mehr als zwei Jahrhunderten, schien Kempelens Traum von einer Schachmaschine, die auch den besten Spieler der Welt besiegen konnte, in Erfüllung gegangen zu sein.
Mitte Juni dieses Jahres hatte ich Gelegenheit mit Dominic Bieri und Altin Aliçkaj zusammen zu kommen. Diese zwei Maturanden der Kantonschule des Zürcher Oberlands hatte als Maturitätsarbeit einen Schachroboter entwickelt. Der entstandene Schachroboter spielt nicht nur gegen den Menschen, sondern führt seine eigenen Züge auch auf einem realen Schachbrett aus. Der lebende Schachspieler, der Mensch, spielt mit den weissen Figuren. Das computergesteuerte Schachbrett antwortet selbstständig mit Schwarz. Wie von Geisterhand bewegen sich die schwarzen Figuren über das Brett. Die dazu notwendige Software, wie die dazugehörige Feinmechanik hatten die beiden jungen Männern von null auf selbständig entwickelt. Am Anfang gab ihnen niemand eine

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Altin Aliçkai und Dominic Bieri am Roboter

Chance, diese anspruchsvolle Maturaarbeit erfolgreich abzuschliessen. Sie haben es aber geschafft. Eine grossartige Leistung. Für mich war es ein schönes Erlebnis zu sehen, wie der Schachtürke seine Faszination bis in die heutige Zeit nicht verloren hatte.

 

Quelle:
Tom Standage
Der Türke
Die Geschichte des ersten Schachautomaten und seiner abenteuerlichen Reise um die Welt.
Aus dem Englischen von Thomas Merk und Thomas Wollermann.
Campus Verlag Frankfurt / New York
ISBN 3-593-36677-0
www.tomstandage.com

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Le Turc à l’échiquier

En 1770, un automate génial a été présenté à l’impératrice Marie Thérèse. Le Turc à l’échiquier. Il battait des adversaires humains au jeu d’échecs. L’intention de l’inventeur Wolfgang von Kempelen était simplement d’impressionner l’impératrice. Mais le Turc à l’échiquier a pris son autonomie et s’est lancé dans une tournée mondiale.

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Son histoire s’est déroulée pendant les 18. et 19. siècle. C’était la période des grandes évolutions techniques en Europe. Le temps de la première révolution technologique. La première phase de l’industrialisation. La maîtrise de la mécanique et la thermodynamique qui produisait les chemins de fer et la machine à vapeur. Elle entraînait aussi des progrès dans la mécanique de précision, manifestes dans la manufacture d’automates et de l’horlogerie.
L’ambiance populaire était à l’enthousiasme. On était convaincu de contribuer à la création d’un avenir prometteur. Dans cette atmosphère, des automates sachant écrire et parler étaient des symboles de l’évolution en cours. J’ai eu l’occasion de m’exprimer à ce sujet dans mon essai «Roboter» du mois de janvier dernier. Le Turc à l’échiquier représentait le comble de l’art de construire des automates.
L’humanité s’est toujours réjouie des illusions spectaculaires présentées sur scène par de grands magiciens. Des noms sont restés célèbres jusqu’à nos jours: Houdini, le fameux magicien et virtuose de l’évasion, Kalanag, le premier show de magie de grande envergure de l’après-guerre, l’illusionniste David Copperfield connu grâce à la télévision. Jean Beckerelli et bien sûr Siegfried et Roy, les magiciens de Las Vegas avec leurs tigres et lions blancs.
Von Kempelen présentait son numéro dans le même style théâtral. En plus du Turc à l’échiquier, il montrait d’autres automates comme le joueur de trompète et l’incendie de Moscou modélisé. Ses dons ne se limitaient pas à la mécanique de précision. C’était aussi un excellent animateur qui savait capturer l’attention de son public. Il n’est pas étonnant que dans chaque ville où il passait, la presse s’intéressait à lui et au mystère de son Turc à l’échiquier.
Ainsi débutait l’histoire du Turc à l’échiquier. Au printemps 1770, le baron Wolfgang von Kempelen (1734-1804), germano-hongrois de Pressburg/Bratislava et secrétaire, puis conseiller à la cour, présentait son invention à l’impératrice Marie-Thérèse et sa suite à la cour de Vienne. L’impératrice perdit la partie d’échecs. Le public fut impressionné par ce joueur d’échecs très fort et apparemment automatique. Etre battu en tant qu’humain au jeu des rois par une machine devait représenter un choc terrible pour les joueurs de ces temps-là. La capacité de raisonnement d’une machine peut-elle être supérieure à celle d’un homme?
C’était un évènement profondément troublant aussi bien pour le joueur humain que le public. L’idée qu’un appareil, une machine sans âme, puisse reconnaitre, analyser, reproduire le raisonnement d’un humain et y réagir logiquement produisait des émotions, incitait à la réflexion.
Personne ne sortait de la représentation sans se poser la question «Comment est-ce possible? Comment un appareil conçu par l’humain peut-il réagir logiquement aux pensées de l’homme?»

Charler Webb (1830-1895) "Die Schachspieler"
Charler Webb (1830-1895) “Die Schachspieler”

Les échecs, ce jeu royal stratégique, servait comme passe-temps à l’élite du siècle des lumières. Comme le représente l’image ci-dessus par Charles Webb (1830 – 1895). On y jouait par plaisir, en respectant les règles et en s’amusant devant l’échiquier. Une partie durait environ une heure. Le jeu des échecs était généralement connu. La qualité du jeu n’était toutefois guère comparable aux stratégies des tournois d’aujourd’hui. L’élite connaissait les règles et disposait d’un passe-temps élégant.
Après avoir étonné la cour viennoise, Von Kempelen s’est mis à voyager avec son Turc à l’échiquier à travers l’Europe jusqu’en 1785. Il a joué à Londres, Paris et plusieurs villes allemandes devant la meilleure société. Un public toujours impressionné.
Pendant sa carrière, le Turc à l’échiquier a joué contre maintes personnalités célèbres. A côté des jeux contre l’impératrice Marie-Thérèse et Benjamin Franklin, c’est la partie de 1809 contre Napoléon à Vienne qui représente le comble de sa carrière. Napoléon essaya de tester le Turc par des mouvements non permis. Il paraît que ce dernier réagit en s’inclinant d’abord puis en remettant la pièce à sa bonne place. A la suite d’autres manœuvres trompeurs par Napoléon, l’automate balaya les pions de la table et reçut les compliments de l’empereur français. Napoléon perdit ensuite la deuxième partie.
Les préliminaires précédant la présentation duraient environ 25 minutes. Le mannequin de grandeur nature en costume turc était assis, appuyé au dossier d’une caisse en bois élégante. Disert et plutôt compliqué, Von Kempelen expliquait le spectacle à venir. Il présentait le grand meuble. A l’aide d’une grosse clé, décrochée de son porte-clés, il ouvrait une porte du cabinet. Un mécanisme compliqué apparaissait, composé de cylindres, engrenages, chaînes de transmission, balanciers, leviers et un enchevêtrement de tringlerie. Avec de beaux gestes il enlève sa pipe de la main du Turc. En passant, il ouvre une autre porte. Allume une bougie. L’ensemble, Turc, échiquier, cabinet – il est monté sur roues – est tourné de 180°. Le verso du Turc apparaît. Une porte arrière est déverrouillée. L’intérieur désormais visible est éclairé par une chandelle. Il n’y a rien à voir. Que du vide.
Ainsi se poursuit la présentation jusqu’à ce que le Turc à l’échiquier se trouve à nouveau face au public et que la partie d’échecs peut commencer.
Une finesse particulière.
En plein jeu, lorsque le Turc avait saisi un pion pour le placer dans une autre case, il s’immobolise. Son bras ne bouge plus. Le pion est suspendu au-dessus de l’échiquier. Von Kempelen, le présentateur, se dépêche de remonter la mécanique bruyamment et le jeu continue. Le Turc place la tour. A chaque coup on entendait les cliquetis et grincements des pignons. Des bruits de mécanique qui, contrairement à d’autres androïdes et automates, étaient les bienvenus ici puisqu’ils empêchaient les soupçons que la machine puisse être manipulée par un humain à l’intérieur.
Après la mort du baron Von Kempelen, son fils héritait le Turc à l’échiquier et le vendait finalement au mécanicien à la cour Johann Nepomuk Maelzel. Ainsi débuta un nouveau chapitre non moins spectaculaire dans l’histoire du Turc à l’échiquier.
Le 3 février 1826 Maelzel arriva avec son Turc à l’échiquier aux Etats Unis d’Amérique.
Pendant 68 ans le Turc fit son apparition dans toute l’Europe et l’ensemble des USA. L’artefact s’améliorait sans cesse. Vers la fin il savait même articuler quelques mots comme «échec» et «échec et mat». Finalement, le jeu d’échec automatique perdit son attrait et ce fût la fin de sa carrière. Le public américain était par trop habitué au show-business. Le temps de l’automate romantique était passé. Des imitations apparurent. Personne n’a jamais pu répondre à la question «Comment fonctionne le Turc à l’échiquier?».
Aussi bien en Europe qu’aux Etats Unis parurent de nombreuses publications qui cherchèrent à percer le mystère, à expliquer le fonctionnement du Turc. Une vraie solution n’a jamais été trouvée. C’est le fameux auteur américain Edgar Allan Poe qui fut le plus proche de la vérité.
Il vit le Turc en 1835 à Richmond/Virginia et publia un essai sous le titre «Le joueur d’échecs de Maelzel». Poe supposa qu’un joueur caché dans le mannequin fit bouger le bras du Turc à l’échiquier.
Nombreux furent les spéculations sur le fonctionnement du Turc. Von Kempelen avait-il vraiment créé un automate génial, égal à l’intelligence humaine? Etait-ce des forces magnétiques ou des ficelles invisibles qui animaient le mannequin? Un nain ou un enfant assis dans la caisse? Les suppositions remplirent des traités et des livres. Quoique quelques auteurs approchaient la vérité, personne n’arrivait à percer le mystère dans le détail. Le public spéculait abondamment. On écrivait, discutait, débattait.
«La fille de Maelzel se glisse dans les vêtements du Turc à l’échiquier avant la présentation». Le jour suivant le père accompagnait une très belle jeune femme, sa fille, dans la salle et la plaçait dans un fauteuil au premier rang du théâtre. Elle y restait pendant toute la durée de la présentation. Pendant que le Turc gagnait un jeu de plus. Sur plus de trois cent parties jouées, 9 finissaient par Remis, deux par Mat et toutes les autres gagnées par le Turc.
Enfin, comment fonctionnait le Turc à l’échiquier réellement?
E. A. Poe avait raison, l’armoire cachait un joueur d’échecs. Chaque séance de Van Kempelen, plus tard Maelzel, commençait par une présentation professionnelle similaire à un numéro de magie. Comme déjà dit, les animateurs étaient très éloquents et ils glissaient des feintes et distractions dans leur commentaire pour tromper le public. Les quatre images suivantes montrent les positions que le joueur interne prenait pendant cette phase d’introduction. Il n’était jamais vu par le public. Les spectateurs furent convaincus que les rayons du meuble soient remplis d’éléments mécaniques ou vides.

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Les illustrations font voir comment le joueur se positionnait à l’aide d’un siège mobile et des séparations pivotantes pour se cacher du public pendant l’ouverture des différentes portes. Des bougies jouaient un rôle important. Deux se trouvaient à côté de l’échiquier externe et une troisième servait à éclairer l’échiquier du joueur caché. L’odeur de la cire fondue pouvait donc très bien provenir des deux bougies visibles pour tout le monde. L’air à l’intérieur était enfumé et étouffant. On ne pouvait pas y tenir plus d’une heure. En fait, les parties ne duraient jamais plus longtemps.

Blkick ins Innere zwei 20160515Le joueur prend place. Il installe son échiquier devant lui. Cet échiquier spécial comporte deux trous dans chaque case. Le premier sert à positionner le pion qui est muni d’une pointe métallique en-dessous. Le deuxième est nécessaire pour poser la pièce avec précision sur l’échiquier visible, par le bras du Turc et à l’aide d’un pantographe. Un système de leviers compliqué, de la mécanique de haut niveau, permet au mannequin de déplacer les pions. Ainsi chaque pièce du jeu se situe avec précision sur sa case de l’échiquier supérieur.
Comment le joueur caché pouvait-il savoir quel coup son adversaire avait joué? Les pièces de l’échiquier supérieur contenaient un aimant puissant dans sa partie inférieure. Sous chaque case de ce même échiquier se trouvait un petit disque métallique coté armoire. Ce dernier était suspendu à un fil fin, tourné en spirale. Lorsqu’un pion venait se poser sur la case, son aimant attirait le disque vers le haut. Si la pièce était enlevée, le disque retombait et bougeait pendant quelques secondes, suspendu au fil en spirale. En observant la partie inférieure de l’échiquier il connaissait donc la position du pion. Il la copiait sur son propre échiquier et réfléchissait au contrecoup.
Le joueur pouvait communiquer avec le présentateur par un disque à chiffres. Si, par exemple, le chiffre 1 apparaissait dans le champ visible de l’extérieur, cela voulait dire «Ma bougie s’est éteinte. Fais un peu de bruit pour me permettre de la rallumer.» Le chiffre 4 affiché par le présentateur demandait au joueur «Laisse gagner l’adversaire».
Il est tout-à-fait surprenant que les hommes et les femmes qui avaient servis comme joueur pendant la carrière extraordinaire du Turc à l’échiquier, aient garde le secret si fidèlement.
Etonnant qu’ils n’aient jamais trahi l’énigme. Ceci d’autant plus qu’ils étaient nombreux, les personnes dans l’armoire qui jouaient les parties en faisant fonctionner le Turc.
En 1840 le temps du Turc à l’échiquier était passé et en 1854 il a brûlé dans l’incendie du «Musée chinois» à Philadelphie, dans un débarras.
Le développement de l’informatique jetait un doute sur la conviction créée au 19ème siècle, qu’il n’y aurait jamais de machine capable de jouer aux échecs. Cela dura jusqu’en 1997, année qui vit l’apparition des grandes calculatrices et l’évolution de l’intelligence artificielle qui rendit la chose possible. En mai 1997, le champion du monde Garri Kasparow affronta l’ordinateur «Deep Blue» IBM à Manhattan. Dans les conditions régulières des tournois avec contrôle des temps. Le champion du monde titulaire fut battu. Enfin, après plus de deux siècles, le rêve de Von Kempelen s’est réalisé, une machine capable de battre le meilleur joueur aux échecs du monde.
En mi-juin de cette année j’ai eu l’occasion de rencontrer Dominic Bieri et Altin Aliçkaj. Ces deux candidats au bac à l’école cantonale de l’oberland zurichois ont développé un robot joueur d’échecs comme travail de maturité. Leur robot ne se limite pas au raisonnement intellectuel mais il effectue aussi le mouvement de ses coups sur un échiquier réel. L’adversaire, l’homme vivant joue avec les pions blancs. Le robot répond de façon autonome, avec les noirs. Les pièces noires se déplacent sur l’échiquier comme par magie. Aussi bien la mécanique que le logiciel nécessaire ont été développés par les jeunes gens de façon autonome en partant de zéro. Au début, personne n’aurait parié sur la réussite de ce travail de baccalauréat exigeante. Mais ils l’ont réussi. Une performance formidable.

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Altin Aliçkai et Dominic Bieri au robot

Pour ma part, c’était une belle expérience de constater que le Turc à l’échiquier n’a pas perdu son pouvoir de fascination jusqu’à nos jours.

 

Source:
Tom Standage
Le Turc
L’histoire du premier automate joueur d’échecs et son voyage aventureux autour du monde.
Traduit de l’anglais par Thomas Merk et Thomas Wollemann
Editions Campus Francfort/New York
www.tomstandage.com

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Schlüssel

In Zürich regnet es in Strömen. An der Tramhaltestelle am Paradeplatz treffe ich völlig unerwartet Madeleine. Sie ist eine Bekannte aus der Luzerner Zeit. die Tochter von Freunden meiner Eltern. Wir hatten uns völlig aus den Augen verloren.
«Jeanjean wann habe ich Dich zum letzten Mal gesehen? Das sind Jahrzehnte. »
«So sehen wir uns hier wieder!
Was machst Du in Zürich? »
«Ich komme gerade aus Mallorca zurück. Da hatte ich ein Ferienerlebnis der besonderen Art. Das muss ich Dir erzählen. »
Wie wenn wir uns das letzte Mal noch vor vierzehn Tage getroffen hätten, setzt sie zu einer längeren Rede an.
«Aber nicht hier im Regen. Gehen wir ins Café Sprüngli, das ist die beste und berühmteste Konditorei in der Stadt. Tradition seit 1836! Wenn Du Lust und Zeit hast ein wenig mit mir zu plaudern. »
In der Feinbäckerei bei Kaffee und Kuchen und etwas small talk kommt Madeleine zur Sache.
«Sonntag vor vierzehn Tagen sind Hermann und ich nach Mallorca geflogen. »
«Denn Hermann ist Dein Gatte? »
«Ja, Hermann ist mein Mann. Wir haben ein schönes kleines Ferienhäuschen in Port d’Andratx. Dort angekommen stellten wir fest, dass die Vegetation sich diesen Winter stark ins Zeug gelegt hatte. Nach ein paar Tagen Gartenarbeit war alles wieder bewohnbar und wir reif zum Ausspannen. Wir sassen gerade bei einem Glas Rotwein, als Hermann einen Notruf aus Zürich bekam. Er musste zurück in die Schweiz. Gesagt getan. Ich brachte ihm zum Flughafen und genoss anschliessend meine Freiheit. Es sollte nicht allzu lange weilen.
Auf dem Rückweg erledigte ich die notwendigen Einkäufe. Mit zwei Plastiktaschen vollbeladen stand ich vor der Tür unseres Domizils und suchte den Hausschlüssel. Die gründliche Inspektion meiner Handtasche führte nicht zum Ziel. Wo ist der Hausschlüssel? Nicht im Auto. Nicht in der Jackentasche. Unauffindbar. Natürlich ist es wichtig in diesem Lande, wo viele Tagediebe herumschleichen sein Haus gut zu sichern und zu verriegeln. Ich verfluchte diese automatisch schliessenden Türen, die kaum hat man den Rücken gekehrt, ins Schloss fallen und von aussen nicht mehr geöffnet werden können. Da fällt mir ein, da liegt doch immer ein Reserveschüssel irgendwo draussen versteckt. Klar unter dem Blumentopf bei der Buganvilia. Ich hebe den Topf voller Margeriten auf. Kein Reserveschlüssel. Natürlich. Ich wollte ihn das letzte Mal nicht den ganzen Winter dort liegen lassen und habe ihn in der Besteckschublade in der Küche versorgt. Dort nützt er mir jetzt auch nichts. Ich lasse die Einkäufe stehen und mache eine Runde ums Haus. Die Küchentüre ist auch geschlossen. Ich bin ausgesperrt. Langsam steigt meine Körpertemperatur und damit meine Nervosität. Ein Kellerfenster durch dem ich ins Haus hätte schlüpfen könnten gibt es auch nicht. Das Haus hat ja gar keinen Keller. Alle Fenster im Erdgeschoss sind vorbildlich verriegelt. Und ich draussen vor! Meine Perle, meine Juanita, meine Putzfrau! Meine Putzfrau hat auch einen Schlüssel. Schnell anrufen, Juanita wohnt in Santa Ponsa keine 20 Kilometer von hier. Wo ist mein Handy? Der Akku war fast leer. Es liegt im Wohnzimmer auf dem Bücherregal und lädt sich auf. Hinter verschlossener Tür. Wenn ich nur wüsste wie Juanita auch noch heisst und wo sie wohnt. Ich könnte sie von irgendeiner Telefonkabine anrufen. Nur ist die Nummer in meinem Telefonino gespeichert und nicht in meinem Kopf. Ich spüre wie die Hysterie sich nähert. Durchatmen, nachdenken.
Normale Menschen geben oft einen zweiten Schlüssel einem vertrauenswürdigen Nachbarn.
Wir nicht. Sind wir nicht normal oder haben wir keinen Nachbar. Natürlich haben wir einen Nachbarn. Zwei Häuschen weiter südlich wohnen Obermeyers, ein österreichisches Rentnerpaar, bei welchem Juanita auch für Ordnung und Sauberkeit sorgt. Die Leutchen sind schon alt. Franz-Joseph, der Ehemann hat die Neunzig weit überschritten und Marie-Antoinette, seine Angetraute nähert sich schon verdächtig dem neunten runden Geburtstag. Darüber hinaus ist Franz-Joseph schwer hörbehindert. Was sage ich, er ist so taub wie eine Giesskanne. Als er mich erblickt, strahlt er mich an. Kaum habe ich ihn begrüsst, steht auch schon Marie-Antoinette in der Tür.
‘Madeleine, welche Freude, wie lange bist Du schon in Mallorca? ’
‘Seit Sonntag vor zwei Wochen. Hör zu Maninette, ich habe ein Problem. ’So gut es geht versuche ich ihr zu erklären, wie sie mir helfen könnte. Einfach nur Juanita anrufen. Sie strahlt mich an.
‘Seit wann bist Du wieder in Mallorca? ’
Mutter Gottes, was habe ich Dir angetan, dass Du mich so im Stich lässt.
‘Seit zwei Wochen. Hast Du die Nummer von Juanita? ’
So geht das eine Viertelstunde weiter. Meine Geduld wird arg strapaziert. Auf einmal kommt Franz-Joseph aus der Küche zurück und drückt seiner Frau ein Mobiltelefon in die Hand. Ich weiss nicht warum und wieso sie plötzlich begriffen hat um was es geht. Sie stellt die Verbindung her und gibt mir ihr Handy. Der Himmel sei Dank, Juanita ist zu Hause.
‘Si señora, estoy con la tecla!’
Nach einer weiteren halben Stunde Dialog mit einem Tauben und einer Dementen rollte ein alter SEAT heran, darinnen Juanita.
So muss man sich im Paradies fühlen, wenn Petrus die Himmelspforte öffnet. Ich drehe mit Juanitas Schlüssel mein Schloss auf. Wieder zuhause. Ruhe und Ordnung. Minou die Katze liegt, verbotenerweise zwar, auf dem Sofa und schnurrt. Auf dem Büchergestell blinkt mein Handy mit aufgeladenem Akku. Im Gang liegt mein Schlüsselbund auf der Kommode und in der Besteckschublade in der Küche befindet sich der Reserveschlüssel. Ich sacke in den Fernsehsessel von Hermann. Nach zwei Atemzügen springe ich auf ‘Jetzt brauch ich eine Kuba-Libre! ’ Coca-Cola hat’s im Kühlschrank. Rhum im Weingestell. Ein grosser Schluck und noch ein zweiter. Die Erde hat mich wieder. »

Ihr Kaffee, im Sprüngli ist kalt geworden und auch der Kuchen ist nur zur Hälfte gegessen. Nach einem kräftigen Schluck kalten Kaffees grinst sie mich an. Ich grinse zurück. Fürwahr ein Ferienerlebnis der besonderen Art an einem regnerischen Frühlingstag in Zürich.

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Clé

La pluie tombe à verse sur Zürich. A l’arrêt du tramway de Paradeplatz j’ai la surprise de voir Madeleine, une vieille connaissance du temps de Lucerne. La fille d’amis de mes parents. Nous nous sommes perdus de vue depuis longtemps

  • Jeanjean, quand nous sommes-nous vus la dernière fois? Cela doit dater de plusieurs dizaines d’années.
  • Ainsi nous nous revoyons ici! Que fais-tu à Zürich?
  • Je viens d’arriver de Majorque. J’y ai vécu une histoire cocasse que je dois te raconter.
    Voyant qu’elle était prête à se lancer dans son récit comme si nous nous étions vus la dernière fois il y a quinze jours, j’ai suggéré
  • mais pas ici sous la pluie. Allons plutôt au café Sprüngli, la meilleure pâtisserie de Zürich, réputée pour la fidélité à sa tradition depuis 1836. Si toutefois tu es disposée à passer un moment avec moi.
    Une fois installés devant cafés et gâteaux et passées les politesses d’usage, Madeleine revient à son histoire.
  • Le dimanche d’il y a quinze jours nous nous sommes envolés pour Majorque, Hermann et moi.
  • Hermann étant ton époux?
  • Oui, c’est mon mari. Nous possédons une charmante résidence secondaire à Port d’Antratx. Arrivés sur place, nous constations que la végétation s’était largement épanouie pendant l’hiver. Après quelques jours de jardinage, le lieu était à nouveau habitable et nous-mêmes mûrs pour un séjour de détente. Alors que nous étions agréablement installés devant un verre de vin rouge, Hermann reçut un appel urgent de Zürich. Il fallait qu’il retourne en Suisse. Je l’ai déposé à l’aéroport et me réjouissais de ma liberté. Une joie qui ne devait pas durer.
    Sur le chemin de retour je fis les courses qui s’imposaient. Chargée de deux sacs pleins de nourriture je me trouvais devant la porte de notre domicile en cherchant ma clé de la maison. La recherche dans mon sac à main n’aboutit pas. Où est la clé de la maison? Pas dans la voiture. Pas dans mes poches non plus. Introuvable. Dans ce pays où traînent de nombreux fainéants, il faut qu’on prenne ses précautions en fermant la maison consciencieusement. Je maudissais ces portes automatiques qui, à peine le dos tourné, se ferment et ne peuvent plus s’ouvrir de l’extérieur sans clé. Tout à coup je me souvins d’avoir caché une clé de réserve quelque part près de la maison. Bien sûr, sous le pot de fleurs à côté des Bougainvilliers. Je soulève le pot plein de marguerites. Pas de clé de réserve. Normal, puisque lors de notre dernier passage je ne voulais pas la laisser traîner pendant tout l’hiver et l’ai rangé dans le tiroir à couverts à la cuisine. Où elle ne me sert à rien en l’occurrence. Je pose les achats et fais le tour de la maison. La porte de la cuisine est fermée aussi. Je suis décidément empêchée d’entrer. Ma température commence à grimper et ma nervosité avec elle. Il n’y a pas de fenêtre de cave non plus par laquelle j’aurais pu me glisser. Pour la bonne raison que la maison n’a pas de cave. Toutes les fenêtres du rez-de-chaussée sont verrouillées de façon exemplaire! Et mois dehors! Ma perle, ma Juanita, ma femme de ménage! Elle possède également une clé. L’appeler rapidement. Elle habite Santa Ponsa à moins de 20 kilomètres. Où est mon téléphone mobile? Sa batterie ayant été presque vide, elle est en train de se recharger sur la bibliothèque -derrière les portes closes. Si seulement je connaissais son nom de famille et son adresse, je pourrais l’appeler d’une cabine téléphonique. Mais son numéro de téléphone est enregistré dans le portable et pas dans ma tête. Je sens que l’hystérie s’approche. Respirer, réfléchir.
    Les gens normaux confient souvent une deuxième clé à un voisin fiable.
    Pas nous. Ne sommes-nous pas normaux ou n’avons-nous pas de voisin? Evidemment que nous avons un voisin. Deux maisons plus au sud habitent les Obermeyer, un couple d’autrichiens chez lequel Juanita fait également régner ordre et propreté. Les braves gens sont bien âgés. Franz-Joseph, le mari, a largement passé les nonante ans et son épouse Marie-Antoinette s’approche gaiement de la neuvième décennie. De plus, Franz-Joseph est handicapé auditif. Que dis-je, il est sourd comme un pot. Me voyant, il rayonne de joie. Le temps de le saluer, Marie-Antoinette se présente à la porte.
  • Quelle joie de te voir, Madeleine. Depuis quand es-tu arrivée à Majorque?
  • Depuis dimanche il y a deux semaines. Voilà Marinette, j’ai un problème.
    J’essaie de lui expliquer comment elle pourrait m’aider. Juste en appelant Juanita. Elle me sourit de tout son visage.
  • Depuis quand es-tu revenue à Majorque?? Qu’est-ce-que j’ai fait au bon dieu pour que tu me délaisses de la sorte?.
  • Depuis deux semaines. As-tu le numéro de Juanita?
    Et ainsi de suite pendant un quart d’heure. Ma patience est mise à rude épreuve. Soudainement Franz Joseph revient de la cuisine et met un téléphone mobile dans la main de son épouse. J’ignore pourquoi elle a brusquement saisi la situation. Elle compose le numéro et me passe son portable. Grâce au ciel Juanita est chez elle.
  • Si señora, estoy con la tecla.
    Après une autre demi-heure passée avec un sourd et une démente, une vieille SEAT approche avec Juanita à son bord.
    C’est ainsi qu’on doit se sentir à l’approche du paradis, quand Saint Pierre s’apprête à ouvrir la porte céleste. Je tourne la clé de Juanita dans la serrure de ma porte terrestre. De retour à la maison. Ordre et calme règnent. La chatte Minou est couchée, quoique illicitement, sur le canapé et ronronne. Mon téléphone portable clignote sur la bibliothèque, la pile rechargée à bloc. Les clés sont sur la commode dans le couloir et la clé de réserve dans le tiroir des couverts à la cuisine. Je me laisse tomber dans le fauteuil de télévision de Hermann. Après deux respirations je me relève «Il me faut un Cuba-libre!» Le Coca-Cola est dans le frigo et le rhum dans le porte-bouteilles. Une grande gorgée, puis une deuxième. Je me retrouve sur terre.
    Chez Sprüngli le café a refroidi et le gâteau n’est mangé qu’à moitié. Après une bonne gorgée de café froid elle me sourit. Je ricane en retour. Décidément une histoire de vacances cocasse un jour de printemps pluvieux à Zürich.

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